Le commissaire aux langues officielles demande au gouvernement fédéral de remédier à la pénurie nationale d'enseignants de français langue seconde English
VANCOUVER, le 13 févr. 2019 /CNW/ - Dans une étude publiée aujourd'hui, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, demande à la ministre des Langues officielles d'établir une stratégie nationale pour remédier à une pénurie chronique d'enseignants de français langue seconde (FLS).
« Plus que jamais, les Canadiens veulent que leurs enfants profitent des avantages liés au bilinguisme. Toutefois, le Canada connaît parallèlement une grave pénurie chronique d'enseignants de FLS », a affirmé le commissaire Théberge. « Peu importe où ils demeurent, tous les jeunes Canadiens devraient avoir l'occasion de devenir bilingues. »
Le gouvernement fédéral souhaite faire passer de 17,9 % à 20 % le taux de bilinguisme au Canada d'ici 2036, ce qu'il prévoit faire en augmentant le taux de bilinguisme chez les anglophones. Pour atteindre cet objectif louable, il faudra cependant, selon l'étude, mettre l'accent sur le recrutement et sur le maintien en poste des enseignants de FLS.
« Pour répondre à la demande en éducation en FLS, il faut mettre l'accent sur les enseignants », a expliqué le commissaire Théberge. « Je demande donc à la ministre des Langues officielles d'assurer un leadership clair à l'échelle nationale pour remédier à la pénurie chronique d'enseignants de FLS au Canada. Une telle approche aidera également le gouvernement à atteindre sa cible en matière de bilinguisme. »
Les provinces et les territoires font face à des difficultés communes en ce qui concerne le recrutement et le maintien en poste des enseignants de FLS. Certains de ces enseignants affirment qu'ils ont un statut inférieur dans des écoles et qu'ils manquent d'occasions de perfectionnement professionnel, ce qui peut les amener à délaisser l'enseignement du FLS au profit de l'enseignement en l'anglais. En outre, la standardisation insuffisante des compétences requises au Canada restreint la capacité des enseignants de FLS à travailler dans différentes régions du pays.
Certaines difficultés sont propres à une province. La Colombie-Britannique éprouve de la difficulté à attirer des enseignants de FLS dans ses villes éloignées et ses centres urbains en raison, respectivement, de leur emplacement et du coût de la vie élevé. Les difficultés de la province à répondre à la forte demande pour ses programmes de FLS, en particulier ceux d'immersion en français, se traduisent par des listes d'attente et des systèmes de loterie. Parallèlement, la Colombie-Britannique a mis en œuvre des stratégies novatrices qui pourraient être reproduites à l'échelle du pays pour promouvoir les carrières du domaine de l'éducation et accroître le nombre d'enseignants de français.
Outre établir une stratégie nationale à long terme pour le recrutement et le maintien en poste des enseignants de FLS, l'étude comprend d'autres recommandations clés, notamment :
- mettre sur pied une table de consultation nationale sur le FLS en collaboration avec les partenaires provinciaux et territoriaux ainsi que les associations d'intervenants du domaine;
- standardiser les capacités langagières et les compétences requises pour enseigner le FLS au Canada;
- veiller à l'allocation opportune et efficace des fonds prévus pour le recrutement et le maintien en poste des enseignants de FLS dans le Plan d'action pour les langues officielles - 2018-2023;
- explorer la possibilité d'octroyer, dans le cadre du Plan d'action pour les langues officielles - 2018-2023, des bourses aux étudiants en enseignement qui souhaitent améliorer leurs compétences en français et étudier dans d'autres régions du pays (p. ex. dans les facultés d'éducation qui n'ont pas accordé toutes les places offertes dans leur programme de formation en enseignement du FLS).
Le commissaire a reconnu que les fonds prévus pour des stratégies de recrutement d'enseignants de FLS dans le Plan d'action pour les langues officielles du gouvernement constituent un pas dans la bonne direction, mais a affirmé qu'une stratégie nationale à long terme est requise afin de former un bassin suffisant d'enseignants. Atteindre des résultats durables nécessitera une collaboration accrue, et ce, tant entre les provinces et les territoires qu'entre les ministères, les facultés d'éducation des universités et les conseils scolaires.
« Les stratégies mises en œuvre maintenant bénéficieront à toute une génération d'apprenants d'une langue seconde. La ministre, de pair avec les provinces et les territoires, doit chercher des solutions durables en ce qui concerne le recrutement et le maintien en poste des enseignants de FLS en vue de favoriser l'augmentation du bilinguisme au Canada », a affirmé le commissaire Théberge.
RECOMMANDATIONS
Après avoir examiné les constatations et l'analyse de l'étude, et dans le cadre de son mandat qui consiste à promouvoir le français et l'anglais au sein de la société canadienne et, plus particulièrement, à encourager les institutions fédérales à contribuer à cette promotion, le commissaire aux langues officielles recommande que le ministre fédéral responsable des langues officielles joue un rôle clair de leader à l'échelle nationale pour remédier aux difficultés liées à l'offre et à la demande d'enseignants en FLS. Le ministre devrait également continuer de travailler avec les provinces, les territoires et les intervenants communautaires en vue de déterminer les stratégies et mesures optimales afin d'attirer plus d'étudiants dans les programmes de formation en enseignement du FLS et de maintenir en poste les enseignants en FLS.
Plus précisément, le ministre devrait : |
De plus, le commissaire invite le ministre à : |
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Enseignants en FLS : défis dans l'ensemble du Canada
Canada atlantique |
Au Nouveau-Brunswick, le retour de l'immersion précoce en français à la première année, en septembre 2017, a été bien accueilli, mais a eu une incidence importante sur les effectifs des écoles. Malgré les efforts de recrutement, la pénurie d'enseignants et de suppléants qualifiés se fait sentir au sein du système scolaire de la province depuis ce changement.
Actuellement, la Nouvelle-Écosse ne semble pas avoir de difficultés à recruter des finissants qualifiés des programmes d'études en FLS pour pourvoir aux postes vacants. Cependant, le bassin de suppléants qualifiés en FLS est limité.
À Terre-Neuve-et-Labrador, les programmes de FLS sont rares dans les régions rurales et certaines écoles n'offrent pas la possibilité de commencer l'immersion en maternelle. Des compressions à la pièce dans les programmes de FLS ont réduit le nombre de programmes offerts.
À l'Île-du-Prince-Édouard, un grand nombre d'élèves par classe et un manque de matériel et de ressources en FLS ont une incidence sur le recrutement et le maintien en poste des enseignants de FLS.
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Québec |
Au Québec, les enseignants de FLS demeurent très recherchés par les conseils scolaires francophones et anglophones. Les conseils scolaires francophones doivent offrir des cours de FLS aux enfants immigrants et réfugiés pour les aider à atteindre le niveau de compétence linguistique requis en français. Les conseils scolaires francophones et anglophones offrent également une formation en français aux immigrants et aux réfugiés adultes afin de faciliter leur intégration à la société et à la population active du Québec. D'autres établissements d'enseignement, comme les universités et les cégeps, et les organismes communautaires qui offrent des cours de FLS, sont aussi à la recherche d'enseignants de FLS.
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Ontario |
L'Ontario éprouve de la difficulté à attirer des enseignants de FLS dans ses villes éloignées et ses centres urbains en raison, respectivement, de leur emplacement et du coût de la vie élevé. Pour surmonter ses difficultés à répondre à la forte demande pour ses programmes de FLS, en particulier ceux d'immersion en français, la province a pris des mesures pour attirer des enseignants francophones qualifiés de l'étranger et pour accélérer leur entrée au pays.
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L'Ouest canadien et le Nord |
La Colombie-Britannique éprouve de la difficulté à attirer des enseignants de FLS dans ses villes éloignées et ses centres urbains en raison, respectivement, de leur emplacement et du coût de la vie élevé. Les difficultés de la province à répondre à la forte demande pour ses programmes de FLS, en particulier ceux d'immersion en français, se traduisent par des listes d'attente et des systèmes de loterie. Parallèlement, la Colombie-Britannique a mis en œuvre des stratégies novatrices qui pourraient être reproduites à l'échelle du pays pour promouvoir les carrières du domaine de l'éducation et accroître le nombre d'enseignants de français.
En Alberta, le nombre d'enseignants de FLS n'augmente pas au même rythme que la demande. Dans les régions urbaines en particulier, les enseignants de FLS sont plus recherchés que les enseignants d'autres matières. Certains conseils scolaires remédient à ce problème en embauchant des enseignements d'autres provinces.
En Saskatchewan, les taux d'inscription aux classes de français de base sont en baisse, tandis que les taux d'inscription aux programmes d'immersion en français sont en hausse. Il est de plus en plus difficile de recruter suffisamment d'enseignants de FLS alors que l'intérêt pour les programmes d'immersion française croît, ce qui fait en sorte que les conseils scolaires se font concurrence pour les ressources. Le programme de baccalauréat en éducation offert par l'Université de Regina contribue en partie à pallier l'insuffisance en recrutant des étudiants et en produisant une nouvelle cohorte d'enseignants francophones chaque année.
Les programmes d'immersion en français ont toujours été très populaires au Manitoba. Cependant, la province éprouve tout de même de la difficulté à attirer et à maintenir en poste suffisamment d'enseignants de FLS pour répondre aux besoins croissants. Certaines des communautés rurales et nordiques du Manitoba peinent à offrir aux élèves suffisamment d'heures de cours en français pour qu'ils puissent obtenir un diplôme en immersion française.
Des difficultés liées au recrutement et au maintien en poste des enseignants de FLS continuent de poser des problèmes dans le Nord, ce qui nuit à la croissance des programmes de FLS. Les problèmes sont notamment attribuables à l'emplacement éloigné des communautés et de leurs écoles.
Heureusement, le ministère de l'Éducation du Yukon reconnaît les avantages du bilinguisme au Canada et a mis en œuvre un plan pour les programmes de langue seconde du territoire.
Les Territoires du Nord-Ouest connaissent aussi des difficultés alors qu'ils tentent d'attirer et de maintenir en poste des enseignants de FLS et que la demande ne cesse d'augmenter. La formation locale pourrait être la solution à ce problème continu et bénéficierait à toutes les communautés.
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SOURCE Commissariat aux langues officielles
Antonia Papadakou, Gestionnaire, Affaires publiques, Commissariat aux langues officielles, Téléphone : 819-420-4879, Numéro sans frais : 1-877-996-6368, Cellulaire : 613-808-9499, Courriel : [email protected]
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