Les épargnes pour personnes pauvres ont un intérêt commercial, CGAP
Une étude révolutionnaire révèle le potentiel de profitabilité des institutions de microfinance qui desservent les petits épargnants, grâce aux ventes croisées, aux frais et à l'utilisation des nouvelles technologies.
De nombreuses institutions de microfinance bénéficient déjà de la profitabilité issue des petits épargnants et beaucoup d'autres pourraient en faire de même.
C'est ce qu'affirment les auteurs d'une étude révolutionnaire sur l'analyse de rentabilité des petits épargnants.
WASHINGTON, le 8 oct. /CNW/ - Deux chercheurs du CGAP, Glenn Westley et Xavier Martin Palomas, ont obtenu un accès intégral aux registres de 2008 de deux institutions de microfinance offrant des épargnes à leurs clients à faible revenu - ADOPEM en République dominicaine et Centenary Bank en Ouganda. Ils arrivent à la conclusion que les comptes d'épargne, qui sont des produits représentant des coûts élevés pour les institutions de microfinance, peuvent cependant générer des profits importants grâce aux ventes croisées de prêts et d'autres produits aux petits épargnants et grâce aux frais générés par ces comptes d'épargne.
« L'analyse de rentabilité des activités liées aux petits épargnants est irréfutable », a déclaré Glenn Westley, l'auteur de ce rapport. « Nous avons identifié une gamme complète de méthodes d'utilisation des comptes à faible solde adoptées par ces institutions pour générer des profits. Nous suspectons que de nombreuses institutions de microfinance bénéficient déjà de la profitabilité liée aux petits épargnants, et nos éléments prouvent que beaucoup d'autres pourraient en faire de même. »
Les recettes issues des épargnes à faible solde s'avèrent être significatives : 400% des soldes de dépôt chez Centenary, et plus de 1000% pour ADOPEM. Intitulé « Les petits épargnants constituent-ils un dossier commercial? » (Is There a Business Case for Small Savers?), le rapport affirme que, sans les petits épargnants, ces deux institutions très prospères perdraient environ 30% de leurs bénéfices totaux.
Les personnes pauvres doivent affronter non seulement le problème du manque d'argent, mais aussi des revenus irréguliers et imprédictibles. Les services de dépôts financiers peuvent avoir un effet extrêmement bénéfique en aidant à équilibrer les creux et les pics, et en garantissant que les familles ont accès à l'épargne pour couvrir leurs frais de scolarité ou besoins urgents. Et pourtant, la mirco-épargne n'a pas décollé de la même façon que les microcrédits au cours des dernières dizaines d'années.
Cette lenteur du développement de la micro-épargne, malgré la reconnaissance répandue à travers l'industrie de la microfinance des considérables bénéfices qu'elle offre en matière de lissage de la consommation, repose sur une simple raison économique. Les services de dépôts financiers coûtent cher aux institutions de microfinance. Et il est plus difficile de générer un profit à partir de clients qui effectuent des dépôts nombreux et minuscules, sans réduire massivement les coûts de transaction. Cette nouvelle étude est significative car elle montre que les institutions de microfinance peuvent intégrer des services d'épargne en tant que composants d'une offre de services globale, et qu'en faisant cela, les services de dépôts financiers permettent de surmonter leurs coûts opérationnels élevés, engrangeant des bénéfices considérables pour les institutions.
Dans les deux institutions étudiées dans ce rapport, les ventes croisées de prêts et de produits de transferts financiers aux petits épargnants étaient significatives. Chez ADOPEM, les auteurs ont relevé un taux élevé de ventes croisées de prêts aux petits épargnants, avec environ 75% des petits épargnants d'ADOPEM empruntant également à quelque moment que ce soit, tandis que Centenary Bank a généré la majorité de ses bénéfices par l'intermédiaire des frais facturés sur les petits comptes d'épargnes (une charge mensuelle de 0,56 dollar américain sur les comptes d'épargne a généré à elle seule 32% de la totalité des bénéfices sur les petits comptes d'épargne) en en offrant une gamme de produits de transferts financiers (qui ont représenté 16% de la totalité des bénéfices sur les petits comptes d'épargne). Centenary accorde également une importance substantielle aux DAB (distributeurs automatiques de billets) pour attirer et conserver ses clients, augmenter les niveaux d'épargne et réduire ses dépenses.
« Cette utilisation des DAB », explique Westley, « met en évidence le potentiel encore plus important de la réduction des coûts de transaction et de l'augmentation des soldes de dépôt en s'appuyant sur les technologies comme les téléphones portables et les dispositifs de points de vente qui permettent aux services bancaires d'être proposés hors des succursales dont la gestion est coûteuse. »
Pout télécharger le rapport, veuillez cliquer sur le lien suivant : http://www.cgap.org/gm/document-1.9.47356/OP_18_Rev.pdf
Renseignements:
Jeanette Thomas, 1-202-744-4829 ou [email protected]
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