Les Atikamekw exigent le respect
NITASKINAN, QC, le 15 mars 2018 /CNW Telbec/ - Les propos de la ministre québécoise de l'Environnement, Isabelle Melançon, et particulièrement de son sous-ministre, Patrick Beauchesne, tels que révélés par Radio Canada, ont éveillé en nous un sentiment d'exaspération. « C'est dommage pour la relation de confiance que nous tentons de bâtir pour les générations futures. Je me demande si la ministre approuve cette position et je me questionne sur la réelle volonté du gouvernement du Québec et ses motivations à l'égard des Premières Nations », affirme le Grand Chef Constant Awashish.
Dans le contexte de la réconciliation entre les peuples autochtones, canadiens et québécois, le projet de loi C69 du gouvernement fédéral promet de progresser vers des rapports plus harmonieux : respect de l'environnement, créations d'emplois viables et respects des droits des Autochtones sont pour nous des exigences minimales.
Or il appert que cela déplaît au gouvernement du Québec, plus particulièrement du ministère du Développement durable. Notre droit de regard sur nos ressources semble déranger le gouvernement du Québec. Que l'on soit consulté lorsqu'il s'agit de mettre en valeur notre territoire, c'est cependant pour nous une question de dignité. Le territoire, c'est aussi une partie de nous-mêmes, le corps et l'âme de notre peuple. « Notre nom est « Nehirowisiw », ce qui signifie dans notre langue « l'Être responsable et autonome qui veille sur le territoire » et ses éléments. C'est ça la souveraineté de notre peuple », soutient le Grand Chef Constant Awashish.
Selon le Grand Chef, malgré les conflits juridiques engendrés par le texte constitutionnel de 1867 et malgré la création des réserves, les droits et le titre du peuple atikamekw s'exercent partout sur son territoire. Comme l'affirmait César Néwashish, un ainé qui détenait un savoir traditionnel autochtone et dont la réputation est internationale : « Dites-leur que nous n'avons jamais cédé notre territoire, que nous ne l'avons jamais vendu, que nous ne l'avons jamais échangé, de même que nous n'avons jamais statué autrement en ce qui concerne notre territoire ».
Le gouvernement du Québec considère aussi « problématique » d'avoir à tenir compte du « savoir autochtone » au « même titre que la science » dans les évaluations à venir. Autrement dit, le savoir québécois et celui des Autochtones ne seraient pas à considérer à égalité. Passons sur l'aspect colonialiste d'une telle affirmation et rassurons la ministre : la science n'est pas incompatible avec notre savoir, elle est plutôt complémentaire à ce dernier. Contrairement à certains réflexes paternalistes, ce savoir a évolué et continuera de le faire. Sans oublier qu'il est souvent en avance sur la science en ce qui a trait à la connaissance du territoire.
Que le gouvernement du Québec défende ses droits face au gouvernement fédéral, cela le regarde. Ce que nous refusons, c'est le retour d'une attitude hautement paternaliste, voire coloniale, de la part du gouvernement du Québec envers les premières Nations. Nous sommes chez nous et on se considère parfaitement légitime de dialoguer avec les Nations voisines, en particulier avec nos frères et nos sœurs cris, quoiqu'en pense le gouvernement qui semble vouloir parler à leur place.
« Nous ne sommes pas Canadiens, nous ne sommes pas Québécois, affirme notre déclaration de souveraineté, nous sommes Atikamekw Nehirowisiw. Atikamekw Nehirowisiw appartient à Nitaskinan. Nisitomokw, prenez acte ».
À propos du CNA
Le Conseil de la Nation Atikamekw est un organisme politique qui représente les trois communautés atikamekw de Manawan, Opitciwan et Wemotaci.
SOURCE CONSEIL DE LA NATION ATIKAMEKW
Conseil de la Nation Atikamekw, Jimmy Néashit, coordonnateur aux communications, 819 523 6153 poste 118 ou [email protected]
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