Le CPM s'insurge contre la levée du plafond des ristournes aux pharmaciens et s'inquiète de ses répercussions sur les patients
MONTRÉAL, le 19 janv. 2017 /CNW/ - À dix jours du déplafonnement complet des ristournes versées par les fabricants de médicaments génériques aux pharmaciens, le Conseil pour la protection des malades est alarmé des lourdes répercussions que cette décision aura sur les patients et demande au ministère de la Santé de revoir sa position dans les plus brefs délais.
À compter du 28 janvier prochain, le règlement sur les avantages autorisés aux pharmaciens n'imposera aucune limite quant aux ristournes que leur versent les fabricants de médicaments génériques. La limite, actuellement fixée à 30 pour cent, a été doublée au cours des derniers mois pour permettre aux pharmaciens de compenser la perte de certains honoraires dans le dossier des frais accessoires.
Cette levée du plafond des ristournes donne lieu à d'intenses tractations entre les pharmaciens et les fabricants de médicaments génériques, ayant pour fâcheuse conséquence la priorisation des intérêts commerciaux des pharmaciens au détriment des intérêts des patients. Ainsi, les pharmaciens viseraient à obtenir le maximum en ristournes des fabricants alors que ces derniers tenteront de dominer le marché par l'achat de la clientèle du plus grand nombre de pharmaciens.
Cette opération crée un grand perdant, le patient, qui risque fort de voir la marque et provenance de ses médicaments d'ordonnance changer au fil des efforts du pharmacien souhaitant obtenir davantage en ristournes ou cédant aux offres continues des divers fabricants. Ce risque a d'ailleurs été dénoncé par l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) devant la commission parlementaire responsable d'étudier le projet de loi 81 qui propose des appels d'offres pour les médicaments remboursés par la RAMQ. L'Association y affirmait que les médicaments génériques ne sont pas tous identiques entre eux. Les changements de médicaments provoquent de l'insécurité et peuvent affecter l'observance et la fidélité au traitement. L'AQPP ajoutait même : « D'ailleurs, des changements répétés de marques de médicaments pour un patient ne sont ni favorables ni souhaitables au maintien d'une relation de confiance entre le patient et son pharmacien. »1
D'ailleurs, des changements répétés de marques de médicament pour un patient ne sont ni favorables ni souhaitables au maintien d'une relation de confiance entre le patient et son pharmacien. Qui plus est, dans le cas de médicaments visés par un appel d'offres, le choix du médicament ne serait plus, ni celui du pharmacien, ni celui du patient.
Constater qu'un professionnel tire une partie importante de ses revenus de ristournes sur ses achats plutôt qu'exclusivement sur ses honoraires soulève toutes sortes de questions pratiques et éthiques. Dans le cas qui nous occupe, la levée du plafond mènera à un enrichissement indécent des pharmaciens par rapport à ce que vivent leurs patients.
« Notre priorité, c'est l'intérêt des patients. Il est essentiel et même vital que les pharmaciens pratiquent dans un contexte tenant compte du seul intérêt des patients », affirme Me Paul Brunet, président du CPM. « Les pharmaciens doivent recevoir des honoraires justes pour les services et les soins qu'ils prodiguent aux patients. Ils ne devraient pas avoir à choisir entre leurs intérêts commerciaux et ceux de leurs patients. »
Le CPM trouve inconcevable de forcer les professionnels de la santé à compenser les pertes dans leur rémunération par le déplafonnement des ristournes provenant de l'industrie. Les pharmaciens ont demandé eux-mêmes au gouvernement d'abolir les ristournes2.
Qu'attend le ministre pour abolir complètement les ristournes comme l'a fait l'Ontario et revoir la rémunération des pharmaciens de sorte à mettre le patient au centre des intérêts?
À propos du Conseil pour la protection des malades
Le CPM est un organisme privé, sans but lucratif, voué depuis bientôt 50 ans à la protection et à la défense des droits des usagers du réseau de la santé et des services sociaux. Le CPM regroupe de nombreux comités des usagers et de résidents implantés au sein d'établissements de santé et de services sociaux situés aux quatre coins de la province, lesquels représentent plus de la moitié de tous les usagers québécois du réseau de la santé.
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1Mémoire de l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires présenté à la commission parlementaire de la Santé sur le projet de loi No 81 prévoyant des appels d'offres pour l'acquisition de certains médicaments, mars 2016, p. 15
2Texte signé de Jean Thiffault, président de l'AQPP, publié dans Le Soleil, édition du 1er décembre 2016 dans la rubrique Point de vue.
Web : www.cpm.qc.ca
SOURCE Conseil pour la protection des malades
Me Paul G. Brunet, m.a.p., Président-directeur général, Conseil pour la protection des malades, Médias : (514) 592-0127, Téléphone : (514) 861-5922 - sans frais : 1877.CPM.AIDE, Courriel : [email protected]
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