Les groupes de médecine de famille n'ont pas tenu leurs promesses
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Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)18 mai, 2017, 08:00 ET
MONTRÉAL, le 18 mai 2017 /CNW Telbec/ - Le recentrage de la première ligne sur les groupes de médecine de famille (GMF) n'a pas amélioré l'accès aux soins de santé et risque d'impliquer des ruptures de services pour la population. C'est ce que démontre la dernière note de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), qui compare les deux modèles et analyse les impacts du transfert de ressources de l'un vers l'autre.
« Tout d'abord, miser sur les GMF n'a pas permis d'améliorer l'accès aux soins de santé et aux services sociaux. Non seulement le nombre d'inscrits auprès d'un médecin de famille a diminué, mais la transformation de cliniques médicales en GMF ainsi que le transfert de personnel des CLSC vers ceux-ci réduisent l'accès aux services de santé et aux services sociaux pour les personnes non inscrites en GMF », analyse Anne Plourde, chercheure-associée et auteure de la note.
« Entre 2003 et 2014, le pourcentage des personnes inscrites auprès d'un médecin de famille est passé de 75,5% à 63,8%. En date de 2016, ce taux est remonté à 73%, ce qui demeure inférieur à 2003 et encore loin de la cible de décembre 2017, de 85%. Cette remontée est d'ailleurs surtout due à la loi 20, qui fait peser la menace de pénalités financières sur les médecins de famille. De plus, contrairement aux CLSC qui ont une responsabilité populationnelle les obligeant à offrir leurs services à l'ensemble de la population de leur territoire, les cliniques médicales se transformant en GMF n'offrent plus de rendez-vous aux personnes non-inscrites, qui représentent près de 60% des Québécois·e·s. Pour toutes ces personnes, le virage vers les GMF implique donc des risques importants de rupture de services », explique Anne Plourde.
« Le transfert de ressources des CLSC vers les GMF représente également une forme de privatisation. Bien que les GMF soient entièrement financés par des fonds publics, ce sont pour la plupart des cliniques privées qui appartiennent aux médecins et qui sont gérées de manière privée par ceux-ci. Le gouvernement a donc très peu de contrôle sur la façon dont sont utilisées les ressources publiques investies et il peine à faire respecter ses conditions. Si l'on tient compte des trois critères d'accessibilité́ retenus par le ministère, on constate que seuls 17 % des GMF avaient en 2014 le nombre requis d'inscriptions, offraient eux-mêmes la totalité́ des heures d'ouverture requises et avaient un taux d'assiduité́ de 80 % ou plus. Et malgré les nouvelles mesures contraignantes imposées par le ministère depuis 2015, près du tiers des GMF n'atteint toujours pas le taux d'assiduité requis », affirme la chercheure.
« Enfin, si l'objectif du ministre de la Santé et des services sociaux est réellement d'améliorer la santé de la population, il faut agir en amont sur les causes de la maladie, et ce sont les CLSC qui sont les mieux placés pour le faire. Effectivement, les médecins ont comme rôle principal de soigner la maladie une fois qu'elle est apparue, et les GMF sont un modèle centré autour de ceux-ci: ils ont été créés pour correspondre à leurs exigences et leurs préférences. De leur côté, les CLSC ont été créés pour agir en prévention, à partir d'équipes multidisciplinaires. Malheureusement, on ne leur a jamais donné les moyens de remplir cette mission », conclut la chercheure.
CLSC ou GMF ? Comparaison des deux modèles et impact du transfert de ressources est disponible gratuitement sur www.iris-recherche.qc.ca.
SOURCE Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)
Gabrielle Brais Harvey, responsable aux communications, 438 862-6662, [email protected]
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