Le ministre de la Santé, Tyler Shandro, annonce une politique éliminant pour la moitié des Albertains le choix de médicaments biologiques fait par le médecin et le patient English
EDMONTON, Alberta, 15 décembre 2019 /CNW/ - Le gouvernement de l'Alberta a annoncé qu'il commencera, à compter du 1er juillet 2020, à mettre en vigueur le transfert obligatoire de 26 000 patients aux biosimilaires choisis par le gouvernement, à la place de leur médicament biologique choisis par leur médecin. Selon l'Alliance for Safe Biologic Medicines (ASBM), ces patients regroupent 22 000 Albertains atteints de diabète, 2 000 de la maladie de Crohn ou de rectocolite hémorragique, 1 400 de maladies rhumatismales, 750 de sclérose en plaques, 450 de leucopénie (faible numération de globules blancs) et 35 de psoriasis en plaques.
L'ASBM, une coalition mondiale de médecins et de défenseurs des droits des patients, dont 14 organisations canadiennes et plus de 50 groupes européens de défense des droits des patients, travaille ces dernières années avec les organismes porte-parole canadiens, et ce, en étroite collaboration, pour faire valoir les perspectives des médecins et des patients auprès des décideurs.
Cette mesure, la politique de substitution forcée, ne s'applique qu'à la moitié des patients albertains, ceux qui relèvent d'un régime public d'assurance-médicaments. Les patients bénéficiant d'un régime de santé privé, y compris les fonctionnaires du ministère de la Santé, ne seront pas contraints à la substitution forcée. Les enfants et les femmes enceintes en sont également exemptés. « Dans le cas des patients touchés, le ministre de la Santé, Tyler Shandro, supplante le rôle traditionnel du médecin », explique Michael Reilly, directeur général de l'ASBM. « En fait, cette intervention crée deux groupes d'Albertains : un groupe d'Albertains qui se font prescrire des médicaments par leur médecin, et un autre qui s'en font prescrire par des politiciens. »
Cette décision fait suite à une annonce similaire de la Colombie-Britannique, faite en mai dernier, vivement critiquée par les médecins et les organismes de défense des droits des patients qui s'opposent à la substitution forcée de médicaments biologiques, pour des raisons non médicales, chez les patients stables. Les représentants de la spécialité, la gastroentérologie, et des principaux groupes de patients atteints d'une gastro-entérologie étaient notamment absents lors de l'annonce prévue. Selon Crohn et Colite Canada, qui a organisé un rassemblement le 1er décembre pour sensibiliser le public à l'annonce imminente de la politique, les patients ont acheminé plus de 11 000 lettres exhortant le gouvernement de l'Alberta à revoir sa position.
Alors que les biosimilaires sont des quasi-copies sûres et efficaces des médicaments biologiques qu'ils imitent, contrairement aux génériques, ils ne sont pas identiques à leurs produits d'origine et, de ce fait, leur substitution automatique est une pratique rare dans les pays avancés du monde. Selon une enquête réalisée en 2017, 83 % des médecins canadiens considèrent qu'il est très important ou critique que ce soit eux qui décident du médicament biologique le mieux adapté à leur patient. Aussi, 64 % d'entre eux affichent des réticences à l'égard du fait qu'un tiers change le médicament biologique d'un patient pour des raisons non médicales (par exemple, le coût), comme le prévoient la politique adoptée par la Colombie-Britannique et l'Alberta.
Dans son entrevue avec le ministre Shandro concernant la politique, le Globe and Mail fait état du succès des biosimilaires en Europe, mais omet de mentionner que les pays européens rejettent massivement toute politique de substitution forcée comme celle de la Colombie-Britannique et de l'Alberta.
« Dans la grande majorité des pays européens, la décision quant au produit biologique à prescrire appartient au médecin et au patient, et ils sont libres de choisir entre plusieurs produits, y compris le produit d'origine, et ceux-ci sont remboursés », poursuit Reilly « La confiance croissante qu'ont les médecins et les patients dans les biosimilaires a été la clé de leur succès, et non la substitution forcée. La cessation du remboursement du produit d'origine, simplement par un décret gouvernemental, n'est pas une politique en cours dans les pays européens. »
Première au monde dans l'homologation et la commercialisation de biosimilaires, l'Europe, qui compte plus de 60 biosimilaires déjà homologués, représente la part la plus importante du marché mondial des biosimilaires. Les pays européens ont vu leurs parts de marché atteindre 43 % pour les biosimilaires approuvés après 2013, et 91 % pour les produits plus anciens.
« Le ministre Shandro affirme que cette politique vise à créer un marché biosimilaire durable alors qu'elle pousse l'Alberta précisément dans la direction opposée aux marchés florissants d'Europe », observe Reilly. « Les provinces canadiennes qui souhaitent imiter le succès de l'Europe devraient rejeter la substitution forcée et se tourner plutôt vers les politiques de substitution éprouvées de l'Europe, où de nombreux produits sont remboursés et exposés à la concurrence, ce qui se traduit par des pressions baissières sur les prix et des taux d'adoption élevés des biosimilaires, sans porter atteinte au contrôle du médecin et du patient dans les décisions thérapeutiques. »
Personne-ressource : [email protected]
SOURCE Alliance for Safe Biologic Medicines
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