Le ministre Dutil doit faire respecter la protection des sources des journalistes
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FEDERATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUEBEC09 févr, 2012, 17:56 ET
MONTRÉAL, le 9 févr. 2012 /CNW Telbec/ - La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) est plus inquiète que jamais de l'indifférence affichée par le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, à l'égard de la protection des sources d'information confidentielles des journalistes.
Interpellé hier à ce sujet, le ministre a refusé aujourd'hui de donner les assurances demandées par la FPJQ que l'enquête de la Sûreté du Québec (SQ) sur l'affaire Ian Davidson ne s'attaquerait pas aux sources des journalistes.
Il a banalisé son rôle et joué Ponce Pilate, se présentant en entrevue à RDI comme une simple «courroie de transmission» des demandes du Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Apparemment inconscient des enjeux fondamentaux de liberté de presse que pose cette enquête, il se contente d'affirmer que «la loi va s'appliquer comme elle s'applique dans toutes les enquêtes».
Les journalistes d'enquête qui ont permis au public d'être informé sur des sujets cruciaux comme la corruption dans l'industrie de la construction, sont sur les dents. Cette enquête menace directement leur capacité d'obtenir des sources qui acceptent de révéler ce que des intérêts importants cherchent à cacher au public.
Le ministre doit imposer une limite aux enquêtes de la SQ. Cette limite, c'est notamment de ne pas mettre sous écoute les journalistes, de ne pas les contraindre à dévoiler leurs sources, de ne pas s'introduire dans leurs ordinateurs ni dans leurs relevés de téléphone cellulaire.
Ces cas de figure ne sont pas inventés. C'est exactement ce qui se passe dans certains pays européens et qui ne doit pas se produire ici.
L'an dernier, le journaliste du Monde Gérard Davet qui enquêtait sur l'affaire Bettencourt s'est fait voler son ordinateur personnel et un GPS qui permet de retracer ses déplacements. L'Élysée a dû reconnaître en septembre 2011 que le journaliste était espionné afin de retracer ses sources confidentielles. Au même moment, deux ordinateurs de journalistes du Point, enquêtant sur la même affaire sensible ont aussi été volés et le site Mediapart a été victime d'un vol d'enregistrements liés à ce sujet.
Ces jours-ci, le procureur français Philippe Courroye et son adjointe Marie-Christine Daubigney sont placés sous examen pour avoir tenté illégalement de découvrir les sources de deux journalistes du Monde en réclamant leurs relevés téléphoniques.
En 2007, le gouvernement des Pays-Bas a admis avoir surveillé à distance les ordinateurs de l'agence de presse GPD pour connaître les enquêtes en cours qui pourraient l'embêter.
Le ministre Dutil ne peut laisser la SQ en faire à sa tête et se lancer dans une chasse aux sorcières. Ses efforts devraient servir à améliorer la gestion erratique de la liste des informateurs secrets du Service de police de la Ville de Montréal et non à punir les journalistes qui en révèlent les lacunes.
Brian Myles, président de la FPJQ 514 262-2860
FPJQ: 514 522-6142
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