Le WWF-Canada tire la sonnette d'alarme face au dangereux retard qu'accuse la Stratégie sur le bruit dans les océans du Canada
Le Fonds mondial pour la nature Canada lance la campagne #MoinsDeBruit pour exhorter le gouvernement fédéral à présenter son plan de lutte contre la pollution sonore sous-marine.
TORONTO, le 29 janv. 2024 /CNW/ - Compte tenu de l'intensification du bruit dans les océans du Canada, laquelle est accompagnée d'une augmentation des effets néfastes sur les espèces marines, le gouvernement fédéral s'était initialement engagé à publier une première ébauche de sa Stratégie sur le bruit dans les océans à l'été 2021. Puis, la publication a été reportée à la fin de 2022.
Aujourd'hui, alors que le Parlement se réunit pour la première fois de 2024, le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) l'exhorte à ne pas laisser filer une autre année sans présenter un solide plan pour protéger les baleines, les morses et les autres espèces marines contre la pollution sonore sous-marine.
Dans l'obscurité du monde sous-marin, de nombreuses espèces utilisent les sons pour percevoir leur environnement, naviguer, communiquer, trouver de la nourriture et des partenaires, et éviter les dangers. Les effets de l'intensification de l'exploitation des océans, à savoir l'augmentation du trafic maritime, les détonations sismiques assourdissantes des activités pétrolières et gazières, les projets d'agrandissement des ports maritimes et le grondement des constructions maritimes, sont documentés dans l'ensemble des écosystèmes marins.
La pollution sonore sous-marine peut perturber les comportements normaux, compromettre l'alimentation, masquer les communications, interférer avec l'écholocalisation, augmenter les niveaux de stress et même contribuer aux collisions fatales avec des navires et à l'échouement des baleines.
« Certaines régions de l'océan sont 100 fois plus bruyantes qu'elles ne le seraient naturellement. Comme l'activité humaine sur l'océan continue de s'intensifier, le Canada a besoin d'un plan solide pour réduire le bruit sous-marin dès maintenant », a affirmé Hussein Alidina, spécialiste principal de la conservation marine au WWF-Canada. « Le WWF-Canada réclame non seulement la publication de la Stratégie sur le bruit dans les océans, qui a été reportée à quelques reprises, mais préconise aussi une stratégie suffisamment rigoureuse qui permettra la prise de mesures concrètes, mesurables et urgentes dont les baleines et les autres espèces touchées par la pollution sonore sous-marine ont désespérément besoin. »
Pour être efficace, la Stratégie sur le bruit dans les océans du Canada devrait :
- Fixer des limites de bruit pour les activités dont les répercussions négatives sur les paysages sonores sont reconnues, comme la navigation et l'exploration pétrolière et gazière. Celles-ci doivent tenir compte des limites biologiques (le volume que différentes espèces sont capables de supporter sans effet néfaste) et du savoir des communautés locales et autochtones.
- Adopter une approche régionale, comprenant des cibles de réduction du bruit pour les zones déjà excessivement bruyantes et des limites de bruit pour les régions en développement rapide, comme l'Arctique. Le Canada devrait également accorder la priorité à la protection des aires marines protégées et des habitats importants pour les espèces en péril.
- Encourager le développement et l'adoption de technologies plus silencieuses, tout en mettant en œuvre des mesures opérationnelles de réduction du bruit, comme le ralentissement des navires dans les habitats essentiels.
- Prévoir des règlements pour la surveillance continue des niveaux de bruit ainsi que des mécanismes de mise en application pour faire respecter les limites et les cibles de réduction. Sans moyens coercitifs, il est peu probable que la Stratégie sur le bruit dans les océans du Canada contribue à éliminer la pollution par le bruit.
Pour aider à baisser le volume de la pollution sonore sous-marine :
Nous invitons les gens de partout au pays préoccupés par la situation à envoyer un courriel à leur député.e fédéral.e, ainsi qu'à l'honorable Diane Lebouthillier, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, en un seul clic en se rendant sur la page suivante : https://wwf.ca/fr/bruit-sous-marin/.
Le WWF-Canada s'engage à prendre des mesures de conservation équitables et efficaces qui permettent de restaurer la nature, de renverser la perte d'espèces et de lutter contre la crise climatique. Nous nous appuyons sur des analyses scientifiques et sur les recommandations des Autochtones pour nous assurer que tous nos efforts sont liés à un seul objectif : un avenir où les espèces, la nature et les humains vivent en harmonie.
Remarques à l'intention des éditeur.trice.s : Veuillez visiter le site Internet interactif de WWF-Canada pour découvrir à quoi ressemble la pollution sonore sous-marine dans différentes régions de l'océan.
Chronologie des engagements du Canada à l'égard de la Stratégie sur le bruit dans les océans :
- Le gouvernement du Canada a d'abord sollicité l'avis du public sur un projet de cadre pour sa Stratégie sur le bruit dans les océans. Cette consultation s'est déroulée du 14 octobre 2020 à janvier 2021. (Cliquez ici pour consulter le document que nous avons présenté.)
- À cette occasion, le gouvernement fédéral a affirmé que « l'élaboration d'un projet de stratégie sur le bruit dans les océans du Canada, avec des recommandations initiales, [était prévue pour] l'été 2021 ».
- La date limite pour le projet de stratégie sur le bruit dans les océans a ensuite été reportée à 2022, et le gouvernement a déclaré que « la stratégie définitive devrait être mise en place en 2023 ».
- En date de janvier 2024, le projet de stratégie n'a toujours pas été publié.
Répercussions de la pollution sonore sous-marine sur les espèces dans les océans au Canada :
- Une quantité excessive de bruit peut séparer les bélugas de leurs petits, puisqu'ils communiquent grâce à des sons, et exposer les baleines noires de l'Atlantique Nord en voie d'extinction à un risque accru de collision fatale avec un navire.
- Il a été démontré que la pollution sonore sous-marine masquait l'écholocalisation ainsi que la communication entre les épaulards résidents du Sud, dont la population en danger critique d'extinction ne compte plus que 75 individus au Canada.
- Les eaux relativement calmes du nord de la Colombie-Britannique sont désormais confrontées à une augmentation massive du trafic maritime et du bruit en raison des nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL). Cette intensification des activités pourrait avoir des effets néfastes sur les épaulards, les baleines à bosse et les rorquals communs.
- Dans l'Arctique, où les mères morses et leurs petits se reconnaissent au son de leur voix et où les baleines boréales chantent 24 heures sur 24 en hiver pour séduire leur partenaire, les niveaux de bruit ont doublé en seulement sept ans. La disparition de la banquise entraine l'extinction de la barrière physique qui atténuait autrefois les sons provenant de la surface.
- Chaque décennie, le bruit sous-marin augmente de plus du double sous l'effet de l'augmentation du trafic maritime dans le monde.
SOURCE Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada)
Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter : Laurence C. Desrosiers, gestionnaire des communications, WWF-Canada, [email protected]
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