Le plus important site de fouilles archéologiques au Québec dévoile des objets remarquables English
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Pointe-à-Callière Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal17 oct, 2017, 18:20 ET
Pointe-à-Callière présente les résultats des fouilles archéologiques réalisées sur le site du Parlement de Montréal et ceux du sondage mené auprès des visiteurs.
MONTRÉAL, le 17 oct. 2017 /CNW Telbec/ - Des découvertes archéologiques majeures ont été réalisées lors de la campagne de fouilles effectuées à l'été 2017 par Pointe-à-Callière, cité d'archéologie et d'histoire de Montréal sur le site du Parlement du Canada-Uni (1844-1849). Ce chantier archéologique s'est tenu sur la place D'Youville Ouest, dans le Vieux-Montréal, sous un ancien stationnement de la Ville de Montréal où se trouvent les vestiges de ce lieu historique d'une importance majeure dans l'histoire de Montréal et du Canada. Les fouilles archéologiques ont été rendues possibles grâce au soutien financier de la Ville de Montréal. Cette campagne, exécutée par Pointe-à-Callière et les archéologues de la firme Ethnoscop, avait pour but de poursuivre les recherches sur le site, d'identifier les travaux de conservation des vestiges, et d'évaluer un programme de prévention et de mise en valeur.
« Montréal est fier de son patrimoine historique et archéologique et peu de lieux dans la ville font état de recherches sur une période aussi marquante de notre histoire. Compte tenu de l'importance des résultats des fouilles, nous avons une obligation de mémoire, celle de préserver ce patrimoine d'envergure nationale avec tout le savoir-faire et la créativité dont Montréal sait faire preuve », indique Denis Coderre, maire de Montréal.
Faits saillants : des livres calcinés en grande quantité
Plus de 300 000 artefacts et écofacts ont été mis au jour et l'ensemble est remarquable par sa quantité, sa diversité, sa qualité et par sa richesse historique. Les fouilles ont été réalisées dans presque tous les secteurs du site. De ce lot, une trentaine de fragments de livres brûlés ont été retrouvés dans le secteur où se trouvait la bibliothèque du Conseil législatif du parlement, qui abritait quelque 6000 livres en 1849. On sait que le soir de l'incendie, le feu a consumé les deux bibliothèques parlementaires et qu'environ 22 000 documents publics du Haut-Canada et du Bas-Canada, dont certains remontent à l'époque de la Nouvelle-France, ont été réduits en cendres. D'en trouver des restes en de telles quantités, après plus de 168 ans sous terre, demeure un fait exceptionnel! Le Musée a d'ailleurs dévoilé l'une des pages provenant d'un livre calciné restauré par l'Institut canadien de conservation (ICC), retrouvée sur ce site archéologique en 2013, provenant cette fois de la bibliothèque de l'Assemblée législative. Cette restauration a permis d'identifier l'ouvrage Procès-verbaux des séances de la chambre des députés. Session de 1830, publié à Paris.
« Les résultats des fouilles archéologiques 2017 ont surpassé nos attentes, tant par le nombre de pièces qui ont été trouvées, que par la nature et l'importance historique des objets. Ces découvertes viennent enrichir la connaissance historique de ce site et le fonctionnement du bâtiment. Il est important d'en assurer la préservation pour les générations futures, ce que nous souhaitons faire. Les Montréalais et les visiteurs ont d'ailleurs manifesté un grand intérêt pour sa mise en valeur, comme en font foi les résultats d'un sondage électronique réalisé sur le site depuis la mi-juillet. Sur près de 1000 répondants, plus de 87 % des personnes ont affirmé souhaiter une mise en valeur par la construction d'un bâtiment protégeant le site patrimonial », ajoute Francine Lelièvre, directrice générale de Pointe-à-Callière.
Des tampons encreurs uniques
L'une des découvertes les plus remarquables de la campagne de 2017 demeure celle de deux tampons encreurs en alliage cuivreux arborant des sceaux officiels du Parlement. Le premier, mis au jour dans le secteur où devait se trouvait le bureau du greffier près de l'entrée de la rue McGill, porte l'inscription en relief « Legislative assembly Canada » et le second, provenant de l'emplacement présumé de la bibliothèque du Conseil, porte la marque de « legislative council library ». Après des recherches dans les collections canadiennes, le Musée estime qu'il n'y aurait pas d'équivalent à ces objets. De plus, Pointe-à-Callière a fait l'acquisition d'un document officiel envoyé de Montréal à Londres le 17 avril 1849 - quelques jours à peine avant l'incendie du 25 avril 1849! - qui porte justement le sceau à l'encre bleue du premier tampon.
Parmi les autres pièces de collection retrouvées, mentionnons un bol en céramique commémorant la naissance en 1840 de la princesse royale Victoria Adelaide Mary, premier enfant de la reine Victoria et du prince Albert; de nombreux objets reliés au travail de bureau : crayons, encriers et pointes de plumes d'écriture en métal; dans le corps central du bâtiment où se trouvait le restaurant du Parlement, on a mis au jour des services de vaisselle raffinés aux décors variés, des services à thé et des plats de cuisson, de la verrerie et des bouteilles à vin; également localisés dans l'espace central, des objets d'hygiène personnelle tels un nécessaire à rasage, des savonniers et des brosses à dents, des bassins et brocs pour l'eau ainsi que des bouteilles de cirage à chaussures. Plusieurs pièces de monnaie, des pipes en terre cuite et même un fume-cigare ont aussi été retirés des ruines. Mentionnons enfin des éléments de quincaillerie d'architecture et des pierres ornementales provenant de l'édifice démoli peu après l'incendie.
Les objets retrouvés sur le site sont d'une grande importance si l'on pense qu'ils ont été utilisés au parlement jusqu'au soir de l'incendie par les personnes qui fréquentaient l'édifice au quotidien. Parmi eux, bien sûr, le premier ministre de l'époque, Louis-Hippolyte LaFontaine et son bras droit, Robert Baldwin, ainsi que quatre politiciens qui vont s'illustrer, environ deux décennies plus tard, à titre de pères de la Confédération : John Alexander Macdonald, Étienne-Paschal Taché, Alexander Tilloch Galt, et le Montréalais George-Étienne Cartier.
Un rare témoignage
L'un des partenaires du Musée, les Sœurs Grises de Montréal, a profité des fouilles de l'été 2017 pour effectuer des recherches à ce sujet : leurs archivistes ont ainsi découvert un manuscrit datant de 1849 qui constitue l'un des rares écrits de témoins oculaires de l'incendie du parlement, document resté jusqu'ici inédit. Voisines immédiates du Parlement, les religieuses de l'ancien hôpital général de Montréal ont été témoins malgré elles de l'incendie qui a éclaté le soir du 25 avril 1849. Le document relate en détail l'arrivée des manifestants, le fil des événements et le récit du tragique incendie, en plus d'énumérer les pertes encourues par l'hôpital qui a failli être détruit par le feu. Ce témoignage apporte de nouvelles précisions quant à la nature de l'incendie.
Un nouveau regard sur le passé de Montréal
Toutes ces découvertes enrichissent la connaissance de l'histoire de Montréal si l'on pense qu'en plus de la période d'occupation du parlement, deux autres niveaux d'occupation ont été mis au jour. Les archéologues ont ainsi réussi à mieux cerner la vocation du premier Marché Sainte-Anne (1832-1843), bâtiment qui fut transformé pour accueillir le Parlement. Les deux niveaux d'occupation du marché Sainte-Anne - avant et après le Parlement - ont aussi été riches en découvertes. De nombreuses pièces d'apothicaire (fioles, flacons, encriers carrés) retrouvées dans le niveau du dernier marché Sainte-Anne (1851-1901) évoquent la présence d'un comptoir ou d'un étal d'apothicaire côtoyant les étals de boucherie. D'autres découvertes mènent à penser que ce marché a été l'un des premiers édifices électrifiés à Montréal à la fin du 19e siècle et que les marchands étaient eux-mêmes responsables de l'aménagement des celliers qui leur étaient assignés en fonction de leurs moyens et besoins, selon la marchandise vendue.
Rendre le site patrimonial accessible au public
Quelque 25 000 visiteurs ont fréquenté l'exposition Montréal, capitale du Canada-Uni - Un Parlement sous vos pieds, présentée en plein air, au cœur des fouilles, de juillet à octobre 2017. Sur place, plus de 87 % des quelque 1000 personnes qui ont répondu à un sondage électronique ont affirmé souhaiter la construction d'un pavillon pour mettre en valeur et rendre accessible ce site patrimonial.
En 2012, le gouvernement du Québec a souligné l'importance du lieu en le désignant site patrimonial ; en 1949, le gouvernement du Canada a reconnu le Parlement du Canada-Uni comme événement historique national. La mise en valeur du Marché Sainte-Anne, devenu le Parlement du Canada-Uni, et des objets qui y ont été retrouvés est une des composantes du grand projet de Pointe-à-Callière : la création de la cité d'archéologie et d'histoire de Montréal, déclinée en une dizaine de lieux historiques authentiques. Cette nouvelle phase du projet d'expansion consiste à ériger un bâtiment hommage au Parlement du Canada-Uni dont les vestiges seront accessibles en sous-sol; l'aménagement d'une salle d'expositions nationales et internationales; la poursuite de la mise en valeur du premier égout collecteur de Montréal, cet étonnant ouvrage d'ingénierie civile en pierre qui se prolonge sous la place et prend toute son ampleur en reliant le fort de Ville-Marie et les vestiges des fondations du premier Parlement du Canada-Uni; et enfin, l'aménagement de jardins urbains le long de la place D'Youville.
Une expo-clip - Montréal : métropole… et capitale
Les visiteurs intéressés par le sujet pourront en apprendre davantage dans la nouvelle expo-clip intitulée Montréal : métropole… et capitale. Présentée dans le pavillon principal du Musée, l'expo-clip dévoile une quarantaine d'objets trouvés lors des fouilles archéologiques antérieures, en plus de présenter certains des enjeux liés à cette période historique majeure de la vie démocratique canadienne.
Pointe-à-Callière est subventionné par la Ville de Montréal.
Pour voir le film Montréal, une capitale, un parlement (1844-1849) : http://bit.ly/2tUqvh4
SOURCE Pointe-à-Callière Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal
Marylène Kirouac, Responsable des communications, [email protected], T. 514 872-2687
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