Le personnel enseignant des cégeps et universités surmené par le travail confirme une vaste enquête scientifique
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Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)18 janv, 2025, 06:00 ET
MONTRÉAL, le 18 janv. 2025 /CNW/ - Une étude scientifique partenariale inédite menée par le Service aux collectivités de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) confirme ce que les enseignant•es évoquent de plus en plus : la surcharge de travail s'est accrue de manière exponentielle avec et depuis la pandémie, provoquant une dégradation importante de leur santé mentale (détresse psychologique, solitude et anxiété), de leur santé générale et de la conciliation travail-vie personnelle. Quelque 500 personnes enseignant au niveau collégial et quelque 200 autres œuvrant au niveau universitaire ont rempli le questionnaire des chercheuses, qui ont également interrogé des groupes de discussion pour préciser qualitativement les données recueillies.
Déconnexion et heures travaillées : des statistiques qui en disent long
Les indicateurs colligés dans les tableaux ci-bas sont sans équivoque quant à la surcharge de travail. Les courriels professionnels reçus lors du temps personnel (incluant les soirs et les fins de semaine) auxquels employeurs, personnes étudiantes et collègues s'attendent à des réponses rapides - voire quasi immédiates - sont monnaie courante. La surcharge s'incarne donc par l'impossibilité de se déconnecter, vu la multiplication des communications et l'effacement des frontières entre le travail et la vie personnelle.
En outre, au total, près de 40 % des répondant•es affirment travailler bien plus que 45 heures par semaine (26,5 % travaillent entre 45 et 54 heures par semaine, alors que 12,6 % admettent y consacrer plus de 55 heures). D'ailleurs, la moitié (50,5 %) confient travailler « souvent » ou « toujours » durant les vacances. On sait que, selon l'Organisation mondiale de la santé, travailler plus de 55 heures par semaine augmente sérieusement les risques d'AVC et de décès à la suite de problèmes cardiaques (OMS, 2021).
Tableau des communications professionnelles sur le temps personnel |
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Pourcentages des répondant•es « plutôt d'accord » ou « tout à fait d'accord » |
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« Mes collègues s'attendent à ce que je réponde aux |
33,6 % des répondant•es (253/753) |
« Mes étudiants.es s'attendent à ce que je réponde aux |
69,7 % des répondant•es (525/753) |
« Mon employeur s'attend à ce que je réponde aux communications |
41,3 % des répondant•es (311/753) |
Tableau du nombre d'heures travaillées |
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Pourcentages des répondant•es |
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Travaille entre 45 h et 54 h par semaine |
26,5 % des répondant•es (197/745) |
Travaille plus de 55 h par semaine |
12,6 % des répondant•es (94/745) |
TOTAL : 39,1 % des répondant•es (291/745) |
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Travaille « souvent » ou « toujours » durant les vacances |
50,5 % des répondant•es (376/745) |
Charge émotionnelle
Plusieurs répondants•es ont confié à quel point l'enseignement non présentiel - qui s'est implanté parfois de façon permanente depuis la pandémie - facilite le présentéisme (par exemple, travailler malade). De plus, si des personnes enseignantes (38 %) parviennent à sauver du temps grâce, par exemple, au télétravail, 82 % d'entre elles admettent réinvestir la forte majorité de ces minutes gagnées dans leur boulot, ce qui aggrave la surcharge de travail.
Les témoignages obtenus par les chercheuses permettent également de comprendre la surcharge de travail sous un autre angle : celui de la charge émotionnelle. En effet, parce que la population étudiante se diversifie, éprouve plus de difficulté et nécessite davantage d'encadrement, les enseignant•es ressentent de l'inquiétude pour elle et s'engagent dans une spirale qui détériore le moral et accentue la charge émotionnelle. Cela contribue au sentiment de surcharge au travail.
« Compte tenu de ces résultats marquants et des témoignages recueillis, nous avons raison de nous inquiéter pour la santé mentale de nos membres qui se détériore à la vitesse grand V depuis la pandémie. Derrière les données colligées s'exprime une profonde détresse des enseignant•es, particulièrement les femmes et les personnes au statut précaire », s'alarme Benoît Lacoursière, président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN).
Des maux physiques concrets
En effet, la surcharge de travail se transforme en douleur véritable pour bien des répondant•es. On note une multiplication des troubles musculosquelettiques, des maux de tête, des problèmes de prise de poids, de la consommation de médicaments, du « workaholisme », du sentiment d'être dépassé ou en état de choc et de l'apparition de doutes sur la carrière. Bref, le stress et la déprime peuvent même conduire à une détresse importante chez certaines personnes interviewées.
« Où est la ministre de l'Enseignement supérieur ? » demande Jessica Goldschleger, présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN). « Le personnel du réseau est en détresse et elle est aux abonnés absents. Elle devrait se battre pour un réinvestissement massif, qui permettrait au personnel enseignant de mieux transmettre les savoirs sans mettre sa santé en péril, plutôt que d'exécuter, sans broncher, le gel d'embauches et les compressions imposées au réseau par son gouvernement. »
Voici le lien pour consulter la synthèse de la recherche partenariale « Transformations du travail d'enseignement postsecondaire dans l'après pandémie : quelles ressources, quels besoins ? »
https://fneeq.qc.ca/wp-content/uploads/2025-01-13_Rapport_synthese_recherche_UQAM.pdf
À propos
La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) parle au nom de près de 85 % des profs de cégep et de 80 % des chargées et chargés de cours des universités québécoises. Elle regroupe quelque 40 000 membres dans 45 cégeps, 47 établissements privés et 12 universités. Elle est l'organisation syndicale la plus représentative de l'enseignement supérieur au Québec.
La Fédération des professionnèles (FP-CSN) représente plus de 700 professionnèles du réseau collégial et universitaire et près de 1500 professeur•es d'université.
SOURCE Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
Information : Martin Robert, Conseiller aux communications, FNEEQ-CSN, [email protected], 514 377-6985; Guillaume Francoeur, Conseiller aux communications, FP-CSN, [email protected], 438 439-0673
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