Les résultats d'une inspection spéciale devraient alerter les professionnels de l'audit
TORONTO, le 21 févr. 2012 /CNW/ - Lorsqu'ils pratiquent l'audit à l'étranger, les cabinets d'audit canadiens doivent aiguiser leur esprit critique et approfondir leur connaissance du contexte commercial afin de modifier leurs procédures d'audit et ainsi répondre aux risques découlant des pratiques et us en vigueur dans le pays en question, révèle le Conseil canadien sur la reddition de comptes (CCRC).
Le CCRC a identifié des émetteurs assujettis ayant d'importantes activités à l'étranger et procède actuellement à des inspections de ces dossiers d'audit. Les résultats obtenus par le CCRC dans le présent rapport sont issus de l'inspection de vingt-quatre dossiers d'audit concernant des sociétés ouvertes canadiennes opérant principalement en Chine.
« Le CCRC ne croit pas que les problèmes identifiés à la suite de cette inspection concernent uniquement les sociétés établies en Chine », a mentionné le directeur général du CCRC, M. Brian Hunt. « Nous attribuons plutôt ces problèmes à l'incapacité des auditeurs de reconnaître qu'en pays étranger, un contexte commercial différent requiert des modifications dans la nature, le calendrier et l'étendue de leurs procédures d'audit ».
Douze de ces missions d'audit ont été menées par des cabinets nationaux et les douze autres, par des cabinets régionaux ou locaux. L'inspection a été effectuée par le CCRC entre le 1er octobre et le 31 décembre 2011. Plus tard en 2012, le CCRC présentera un rapport supplémentaire sur les inspections portant sur d'autres pays.
« Les résultats de cette inspection sont décevants », a mentionné M. Hunt. « Trop souvent, les auditeurs ont omis d'appliquer des procédures considérées comme fondamentales au Canada. Nous avons aussi constaté un manque d'esprit critique au regard d'éléments probants qui auraient dû susciter un soupçon quant au risque de fraude. »
Parmi les résultats importants révélés par le CCRC, on observe :
- que les cabinets d'audit ne contrôlaient pas le processus de confirmation, qui consiste à communiquer avec des tiers afin de confirmer des soldes ou des transactions
- que les auditeurs se sont appuyé sur des confirmations dont la fiabilité était douteuse
- des procédures d'audit ne permettant pas de repérer des transactions entre parties liées
- un manque d'éléments probants à l'appui :
- du droit de propriété à, ou l'existence, d'actifs importants
- de la comptabilisation des produits
- de la justesse du taux d'imposition des bénéfices utilisé
À partir des résultats de son inspection, le CCRC a repéré douze dossiers nécessitant des mesures correctives pour remédier à certaines faiblesses. Les états financiers d'un dossier sur les douze inspectés ont été retraités. Le CCRC a aussi imposé des exigences à un des cabinets, lui interdisant de pratiquer l'audit d'émetteurs assujettis opérant en Chine. Ces exigences demeureront en vigueur jusqu'à ce que le CCRC effectue une inspection de suivi, que le cabinet mette en place toutes les recommandations du CCRC et qu'il fasse la preuve de son respect des normes de d'audit requises.
« Ces résultats devraient constituer un signal d'alarme pour les professionnels canadiens de l'audit », a déclaré M. Hunt. « Nous croyons que ceux-ci possèdent le talent et les compétences nécessaires à la pratique de l'audit à l'étranger. Cependant, ils doivent faire preuve d'un sens critique aigu et d'une connaissance approfondie du contexte commercial des pays en question afin de s'assurer que leurs procédures d'audit permettent une gestion adéquate des risques liés aux us et pratiques commerciales y prévalant. »
Dans son rapport, le CCRC formule des recommandations qui, une fois mises en œuvre, contribueront grandement à l'amélioration de la qualité des audits en pays étranger. Ainsi, le CCRC recommande aux auditeurs exerçant leurs activités à l'étranger :
- de comprendre et évaluer explicitement les us et pratiques commerciales en vigueur dans les pays concernés, et modifier leurs procédures d'audit en conséquence;
- d'adopter un processus d'acceptation et de maintien de relations clients rigoureux;
- d'augmenter leur vigilance quant au risque de fraude;
- de mettre en œuvre des procédures spéciales relatives aux confirmations bancaires;
- d'utiliser avec prudence les confirmations externes comme éléments probants;
- d'augmenter leur vigilance relativement aux transactions entre parties liées;
- de vérifier l'impôt sur les bénéfices et les taxes à la consommation.
Pour faire suite à son inspection, le CCRC a fait parvenir à chaque cabinet concerné un rapport privé contenant des recommandations quant aux mesures à prendre pour corriger les faiblesses observées dans le(s) dossier(s) d'audit(s) concerné(s) ou pour améliorer ses processus de contrôle-qualité de l'audit. Chaque cabinet d'audit doit mettre en œuvre ces recommandations selon un échéancier prédéterminé (180 jours ou moins selon la gravité des faiblesses notées). En cas de non-respect des recommandations à la satisfaction du CCRC, des mesures disciplinaires seront imposées au cabinet fautif, sous forme d'exigences, de restrictions ou de sanctions.
« Les cabinets d'audit ont pris en compte les recommandations du CCRC et ont déjà ou sont en train d'adapter leurs procédures d'audit à l'avenir en conséquence », a déclaré M. Hunt.
L'intégralité du rapport public du CCRC sur l'inspection spéciale d'audits menés à l'étranger est disponible au www.cpab-ccrc.ca.
Le CCRC est l'organisme de réglementation de l'audit au Canada, et se consacre à la protection des intérêts du public investisseur. Chef de file en matière de qualité de l'audit, le CCRC surveille l'audit des sociétés ouvertes canadiennes par l'entremise de son programme national d'inspection. Son processus d'inspection axé sur le risque met l'accent sur les principaux risques pouvant affecter la qualité de l'audit. En promouvant un audit indépendant de haute qualité, le CCRC contribue à la confiance du public envers l'intégrité de l'information financière, qui soutient nos marchés financiers.
Pour d'autres détails ou pour demander une entrevue, veuillez contacter :
Stephanie Sayer
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Brian Hunt, directeur général
Conseil canadien sur la reddition de comptes
416 913-8261
[email protected]
www.cpab-ccrc.ca
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