Les marchés des produits de base s'attendent à une reprise menée par la
reconstitution des stocks aux États-Unis pour répondre à la demande, selon
Études économiques Scotia
- Des zones pétrolières "compactes" devraient rajeunir le bassin sédimentaire de l'Ouest canadien
TORONTO, le 25 févr. /CNW/ - L'Indice Scotia des prix des produits de base, qui évalue les tendances influant sur le prix de 32 des principales exportations canadiennes, a bondi de 4,8 % d'un mois sur l'autre en janvier, ce qui débute 2010 sur une note très positive. L'indice global a connu une progression de 26,5 % depuis le creux cyclique observé en avril 2009.
"Pendant les premiers mois de 2010, les prix des produits de base ont été exceptionnellement volatils, faisant un bond au début de janvier en réaction à la demande spéculative de métaux de base en Chine et alors que la vague de froid, qui s'est abattue sur la plus grande partie de l'hémisphère nord, faisait grimper les prix du pétrole et du gaz", a déclaré Patricia Mohr, vice-présidente d'Études économiques Scotia et spécialiste du marché des produits de base à la Banque Scotia. "Toutefois, les prix ont sensiblement reculé de la mi-janvier au début du mois de février alors que la Chine, puis l'Inde ont commencé à resserrer leur politique monétaire pour prévenir la montée de l'inflation et la formation de bulles d'actifs, ce qui a soulevé de l'inquiétude, quoique probablement exagérée, quant à un possible ralentissement de la demande dans les marchés émergents."
Selon le rapport, les prix des produits de base devraient se raffermir au cours du premier semestre de 2010, grâce à la reconstitution des stocks de produits manufacturés et de matières premières aux États-Unis, s'ajoutant à la demande dans les marchés émergents. Les indices des gestionnaires en approvisionnement aux États-Unis ont indiqué une reprise marquée de la production et des expéditions au cours des derniers mois. En ce qui a trait au charbon à coke et au minerai de fer, une forte augmentation des prix des contrats annuels, alors que l'offre internationale limitée a du mal à répondre à la forte demande de l'Asie, contribuera aux gains.
Pétrole et gaz
En janvier, l'indice du pétrole et du gaz a dominé, grimpant de 12,5 % d'un mois sur l'autre. Le prix du brut WTI a bondi de 74,52 $ US le baril, en décembre, à 78,38 $ US le baril en janvier. Les prix ont été exceptionnellement volatiles au début de 2010, se négociant entre 69 $ US et 83 $ US, ébranlés par le reflux de l'attente de la reprise de la croissance économique américaine et mondiale.
Le prix du brut WTI se situe actuellement à 80 $ US. La demande en pétrole aux États-Unis a amorcé une reprise lente, mais avait réussi à progresser de 1,3 % d'une année sur l'autre à la mi-février. La faible demande constatée dernièrement s'explique par les fortes tempêtes de neige survenues au début de 2010 et qui ont paralysé le transport routier et ferroviaire dans l'est des États-Unis. La demande devrait augmenter à mesure que la reprise se généralisera dans le secteur industriel américain.
"De nouvelles technologies de forage - stimulation par fracturation en plusieurs étapes - favorisent le développement de nouvelles zones de forage dans l'ouest du Canada, de la même façon que cette technologie permet la mise en valeur des gisements non conventionnels de gaz naturel de schiste et de sable compact dans le bassin de Montney et de Horn River, dans le nord-est de la Colombie-Britannique et de l'Alberta", a déclaré Mme Mohr. "Alors que la zone de pétrole léger de Bakken, dans le sud-est de la Saskatchewan, est un nouveau projet, la nouvelle technologie de stimulation par fracturation offre de nouvelles possibilités d'accroître la récupération à partir des champs pétrolifères parvenus à maturité, mais inexploités, de l'Ouest canadien."
Métaux et minéraux
L'indice des métaux et minéraux a également progressé de 1 % d'un mois sur l'autre en janvier. La vigueur généralisée des métaux de base et des éléments d'alliage de l'acier (molybdène et cobalt) a été tempérée par une forte chute des prix de la potasse qui ont actuellement atteint un creux.
Le prix au comptant de l'uranium a reculé à un faible niveau de 41,75 $ US la livre, en baisse par rapport à 54 $ US à la mi-juin 2009. Les prix des contrats à long terme, avant l'escalade au moment de la livraison, ont aussi baissé à 60 $ US, comparativement à 70 $ US il y a un an.
"L'annonce, l'été dernier, par le département de l'Énergie des États-Unis, selon laquelle il échangerait des quantités importantes de ses surplus d'hexafluorure d'uranium sur une période de quatre ans pour payer des travaux de dépollution à proximité d'une usine d'enrichissement de l'uranium en Ohio a influencé les prix", a observé Mme Mohr. "Cependant, la situation a évolué de façon positive puisque le secrétaire américain à l'Énergie, Steven Chu, a récemment indiqué que le Département de l'Énergie a réévalué sa décision et ne fera pas d'échange au cours des exercices 2011-2013.
"Le département de l'Énergie a fait une demande de crédits en utilisant le processus budgétaire normal", a poursuivi Mme Mohr. "Cette décision fait suite au discours du président Obama sur l'état de l'Union, dans lequel il a insisté sur les avantages de l'énergie nucléaire qui n'émet pratiquement pas de gaz à effet de serre, ainsi qu'a d'importantes critiques de l'industrie minière de l'uranium de l'ouest des États-Unis, qui a connu des pertes d'emploi causées par la baisse des prix de l' uranium."
Produits forestiers
L'indice des produits forestiers a augmenté de 3,3 % d'un mois sur l'autre, ce qui constitue la deuxième hausse en importance pour janvier. Le prix des 2x4 en pin-sapin-épinette de l'Ouest a bondi et atteint 290 $ US à la mi-février (un gain de 90 % sur douze mois), niveau vraiment lucratif et supérieur au seuil de rentabilité eu égard au coût complet tenant compte de la moins-value pour les producteurs de l'intérieur de la Colombie-Britannique et de la taxe sur les exportations vers les États-Unis.
"Alors que la remontée du nombre de mises en chantier aux États-Unis demeure fragile et lente, la neige tombée dans de nombreuses régions du pays en janvier et en février ayant contribué à paralyser ce secteur, les stocks de bois d'œuvre dans l'ensemble du réseau de distribution ont plongé à des niveaux exceptionnellement bas à la fin de 2009, et les négociants américains doivent maintenant composer avec des contraintes d'approvisionnement au moment où ils reconstituent leurs stocks", a expliqué Mme Mohr.
Les scieries de l'intérieur de la Colombie-Britannique ne fonctionnent qu'entre 50 % et 60 % de leur capacité, et Canfor et West Fraser ont récemment annoncé qu'elles ne prévoyaient pas accroître leur production à court terme. Environ 43 % de la capacité des scieries américaines et canadiennes est actuellement interrompue, et des chutes de pluie record continuent de faire obstacle à l'exploitation forestière dans le sud des États-Unis, ce qui contribue à la hausse des prix.
Indice des produits agricoles
En dernier lieu, l'indice des produits agricoles a progressé de 1,9 % d'un mois sur l'autre en janvier. Les prix du bœuf et du porc se sont redressés après s'être situés à des niveaux très faibles, et le prix du homard de la côte de l'Atlantique a connu une hausse saisonnière, ce qui a permis de compenser la légère baisse des cours du blé et du canola.
"Bien que les exportations de graines de canola risquent de souffrir de l'interdiction décrétée par la Chine le 15 novembre sur le canola canadien affecté par la maladie de la jambe noire, sauf dans les ports des régions chinoises où on ne cultive pas le colza, les exportations ont repris vers l'Europe, et la progression de la capacité de broyage au pays permettra de compenser en grande partie le ralentissement de l'activité", a précisé Mme Mohr.
Études économiques Scotia propose à sa clientèle une analyse approfondie des facteurs qui façonnent les perspectives du Canada et de l'économie mondiale, notamment l'évolution macroéconomique, les tendances des marchés de change et des capitaux, le rendement des produits de base et de l'industrie ainsi que les enjeux relatifs aux politiques monétaires, fiscales et gouvernementales.
Renseignements: Patricia Mohr, Études économiques Scotia, (416) 866-4210, [email protected]; Robyn Harper, Relations publiques, (416) 933-1093, [email protected]
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