MONTRÉAL, le 23 sept. 2019 /CNW Telbec/ - L'Ordre des agronomes du Québec résume les principaux engagements et recommandations de son mémoire portant notamment, sur la phytoprotection, la lutte intégrée et la recherche scientifique, la règlementation des pesticides, l'indépendance professionnelle et l'exercice de la profession d'agronome. Ces engagements et recommandations seront présentés, aujourd'hui, aux membres de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles (CAPERN), dans le cadre des auditions du mandat d'initiative visant à examiner les impacts des pesticides sur la santé publique et l'environnement, ainsi que les pratiques de remplacement innovantes disponibles et à venir dans les secteurs de l'agriculture et de l'alimentation, et ce en reconnaissance de la compétitivité du secteur agroalimentaire québécois.
Phytoprotection, lutte intégrée et recherche scientifique au premier plan
La réduction de l'utilisation des pesticides passe par l'élaboration d'un plan d'action annuel afin d'accompagner le producteur dans ses objectifs de production et de réduire les impacts sur l'environnement et la santé. Il inclut, entre autres, un diagnostic et des recommandations agronomiques, soit des méthodes de lutte intégrée contre les organismes nuisibles, par le biais d'approches mécaniques, biologiques, chimiques et technologiques.
- L'Ordre s'engage à promouvoir l'importance du diagnostic et d'une recommandation réalisée par un agronome et l'incitera à utiliser, à plus grande échelle, des outils pour choisir, lorsque requis, des pesticides efficaces ayant de faibles indices de risque.
- Les producteurs agricoles doivent s'engager à adopter et appliquer les recommandations des agronomes.
- Le gouvernement du Québec doit prévoir des mesures incitatives financières pour l'adoption de pratiques phytosanitaires encadrées par un agronome.
- Le gouvernement du Québec doit investir de façon récurrente et structurée dans la recherche scientifique, favorisant les meilleures pratiques agronomiques en phytoprotection et le transfert des connaissances.
Règlementation des pesticides resserrée
L'Ordre a continuellement prôné la nécessité d'encadrer l'utilisation des pesticides, faisant valoir leur emploi qu'en cas de nécessité démontrée par un diagnostic et une recommandation agronomique. Or, 1 200 produits phytosanitaires et 370 matières actives sont pratiquement en vente libre. Ils constituent des substances à haut potentiel toxique, bien qu'ils aient démontré leur utilité. Depuis 2018, seulement cinq molécules sont sous règlementation agronomique. C'est nettement insuffisant en regard de la dangerosité des pesticides. La récente règlementation a donné des résultats sans précédents, soit un constat préliminaire montrant une réduction de 40 % de l'utilisation de l'atrazine pour 2018. Une règlementation resserrée et l'utilisation d'un outil développé à l'intention des agronomes témoignent de l'efficacité d'une telle règlementation. Deux nouveaux outils du même type sont en préparation.
- L'Ordre recommande que tous les pesticides utilisés soient justifiés par un agronome et fassent partie d'un plan d'action annuel obligatoire, élaboré de concert avec l'agronome et le producteur; l'objectif est de réduire et limiter réellement les impacts sur l'environnement et la santé, en assurant la compétitivité du secteur agroalimentaire québécois tout en étant en phase avec les attentes des consommateurs.
Bandes riveraines : de nombreux bénéfices
Les bandes riveraines apportent des bénéfices agronomiques, écologiques et économiques. Elles améliorent l'efficacité des systèmes de drainage, protègent les sols en constituant un frein à l'érosion et attirent les pollinisateurs, en plus d'embellir le paysage. À moyen et long terme, la perte de rendement au champ est compensée par les nombreux bénéfices. Certaines instances municipales réussissent à faire appliquer la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables, alors que d'autres éprouvent des difficultés.
- L'Ordre recommande que le gouvernement du Québec, de concert avec les autorités municipales, mette en place des programmes d'incitatifs financiers pour valoriser le respect des bandes riveraines; des pénalités seraient appliquées pour les producteurs qui tarderaient à s'engager ou qui ne les respecteraient pas.
Indépendance professionnelle : plusieurs actions posées et d'autres à venir
Ce dossier constitue la priorité numéro 1 de l'Ordre et de son conseil d'administration, conscients que le fait de concilier différents rôles chez certains agronomes est une préoccupation. Plusieurs actions ont été posées depuis 2017, incluant une enquête afin d'obtenir des informations factuelles sur les modes de rémunération des agronomes, la formation d'un comité d'experts indépendants et d'éthiciens qui soumettra des recommandations d'ici la fin de l'année, ainsi que la préparation d'une formation à l'intention des agronomes sur les concepts d'indépendance professionnelle et de conflits d'intérêt.
De plus, l'Ordre a entrepris d'autres actions, notamment des discussions auprès d'employeurs afin de faire corriger ou modifier certaines pratiques de rémunération, faciliter l'identification et l'élimination des programmes de rémunération inadéquats, ainsi qu'inciter les employeurs à mettre en place les mesures pour s'assurer de la traçabilité, la transparence et l'imputabilité de tous les actes agronomiques.
- L'Ordre s'engage à poursuivre son travail auprès des employeurs, des ministères et des agronomes afin de dissiper tout doute concernant l'apparence de conflit d'intérêt des agronomes à l'emploi de l'industrie.
Texte de loi désuet en quête de modernisation
Comme ordre professionnel, nous partageons les préoccupations grandissantes des consommateurs concernant l'utilisation des pesticides et leur impact sur l'environnement et la santé. L'ensemble des engagements et des recommandations de l'Ordre s'inscrit dans une continuité des efforts menés par l'Ordre et les agronomes depuis quelques décennies, en matière d'interventions phytosanitaires visant l'utilisation raisonnée des pesticides. Ces engagements et recommandations s'appuient sur la maîtrise d'un savoir scientifique agronomique indispensable qui a évolué au fil des années. C'est une question de protection du public.
- L'Ordre demande au gouvernement du Québec de réactiver le dossier de modernisation de la Loi sur les agronomes tombée au feuilleton deux fois depuis 2013. La description actuelle de l'exercice de la profession d'agronome date de la Seconde Guerre mondiale. Cette loi devrait refléter l'avancée de la science agronomique du 21e siècle.
SOURCE Ordre des Agronomes du Québec
Marlène Casciaro, ARP, [email protected], 514 679-7066; Kétra Pelletier, agente aux communications, Ordre des agronomes du Québec, [email protected], 514 596-3833, poste 232
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