Les 10 découvertes de l'année selon Québec Science - 80 000 nouvelles protéines dans l'anonymat English
SHERBROOKE, QC, le 6 janv. 2014 /CNW Telbec/ - Les travaux d'une équipe de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke et du Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du CHUS s'illustrent parmi les 10 découvertes de l'année 2013 publiées dans l'édition de janvier du magazine Québec Science. La découverte de plus de 80 000 protéines, nommées les protéines alternatives, bouleverse la médecine et la biologie en remettant en question plusieurs connaissances sur les protéines.
L'équipe de Xavier Roucou, professeur au Département de biochimie, a publié, en août 2013 dans la revue PLoS ONE, la découverte de ces protéines encore inconnues jusqu'à maintenant. Quelques exemples de protéines alternatives identifiées dans le laboratoire avaient déjà été publiés dans les revues FASEB Journal et Journal of Biological Chemistry. L'identification de ces protéines ouvre une nouvelle voie dans la compréhension de certaines maladies neurodégénératives.
Le dogme d'une protéine par gène est déconstruit
Toute l'information essentielle au bon fonctionnement de nos cellules est contenue dans l'ADN : le matériel génétique est à l'abri dans le noyau de nos cellules. Ce matériel est nécessaire à la production des protéines (molécules) pour accomplir la majorité du fonctionnement cellulaire. Ainsi, les gènes doivent d'abord être transcrits en ARN messagers (ARNm) qui sont alors modifiés en ARNm matures. Les ARNm matures sont décodés par de véritables usines mobiles (les ribosomes). Les ribosomes les traduisent en protéines. En bref, le ribosome déchiffre l'ARNm mature et fabrique au fur et à mesure la protéine correspondant au gène de départ.
Un ARNm n'égale plus une protéine
Les cellules utilisent l'ARNm comme un support intermédiaire des gènes pour fabriquer les protéines dont elles ont besoin. Un dogme persiste à ce jour concernant ce mécanisme : les ribosomes produisent une seule protéine pour chaque ARNm mature, appelée la protéine de référence, et celle-ci joue un rôle bien précis dans la cellule. L'équipe du Pr Roucou a découvert qu'il n'y a pas une seule façon de décoder un ARNm mature.
« On peut désormais affirmer que le dogme est inexact, explique le professeur Roucou. L'information transmise par les ARNm aux ribosomes peut être décodée de plusieurs manières par ces derniers, menant à la production de plusieurs protéines alternatives complètement différentes. » En bref, à partir d'un seul ARNm mature, les cellules produisent non pas une, mais plusieurs protéines distinctes ce qui entraine forcément plusieurs fonctions.
Une découverte qui rend la communauté scientifique perplexe
La communauté est perplexe puisque la découverte remet en question les connaissances fondamentales acquises depuis longtemps en biologie. Le constat est tellement dérangeant que l'équipe de Pr Roucou a eu du mal à faire publier ses travaux dans les revues les plus prestigieuses, comme Science. « Nos résultats sont provocateurs. Nous l'avons réalisé en analysant les commentaires des réviseurs et éditeurs. Nous avons dû refaire des démonstrations pour appuyer nos faits », explique Xavier Roucou.
À propos de l'équipe de recherche
Xavier Roucou est professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé et chercheur au Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke. Les membres de son laboratoire ayant participé aux études sur les protéines alternatives sont les étudiants Benoît Vanderperre, Danny Bergeron, Cyntia Bissonnette, Catherine Lapointe et Solène Vanderperre ainsi que les professionnels de recherche Guillaume Tremblay et Julie Motard.
SOURCE : Université de Sherbrooke
Isabelle Huard, conseillère en relations médias
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