Le comité d'experts sur les sciences de la biodiversité demande une vision
audacieuse
OTTAWA, le 18 nov. /CNW/ - Le Canada doit se doter d'une vision audacieuse pour pleinement comprendre ses ressources en biodiversité. Voilà une des constatations clés à laquelle sont arrivés 14 éminents experts rassemblés par le Conseil des académies canadiennes dans le but d'évaluer l'état et les tendances en taxonomie (la science qui découvre, distingue, classifie et documente les êtres vivants) au Canada. Leur rapport, lancé aujourd'hui, expose la réalité suivante : le fait de ne pas réussir à comprendre la biodiversité canadienne pourrait avoir d'importantes conséquences pour les écosystèmes, le potentiel d'innovation et la société.
"La taxonomie est le fondement même des sciences de la biodiversité dans la mesure où les avancées s'édifient sur la découverte et l'identification exacte des espèces, a affirmé Monsieur Lovejoy, président du comité d'experts. Le Canada peut être fier des contributions de calibre mondial qu'il a faites au fil des ans dans le domaine de la recherche taxonomique. Et même s'il existe toujours d'importantes lacunes dans le système canadien, le Canada a la possibilité devenir un chef de file à l'échelle internationale et d'aller de l'avant avec une initiative majeure en taxonomie."
La première étape est d'assurer la mise en place de l'expertise nécessaire pour s'attaquer aux questions environnementales, dont les espèces envahissantes. Au cours des dernières années, des espèces comme les moulées zébrées et l'argile du frêne ont coûté des milliards de dollars à l'Amérique du Nord. Une solide capacité en taxonomie est essentielle pour intercepter et éradiquer ces espèces avant qu'elles n'aient l'occasion de s'implanter. De plus, la recherche taxonomique contribue au développement économique dans le secteur des ressources renouvelables et dans le domaine émergent des bioproduits (p. ex., les biocarburants, les biofibres).
Les données semblent indiquer qu'il existe à l'heure actuelle moins d'occasions de formation qu'auparavant, que les ouvertures de postes se font rares et que les niveaux de financement de la recherche stagnent. Par conséquent, les contributions internationales du Canada aux nouvelles descriptions d'espèces ont chuté, faisant chuter le pays du 6e rang qu'il occupait pendant les années 1980 au 14e, dans les années 2000. Le comité d'experts a également constaté que bien que le Canada dispose d'impressionnantes collections de spécimens, de même que d'une infrastructure numérique robuste, la plupart des renseignements sont enfermés dans des placards plutôt que d'être accessibles en ligne. Il s'ensuit que les initiatives de partage des données du Canada font piètre figure à l'échelle mondiale. Environ 80 pour 100 des informations en ligne portant sur la biodiversité canadienne proviennent de sources situées à l'extérieur du Canada.
Les collections canadiennes disposent de plus de 50 millions de spécimens, évaluées au bas mot à plus d'un quart de milliard de dollars. Or une capacité de conservation inadéquate, des installations vieillissantes et l'absence d'une stratégie et de normes nationales font en sorte que le Canada risque, à terme, de voir disparaître des informations essentielles à la compréhension des changements qui surviennent dans la biodiversité. Ces informations sont essentielles à la prise de décisions éclairées en matière de politiques publiques et de gestion.
"L'évaluation du comité d'experts est le rapport le plus exhaustif et à jour qui soit sur l'expertise taxonomique et les collections de biodiversité du Canada", a affirmé Madame Elizabeth Dowdeswell, présidente du Conseil des académies canadiennes. "Je me réjouis à l'idée de discuter des constatations du rapport lorsque nous accueillerons Monsieur Lovejoy à Ottawa, le 29 novembre prochain, alors qu'il participera à un atelier sur l'avenir de la taxonomie canadienne. Cet événement lancera un important débat sur les possibilités et les défis qui ont été identifiés dans le rapport du comité d'experts, y compris une vision pour le Canada."
Pour de plus amples renseignements, ou pour télécharger un exemplaire gratuit du rapport, soit en français, soit en anglais, veuillez vous rendre au site www.sciencepourlepublic.ca/ biodiversite.
À propos du Conseil des académies canadiennes
Le Conseil des académies canadiennes (CAC) est un organisme indépendant à but non lucratif fondé en 2005. Le CAC soutient des évaluations (études) scientifiques, effectuées par des experts, qui alimentent l'élaboration de politiques publiques au Canada. Ces évaluations sont confiées à des comités multidisciplinaires composés d'experts de tout le Canada et de l'étranger. Ces comités du CAC sont triés sur le volet; ses membres y siègent à titre de bénévoles et plusieurs sont membres des académies fondatrices du CAC - la SRC : Les Académies des arts, des lettres et des sciences du Canada, l'Académie canadienne du génie et l'Académie canadienne des sciences de la santé. Les rapports du CAC sont publiés et disponibles sans frais, en français comme en anglais. Pour de plus amples renseignements, veuillez visiter le site Web du CAC à l'adresse www.sciencepourlepublic.ca.
Article de Fond Rapport du comité d'experts sur les sciences de la biodiversité La taxonomie canadienne : explorer la biodiversité, créer des possibilités
En 2009, le ministre du Patrimoine canadien, au nom du Musée canadien de la nature, a soumis la question suivante au Conseil des académies canadiennes (CAC) : Quels sont l'état et les tendances de la biodiversité au Canada? Sommes-nous outillés pour comprendre les défis que présentent nos ressources en biodiversité?
Le CAC a donc chargé un groupe multidisciplinaire composé de 14 experts canadiens et étrangers de se pencher sur cette question, sous la présidence de Monsieur Thomas E. Lovejoy, titulaire de la chaire de recherche en biodiversité au Centre Heinz pour la science, l'économie et l'environnement. Le comité d'experts s'est réuni à différentes reprises pendant une période de 12 mois afin de produire un rapport détaillé et fondé sur les preuves intitulé La taxonomie canadienne : explorer la biodiversité, créer des possibilités.
Le comité d'experts s'est penché tout particulièrement sur l'état de la taxonomie au Canada. La taxonomie, la science qui découvre, distingue, classifie et documente les êtres vivants. À ce titre, la taxonomie est au cœur de la recherche en biodiversité et de la compréhension que nous avons du monde qui nous entoure.
Le rapport du comité d'experts porte sur trois domaines clés : l'expertise taxonomique du Canada; l'état des collections de la biodiversité; et la capacité du Canada sur le plan du partage de données. Après avoir passé en revue les données liées à chacun de ces domaines, le comité d'experts a conclu que le Canada n'est pas encore outillé pour pleinement comprendre les défis que présentent nos ressources en biodiversité.
Expertise taxonomique - Malgré les contributions passées de calibre mondial du Canada à la recherche taxonomique, le constat que fait le comité d'experts dans ce domaine est préoccupant, et ce, d'autant plus que l'expertise taxonomique se perd en raison d'occasions de formation réduites, et parce que les ouvertures de postes se font rares et que les fonds de recherche stagnent. Cela dit, les étudiants continuent de vouloir être formés en taxonomie et y faire carrière. Si on permet à cet écart de l'expertise de continuer de s'accroître, le Canada risque de faire face à deux problématiques : l'identification erronée des espèces envahissantes et l'inexactitude des informations concernant leur propagation et leur potentiel de nuire aux environnements d'accueil. De plus, le Canada pourrait également ne plus être en mesure d'évaluer le déclin de certaines espèces indigènes.
État des collections - Les collections canadiennes comptent plus de 50 millions de spécimens et le comité d'experts est d'avis qu'au bas mot, leur valeur pécuniaire dépasse le quart de milliard de dollars. Le comité d'experts estime que le Canada risque, à terme, de voir disparaître des informations essentielles à la compréhension des changements qui surviennent dans la biodiversité ainsi que sa capacité de prendre des décisions éclairées en matière de politiques publiques, en raison de l'état de certaines des collections biologiques du Canada et de l'absence d'une stratégie et de normes nationales régissant ces collections.
Partage des données - Bien que le Canada dispose d'impressionnantes collections de spécimens et d'une infrastructure numérique robuste, la plupart des renseignements sont enfermés dans des placards plutôt que d'être accessibles en ligne. Les initiatives de partage des données du Canada font piètre figure à l'échelle mondiale, comme en témoigne son faible taux de participation au Système mondial d'information sur la biodiversité (SMIB). Environ 80 pour cent des informations en ligne portant sur la biodiversité canadiennes proviennent de sources situées à l'extérieur du Canada. Cette lacune sur le plan des connaissances signifie qu'au Canada, les décisions relatives aux politiques publiques en matière de gestion des ressources de la biodiversité risquent d'être fondées sur des données inadéquates, ce qui pourrait avoir d'importantes conséquences sur l'économie du pays comme sur le bien-être des Canadiens.
Le comité d'experts estime que cette évaluation est le rapport le plus exhaustif et à jour qui soit sur l'état et les tendances en taxonomie au Canada. Ce comité en est arrivé à ses constats par le biais d'une série de rencontres, d'un appel public d'information, d'un travail de recherche, ainsi que d'une enquête en ligne sur l'expertise taxonomique au Canada et une autre sur les collections biologiques. Comme c'est le cas pour tous les rapports du CAC, cette évaluation a été assujettie à un processus rigoureux conçu à en préserver l'indépendance. Le commanditaire (le Musée canadien de la nature) n'a pas participé au processus d'évaluation, n'a pas vu les ébauches du rapport et n'y a pas proposé de changements avant la publication. Ce rapport a fait l'objet d'une évaluation formelle par des pairs pour en assurer la qualité et l'objectivité.
Le rapport du comité d'experts est téléchargeable en français et en anglais depuis le site Web du CAC : www.sciencepourlepublic.ca.
Le comité d'experts sur les sciences de la biodiversité
Thomas E. Lovejoy (président), chaire de recherche en biodiversité, Centre Heinz pour la science, l'économie et l'environnement, Washington D.C.
Luc Brouillet, professeur titulaire et conservateur de l'Herbier Marie-Victorin, Institut de recherche en biologie végétale, Université de Montréal, Québec
W. Ford Doolittle, MSRC, professeur, Université Dalhousie, Halifax, Nouvelle-Écosse
Andrew Gonzalez, professeur et titulaire de la chaire de recherche du Canada en biodiversité, et directeur du Centre de la science de la biodiversité, Université McGill, Montréal, Québec
David M. Green, professeur et directeur, Musée Redpath, Université McGill, Montréal, Québec
Peter Hall, agrégé de recherche honoraire, Agriculture et Agroalimentaire Canada (retraité), Ottawa Ontario
Paul Hebert, MSRC, professeur et directeur, Institut de la biodiversité de l'Ontario, Université de Guelph, Ontario
Thora Martina Herrmann, professeure et titulaire de la chaire de recherché du Canada en ethnoécologie et conservation de la biodiversité, Université de Montréal, Québec
Douglas Hyde, directeur général, NatureServe Canada, Ottawa, Ontario
Jihyun Lee, agente des affaires environnementales pour la biodiversité marine et côtière et pour l'approche écosystémique, Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique du Programme des Nations Unies pour l'environnement, Montréal, Québec
Wayne P. Maddison, professeur et titulaire d'une chaire de recherche du Canada en biodiversité et systématique et directeur du Musée Beaty de la biodiversité, Université de la Colombie-Britannique, Vancouver
Sarah P. Otto, MSRC, professeure et directrice du Centre de recherche sur la biodiversité, Université de la Colombie-Britannique, Vancouver
Felix Sperling, professeur et conservateur au Musée d'entomologie E.H. Strickland, Université de l'Alberta, Edmonton
R. Paul Thompson, professeur, Université de Toronto, Ontario
Renseignements: Cate Meechan, Directrice des communications, Conseil des académies canadiennes, 613 567-5000, poste 228, [email protected]
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