Le point sur les salaires au Québec et en Ontario - combien gagnent au juste les travailleurs Québécois? Des clés pour comprendre la dynamique des salaires à 56 000 $ par année
MONTRÉAL, le 4 nov. 2021 /CNW Telbec/ - Alors que les débats entourant la hausse du salaire minimum refont surface dans l'actualité, que la pandémie semble sous contrôle et qu'une mise à jour économique se prépare à Québec, il y a fort à parier que l'engagement phare du gouvernement d'accroître le salaire moyen des Québécois afin de rattraper celui des Ontariens soit remis à l'agenda. Mais combien gagnent au juste les Québécois ? Et comment leurs salaires se comparent-ils à ceux de leurs voisins ? Dans un rapport publié aujourd'hui, l'Institut du Québec (IDQ) fait le point sur ces questions et sur les meilleurs moyens de combler ces écarts.
Combien gagnent les Québécois et qu'est-ce qui se cache derrière le salaire moyen ?
Précisons d'abord que le salaire moyen peut varier selon les sources des données, les périodes de temps et les groupes de travailleurs analysés. Ainsi, en 2019, selon les données de l'Enquête sur la population active, le salaire annuel moyen au Québec s'établissait à 47 542 $. Toutefois, si on exclut les travailleurs autonomes et les travailleurs à temps partiel de cette équation pour ne considérer que les travailleurs à temps plein, le salaire annuel moyen s'élevait plutôt à 55 969 $. Analysé sous un autre angle, on constate que le salaire moyen des travailleurs à temps plein du secteur privé atteignait 52 672 $ alors que celui des employés à temps plein du secteur public se chiffrait à 64 980 $. La différence salariale entre ces deux groupes de travailleurs est importante et doit être prise en compte par le gouvernement dans l'élaboration de ses politiques économiques.
Pourquoi les salaires des Québécois sont-ils plus faibles que ceux des Ontariens ?
L'écart des salaires annuels entre l'Ontario et le Québec a atteint 8,8 % en 2019 pour les employés à temps plein du secteur privé, et 11,8 % pour les employés à temps plein du secteur public. Selon les calculs de l'Institut du Québec, l'effet combiné des heures travaillées et de la structure de l'emploi pourrait expliquer 35 % de l'écart salarial entre les deux provinces.
Près des deux tiers de l'écart salarial entre les deux provinces serait donc principalement attribuable au fait que l'Ontario compte davantage d'employés qui gagnent un meilleur salaire horaire que le Québec pour des postes équivalents. Ainsi, en 2019, ce sont 38,9 % des employés à temps plein du secteur privé en Ontario qui gagnaient 28 $ de l'heure ou plus contre 33,9 % au Québec.
Comment accroître les salaires des Québécois?
« L'exercice est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, soutient Mia Homsy, présidente-directrice générale de l'IDQ. La meilleure façon d'accroître les salaires des Québécois consisterait à remplacer les critères traditionnels d'octroi d'aide aux entreprises liés à la création d'emplois par des conditions qui viseraient plutôt à stimuler davantage l'innovation et la productivité telles que le rehaussement des compétences, la requalification de la main-d'œuvre et l'investissement en capital. »
Comme les salaires sont intimement liés à la productivité des organisations, l'aide publique devrait être dirigée pour en favoriser l'accroissement. S'attaquer à la source même du problème, plutôt qu'à la résultante, semble bien plus porteur.
Cette stratégie s'avère d'autant plus pertinente que le Québec est aux prises avec des pénuries de main-d'œuvre dans plusieurs secteurs et régions. Ce problème peut, à lui seul, miner le potentiel économique du Québec, bien davantage que les préoccupations entourant l'enjeu de création d'emplois. Néanmoins, des solutions pour accroître la richesse existent et pourraient être déployées.
« Miser sur une approche qui favorise les entreprises qui s'engagent à créer des emplois payants à plus de 56 000 $ par année soit le salaire moyen des employés à temps plein en 2019 - nous apparaît périlleuse, trop restrictive et inadaptée à la réalité économique, affirme Simon Savard, économiste principal à l'IDQ. Cette approche trop drastique exclut près des deux tiers des travailleurs à temps plein du secteur privé et parfois même, plus de 80 % des emplois de certains secteurs (agriculture, commerce de détail, etc.). »
Plusieurs emplois payants reposent sur l'existence même d'emplois plus faiblement rémunérés, et s'avèrent donc complémentaires. Une telle approche risque d'avantager les grandes entreprises qui ont plus de moyens que les PME, et d'accentuer ainsi les clivages entre ces catégories d'entreprises qui rivalisent déjà pour dénicher les ressources nécessaires à leur développement. « Dans un contexte de rareté de main-d'œuvre qualifiée qui affecte plusieurs secteurs et régions du Québec, il serait donc tout à fait contre-productif de subventionner la création d'emplois, même les plus payants », conclut Mia Homsy.
Pour en savoir plus
Téléchargez le rapport Combien gagnent au juste les travailleurs Québécois? Le point sur les salaires au Québec et en Ontario.
À propos de l'Institut du Québec
L'Institut du Québec est un organisme à but non lucratif qui publie des recherches et des études sur les enjeux socioéconomiques contemporains du Québec. Il vise à fournir aux autorités publiques, au secteur privé et à la société civile les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique et prospère.
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SOURCE Institut du Quebec
Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, 514 649-2347, [email protected]
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