Les effets insoupçonnés de la chaleur extrême sur le système de santé au Québec English
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Institut National de la recherche scientifique (INRS)19 juin, 2024, 05:30 ET
Une équipe de l'INRS se penche sur le fardeau sanitaire de la chaleur et ses effets sur la santé de la population.
QUÉBEC, le 19 juin 2024 /CNW/ - Si de nombreuses recherches au Québec ont été consacrées aux effets des canicules sur la santé de la population, peu d'entre elles se sont penchées sur les effets de la chaleur tout au long de l'été.
Une équipe de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), en collaboration avec l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et Santé Canada, a analysé les effets insoupçonnés de la chaleur de manière générale, extrême ou pas, sur le système de santé au Québec. Or, selon les données analysées, les impacts sur le système de santé se font sentir tout au long de la saison estivale, et pas seulement lors des vagues de chaleur extrême, c'est-à-dire des températures très élevées pendant au moins trois jours.
Les conclusions de leur étude pourraient apporter des solutions en vue d'accélérer la mise en place de mesures de santé publique pour mieux protéger la population québécoise des conséquences de la chaleur.
« Des études à l'international s'étaient déjà intéressées à la question des températures élevées, mais surtout pour la mortalité. Notre étude cible tout le Québec et porte sur différents indicateurs de santé (mortalité, hospitalisations, urgences, etc.), tout en utilisant une méthodologie de pointe et reconnue », dit le professeur Fateh Chebana, coauteur de l'article et chercheur spécialisé en sciences des données appliquées à l'environnement et la santé environnementale.
Dans le cadre de cette étude, les scientifiques ont cherché à quantifier la mortalité et la morbidité liées à la chaleur en fonction de cinq paramètres de santé, toutes causes confondues : la mortalité, les hospitalisations, les visites aux urgences, les transports en ambulance et les appels à Info-Santé (un service de consultation téléphonique), pour l'ensemble des régions socio sanitaires du Québec.
« Nous avons observé des effets des températures élevées très nocifs sur tout le système de santé, passant des hospitalisations aux appels à Info-Santé, en allant même jusqu'aux décès. En plus de représenter un danger de santé publique, une chaleur importante engendre aussi des coûts directs pour notre système qui se retrouve à bout de souffle », explique Jérémie Boudreault, auteur principal de l'article et candidat au programme de doctorat sur mesure en science des données et santé environnementale à l'INRS, sous la supervision du professeur Fateh Chebana.
- On parle de températures élevées dès qu'on observe un effet sur la santé statistiquement significatif. Les vagues de chaleur extrême sont quant à elles caractérisées par de très hautes températures pendant au moins trois jours consécutifs ;
- Chaque été au Québec, les températures élevées sont associées à 470 décès, 225 hospitalisations, 36 000 visites à l'urgence, 7 200 transports en ambulance et 15 000 appels à Info-Santé;
- Ce fardeau sanitaire est surtout concentré lors des 5 % des journées les plus chaudes de l'été, avec près de 200 décès, 170 hospitalisations, 6 200 visites à l'urgence, 1 500 transports en ambulances et 3 300 appels à Info-Santé.
« Sachant que la chaleur extrême sera amplifiée par les changements climatiques, notre équipe souhaite que ces résultats amènent davantage d'actions afin de mieux protéger la population québécoise contre les effets de la chaleur. Nos travaux actuels s'intéressent d'ailleurs aux coûts de santé qui sont associés à ce fardeau sanitaire, et permettront aussi de fournir des projections de ces impacts sanitaires et économiques dans les décennies à venir », conclut Jérémie Boudreault.
L'article intitulé « Estimating the heat-related mortality and morbidity burden in the province of Quebec, Canada » a été coécrit par Jérémie Boudreault (Centre Eau Terre Environnement de l'INRS, INSPQ), Éric Lavigne (Santé Canada, Université d'Ottawa), Céline Campagna (INSPQ, INRS) et Fateh Chebana (Centre Eau Terre Environnement de l'INRS). Il a été publié dans la revue Environmental Research en juin 2024. DOI : https://doi.org/10.1016/j.envres.2024.119347
Pour ces travaux de recherche, le premier auteur Jérémie Boudreault a été financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) via une Bourse d'études supérieures du Canada Vanier, par les Instituts de recherche en santé du Canada, par Ouranos et par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
L'INRS est un établissement universitaire dédié exclusivement à la recherche et à la formation aux cycles supérieurs dans des créneaux stratégiques au Québec. Depuis sa création en 1969, il contribue activement au développement économique, social et culturel du Québec. L'INRS est 1er au Canada en intensité de recherche. Il est composé de quatre centres de recherche et de formation interdisciplinaires, situés à Québec, à Montréal, à Laval et à Varennes, qui concentrent leurs activités dans des secteurs stratégiques : Eau Terre Environnement, Énergie Matériaux Télécommunications, Urbanisation Culture Société et Armand-Frappier Santé Biotechnologie. Sa communauté compte plus de 1 500 membres étudiants, stagiaires au postdoctorat, membres du corps professoral et membres du personnel.
SOURCE Institut National de la recherche scientifique (INRS)
Pour plus d'informations : Julie Robert, Service des communications et affaires publiques, Institut national de la recherche scientifique, (514) 971-4747, [email protected]
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