Les Canadiens ont besoin de plus de mesures de protection contre les produits
pharmaceutiques, affirme le rapport
Un article commandé par le Conseil canadien de la santé demande plus de transparence et d'importantes améliorations en matière d'innocuité des médicaments au Canada
TORONTO, le 17 nov. /CNW/ - Le Conseil canadien de la santé a publié aujourd'hui un document de travail préparé sur commande, Surveiller les médicaments d'ordonnance, veiller à la sécurité des Canadiens, qui souligne les nombreuses limites inhérentes à la surveillance et à la déclaration relatives à l'innocuité et à l'efficacité des médicaments au Canada. Le rapport présente des recommandations précises et propose des modifications à apporter au système actuel afin de protéger les Canadiens contre les préjudices exagérés découlant de l'utilisation de produits pharmaceutiques.
Les produits pharmaceutiques présentent des avantages considérables pour la santé, mais leur utilisation s'accompagne aussi de nombreux risques. Bien que le pourcentage de médicaments retirés du marché n'ait pas changé au cours des 25 dernières années, le nombre de personnes exposées à des médicaments dangereux a augmenté. Par exemple, deux des cinq médicaments les plus promus au Canada en 2000, et qui étaient couramment prescrits (BaycolMD et VioxxMD) ont été retirés du marché pour des raisons de sécurité. De plus, entre 1999 et 2004, date du retrait de VioxxMC, environ 16 millions d'ordonnances avaient déjà été rédigées pour ce médicament au Canada. Pour aggraver les choses, les Canadiens ne sont pas informés des problèmes de sécurité que posent les médicaments déjà sur le marché.
« Les gens croient souvent que si Santé Canada a approuvé un médicament, il est sans danger », affirme John G. Abbott, chef de la direction, Conseil canadien de la santé. « Les Canadiens ignorent les limites inhérentes aux essais pré-commercialisation actuels et le manque de surveillance des médicaments présents sur le marché. »
Les essais pré-commercialisation sont réalisés par les sociétés pharmaceutiques sur une courte période, auprès d'un nombre relativement restreint de patients. Bien qu'obligatoires, les essais pré-commercialisation ont une portée limitée. De plus, la nature aléatoire de la surveillance post-commercialisation actuelle est attribuable au manque d'obligations réglementaires qui contraignent les sociétés pharmaceutiques à mener des recherches additionnelles sur l'innocuité et l'efficacité du produit une fois celui-ci mis en marché.
« Santé Canada a un pouvoir limité d'intervenir dans les problèmes de sécurité post-commercialisation », mentionne Joel Lexchin, professeur à la School of Health Policy and Management de l'Université York, et un des principaux auteurs de l'article. « Santé Canada ne peut pas exiger que les sociétés mènent des études post-commercialisation ou modifient les étiquettes de médicament une fois le produit approuvé, sauf en cas de détection de nouveaux problèmes de sécurité importants. Et, bien qu'étant en droit de retirer un médicament du marché, Santé Canada exerce rarement ce pouvoir. »
L'article examine également les travaux d'autres instances internationales, comme la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, l'Union européenne et la France. Il se penche sur les systèmes de sécurité des médicaments de chacune de ces instances et présente des recommandations sur la manière de créer un système de sécurité des médicaments complet au Canada.
« Le réseau canadien sur l'innocuité des médicaments est encore à un stade peu avancé. Il faut dire que la création du Réseau sur l'innocuité et l'efficacité des médicaments du Canada remonte à peine à 2009 », déclare M. Abbott. « Nous cherchons à apprendre de nos homologues internationaux en vue d'élaborer et d'améliorer notre système pour mieux assurer la sécurité des Canadiens. »
Les recommandations présentées dans le document de travail s'inspirent des leçons tirées des instances internationales, et comprennent celles-ci :
- les chercheurs post-commercialisation doivent avoir accès aux données provenant de toutes les sources;
- les recherches post-commercialisation exigées par Santé Canada doivent être enregistrées, impartiales, transparentes, exemptes de conflits d'intérêts, et conformes aux directives;
- un pouvoir législatif octroyé à Santé Canada lui permettrait d'imposer des amendes pour défaut de réaliser des études de sécurité post-commercialisation;
- toutes les études post-commercialisation exigées doivent être rendues publiques;
- les chercheurs et les membres de comité doivent tous être soumis à des devoirs de divulgation des conflits d'intérêts.
Elles demandent également :
- un financement adéquat et continu;
- une meilleure communication des messages relatifs à l'innocuité des médicaments (à grande diffusion);
- la surveillance et l'évaluation des messages relatifs à l'innocuité des médicaments;
- la très large participation des parties prenantes dans les décisions sur les études post-commercialisation financées par les fonds publics.
À propos du Conseil canadien de la santé
Créé dans la foulée de l'Accord de 2003 des premiers ministres sur le renouvellement des soins de santé, le Conseil canadien de la santé est un organisme national indépendant qui prépare des rapports sur les progrès dans le renouvellement des soins de santé au Canada. Le Conseil offre une perspective globale du système de santé face à la réforme des soins au Canada et diffuse à travers le pays de l'information sur les pratiques exemplaires et l'innovation. Ses conseillers sont nommés par les gouvernements provinciaux et territoriaux participants et par le gouvernement du Canada.
Pour télécharger les rapports et les autres documents du Conseil canadien de la santé, visitez notre site www.conseilcanadiendelasante.ca.
Prenez part à la conversation
Enregistrez-vous pour participer à un webinaire en direct, le 19 novembre 2010, qui met en vedette les principaux auteurs du rapport, Mary E. Wiktorowicz et Joel Lexchin, Ph.D. De plus, visitez le valeurdelasantecanada.ca pour prendre connaissance des commentaires que nos blogueurs invités et des leaders de l'industrie des soins de santé ont émis sur cet article.
Renseignements:
Pour en savoir davantage ou pour organiser une entrevue, veuillez communiquer avec :
Yeena Peng, Relations avec les médias, Conseil canadien de la santé
[email protected]
B : 416-480-7100, M : 416-407-2635
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