Les chercheurs suivent le « routage boomerang » alors que les transferts de données entre Canadiens passent par les É.-U., augmentant l'exposition à la surveillance de l'État
Nouvelles fournies par
Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI)16 déc, 2015, 12:38 ET
Une équipe de l'Université de Toronto lance un nouvel outil de cartographie visant à aider la population canadienne à comprendre le mouvement de ses données sur Internet.
TORONTO, le 16 déc. 2015 /CNW/ - Des chercheurs de l'Université de Toronto ont annoncé aujourd'hui que IXmaps, une base de données interactive des routes qu'emprunte le trafic Internet est maintenant fonctionnelle. L'outil, financé par le Programme d'investissement communautaire .CA, aide la population canadienne à comprendre comment se déplace son trafic Internet et la façon dont certaines routes qu'il emprunte (connus sous le nom de « routage boomerang ») fait passer ses données par les États-Unis les rendant assujetties à la compétence de la National Security Agency (NSA) des États-Unis avant de revenir au Canada.
Points essentiels
- L'infrastructure canadienne d'Internet est intimement liée aux réseaux américains. Plusieurs des grands fournisseurs de services Internet (FSI) au Canada disposent de réseaux qui favorisent les connexions nord-sud, poussant le flux de données canadiennes vers les principaux carrefours d'acheminement américains situés à New York, à Chicago, à Seattle ou en Californie.
- Les sites les plus visités par les Canadiennes et les Canadiens, par exemple, Google, Facebook, YouTube et Amazon, sont basés aux États-Unis. Lorsqu'ils utilisent ces services, les Canadiennes et les Canadiens admettent probablement que leurs données échappent à la compétence canadienne exclusive et sont exposées à la surveillance de masse américaine en vertu de lois telles que la Patriot Act.
- Cependant, ils pourraient être surpris d'apprendre que lorsqu'ils visitent des sites canadiens, même s'ils sont dans la même ville, leurs données transitent souvent par les États-Unis. La recherche à la base d'IXmaps a permis de découvrir des milliers de routes révélant qu'un transfert de données au départ et à destination du Canada transite par les États-Unis. Il s'agit du routage boomerang (vidéo en anglais).
- Il est hautement problématique d'exposer à la surveillance étrangère des données confidentielles ou de nature délicate, par exemple des renseignements sur la santé, les dossiers scolaires, l'affiliation politique, les croyances religieuses ou les questions financières ou encore des points de vue controversés ou des communications intimes. Même lorsque l'information échangée dans les médias sociaux est relativement banale, les Canadiennes et les Canadiens devraient pouvoir s'attendre à ce que leurs droits à la protection de leurs renseignements personnels soient respectés.
- Les entreprises et les organisations disposent de plusieurs moyens de limiter le risque que les données de leur clientèle passent inutilement par les États-Unis. Grâce à l'investissement de l'Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, il existe maintenant un réseau national de points d'échange Internet (IXP) à l'échelle canadienne. Cela permet l'appairage aux IXP et l'échange de données au Canada. Les consommateurs devraient connaître le degré d'engagement de leur FSI à l'égard du maintien de la confidentialité des données et se sentir à l'aise avec les dispositions qu'il prend à cet égard.
Propos tenus par les porte-parole :
« Il n'y a rien de mal en soi à ce que les données circulent à l'échelle d'une infrastructure mondiale Internet interconnectée et accessible. Par contre, il est essentiel que les Canadiennes et les Canadiens comprennent ce qu'implique l'entreposage de leurs données sur des serveurs américains soumis à la compétence des États-Unis. Les FSI doivent faire preuve de transparence, protéger la vie privée des utilisateurs et faire figure de gardiens responsables de leurs renseignements. Lorsqu'il s'agit de prendre des décisions au sujet de leurs données personnelles de nature délicate, les internautes devraient être des consommateurs et des citoyens pleinement informés. »
- Andrew Clement, Université de Toronto
« Les partisans d'Internet de partout au Canada savent depuis longtemps que disposer d'une infrastructure Internet véritablement canadienne est la seule façon de faire en sorte que les données canadiennes restent régies en vertu des lois canadiennes. À l'Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, nous avons réalisé d'importants investissements dans le réseau de base est-ouest des points d'échange Internet nécessaires pour faire en sorte que le trafic Internet reste au Canada. »
- Jacques Latour, dirigeant principal de la technologie à l'Autorité canadienne pour les enregistrements Internet
« Rares sont les Canadiennes et les Canadiens qui réalisent à quel point notre trafic Internet quotidien passe par les États-Unis. Vous pourriez vous trouver dans un restaurant du centre-ville de Montréal et envoyer un courriel à un ami qui habite en face et ces données pourraient aisément passer par les États-Unis où elles font l'objet de la surveillance de la NSA qui porte atteinte à la vie privée. C'est pourquoi il est si important que la population canadienne mette la main à la pâte et nous aide à en apprendre plus sur les routes qu'empruntent vraiment nos données en ligne. »
- Laura Tribe, spécialiste des droits numériques, OpenMedia
La population canadienne peut apprendre grâce à IXmaps ainsi qu'y contribuer
- IXmaps dispose d'une base de données en externalisation ouverte de plus de 40 000 routes Internet qu'il est possible de tracer sélectivement depuis la page Explore du site Web IXmaps.ca. L'équipe s'affaire à enrichir sa base de données dans le but de mieux représenter toutes les régions du Canada et tous les FSI. La population canadienne peut participer à cette recherche qui aidera à mieux comprendre comment les diverses régions et les différents FSI et sites Web influent sur les routes que prennent nos données en ligne et par conséquent, sur les risques d'atteinte à la vie privée auxquelles elle est exposée.
- Enrichir la base de données nécessite l'installation d'IXmaps Client, un logiciel traceroute élaboré par l'équipe de développement d'IXmaps. Le logiciel lance des demandes de traceroute anonymes depuis l'endroit où vous vous trouvez, puis partage les résultats par la page Explore du site Web IXmaps.ca.
Ressources complémentaires (en anglais)
- Billet de blogue : Le trafic Internet canadien fait escale aux É.-U., ce qui vous expose à la surveillance de la NSA.
- Fiche d'information : Découvrez-en plus sur le réseau national canadien des points d'échange Internet.
- Vidéo : Apprenez comment effectuer des recherches dans la base de données d'IXmaps.
- Téléchargement : IXmaps Client enrichit la base de données depuis l'endroit où vous vous trouvez.
À propos du .CA et du Programme d'investissement communautaire
Par l'entremise de son Programme d'investissement communautaire, le .CA finance des projets qui témoignent de la possibilité d'améliorer Internet au profit de toute la population canadienne. L'équipe du .CA gère le domaine de premier niveau du Canada au nom de l'ensemble de sa population. En qualité d'organisation dirigée par ses membres, le .CA se fait le porte-parole des intérêts de la communauté des internautes canadiens sur la scène internationale.
SOURCE Autorité canadienne pour les enregistrements Internet (ACEI)
Pour obtenir plus de renseignements ou organiser une entrevue, veuillez communiquer avec : Ryan Saxby Hill, gestionnaire des communications au .CA, 613 237-5335, poste 285, [email protected]; Laura Tribe, spécialiste des droits numériques, OpenMedia, +1 888 441-2640, poste 2, [email protected]; Andrew Clement, professeur émérite, iSchool, Université de Toronto, 778 354-3000, [email protected]
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