Le gouvernement fédéral se prive de 30 G$ de revenus annuels et préfère des coupures improductives
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INSTITUT DE RECHERCHE ET D'INFORMATIONS SOCIO-ECONOMIQUE (IRIS)29 mars, 2012, 16:25 ET
MONTRÉAL, le 29 mars 2012 /CNW Telbec/ - Le gouvernement du Canada se prive volontairement de 30 G$ de revenus par année tout en imposant des économies improductives dans plusieurs secteurs de la fonction publique fédérale. L'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) déplore par ailleurs la fin du caractère universel de la sécurité de la vieillesse.
« Dans son budget, le gouvernement fédéral admet qu'il n'a aucune intention de retourner au niveau de revenus fiscaux qui précédaient la récession. En effet, alors qu'en 2006-2007 les revenus de l'État fédéraux représentaient 16,3 % du PIB, après la crise et les réductions d'impôts, ils sont désormais à 14,6% du PIB. Dans ses prévisions portant jusqu'à 2017, le gouvernement ne prévoit jamais retourner au niveau de revenus de 2006-2007, même si rattraper ce niveau de revenus rapporterait 30 G$ de dollars au trésor public. Pour atteindre l'équilibre budgétaire il choisit plutôt de faire des économies improductives et de compter sur la consommation des ménages pourtant déjà lourdement endettés », affirme Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l'IRIS.
« Du côté des coupures on constate une série de réductions qui feront très mal à certains secteurs de la fonction publique, sans pour autant rapporter beaucoup au gouvernement. Des coupures de 11% à Radio-Canada, 10% à l'ACDI, 10% à l'ONF, 10% à Téléfilm Canada, 9% à Archives Canada ne vont rapporter que 461 M$ à terme, soit à peine 0,61% des dépenses compressibles du gouvernement. Ces coupures demanderont d'importantes réductions de personnel et de service dans ces organisations sans permettre des économies importantes. Difficile de ne pas voir un choix idéologique de couper à ces organisations environ 10% de leur budget total, alors que les coupures représentent 1,9% du total des dépenses de programme », souligne Guillaume Hébert, chercheur à l'IRIS.
Enfin, du côté des retraites le gouvernement envoie un message très clair. Il augmente l'âge de la retraite pour tous les canadien nés après 1962 en faisant passer l'accessibilité de la Sécurité de vieillesse de 65 à 67. « Non seulement cette mesure établit un fossé entre deux générations car désormais il y a ceux qui devront travailler deux ans de plus et les autres, mais en plus cette mesure présume que tout le monde a les moyens de travailler deux ans de plus une fois âgé de 65 ans. Pour les gens riches et en santé, ça ira surement, mais pour ceux qui ont des emplois éreintants, qui sont pauvres ou malades, ces années de plus seront un poids terrible », lance Simon Tremblay-Pepin.
Le budget offre quand même certaines mesures plus intéressantes. « En premier lieu, une mesure fiscale empêchera les différentes filiales d'une multinationales de réduire leurs paiements d'impôts dans leurs transfert avec leur maison mère. Aussi, on peut se réjouir de voir les dépenses militaires et correctionnelles cesser leur croissance fulgurante, même si les réductions actuelles sont loin de ramener les taux de dépense à un niveau comparable à celui de 2005. On peut aussi se questionner sur la stratégie qu'emploiera le gouvernement pour la mise en place de ses nouvelles politiques correctionnelles s'il ne fait aucune hausse du budget des prisons. Prisons privées? Facture refilée aux provinces? Il est trop tôt pour l'affirmer », conclut Guillaume Hébert.
Simon Tremblay-Pepin, chercheur et responsable aux communications, 514-814-1522.
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