Les médecins contestent le ticket
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Fédération des médecins omnipraticiens du Québec - FMOQ28 avr, 2010, 10:30 ET
Médecins québécois pour le régime public (MQRP) Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) Collège québécois des médecins de famille (CQMF) Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) Association des médecins de CLSC du Québec (AMCLSCQ) Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ) Dr Pierre Durand, doyen de la Faculté de médecine de l'Université Laval Dr Réjean Hébert, doyen de la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke
MONTRÉAL, le 28 avr. /CNW Telbec/ - Le budget Bachand 2010 propose une franchise santé calculée en fonction du nombre de consultations médicales effectuées durant l'année, ce qui équivaut à un ticket modérateur. Réunis aujourd'hui à Montréal, les représentants de plusieurs organisations médicales ont témoigné leur opposition à un tel projet, qu'ils jugent inacceptable.
"Au Québec, nous nous sommes battus pour obtenir, au début des années 1970 une assurance maladie universelle et publique où les soins sont prodigués, non pas en fonction du portefeuille, mais bien des besoins. Il s'agissait, par solidarité sociale, de partager collectivement les risques associés à la maladie individuelle. À notre avis, le ticket modérateur et le principe de "l'utilisateur-payeur" sont tout à fait contraires aux principes d'universalité et d'accessibilité de notre système de santé" a déclaré d'emblée la présidente des Médecins québécois pour le régime public (MQRP), la Dre Marie-Claude Goulet.
De son côté, le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Louis Godin, a rappelé l'importance d'assurer l'accessibilité à une première ligne de soins forte : "La mise en place d'une franchise santé, telle que présentée dans le dernier budget du gouvernement du Québec, nous semble inacceptable. L'idée que les Québécois aient à défrayer un coût pour chaque consultation médicale est une mauvaise idée, qui risque de compromettre l'accessibilité aux soins pour beaucoup de personnes qui en ont grandement besoin. Cela nous ramènerait en quelque sorte 40 ans en arrière alors que l'accès aux soins dépendait trop souvent de la santé financière des gens. Les médecins n'ont pas à tenir compte de la capacité de payer de leurs patients lorsqu'ils les suivent et les soignent. Au lieu de chercher à faire payer ceux qui ont le plus besoin de soins, consacrons plutôt nos efforts à une meilleure organisation de notre première ligne de soins et à une bonification des ressources qui y sont allouées", a déclaré le Dr Godin.
"Le ticket modérateur aura un effet négatif sur la santé des Québécois en retardant des consultations nécessaires et en nuisant à la promotion de la santé, à la prévention et à la prise en charge des maladies chroniques. Les Québécois sont, au Canada, ceux qui ont le moins accès à un médecin de famille. En effet, un Québécois sur quatre n'a pas de médecin de famille contre seulement un sur treize en Ontario. Le gouvernement devrait tenter de favoriser l'accès aux médecins. Avec le ticket modérateur, il va plutôt restreindre encore plus l'accès des Québécois au système de santé", a affirmé à son tour le Dr Guillaume Charbonneau, président du Collège québécois des médecins de famille (CQMF).
En se fiant à des études sur le sujet, les médecins arrivent à la conclusion qu'aucune diminution des coûts n'est en réalité garantie par une telle initiative, bien au contraire. Représentant les doyens, le Dr Pierre J. Durand, lui-même doyen de la Faculté de médecine de l'Université Laval, est d'avis que le ticket modérateur aura le même effet que partout ailleurs. "Comme dans d'autres pays, des patients retarderont ou annuleront leurs consultations. C'est la continuité des soins qui est en cause ici", a-t-il mentionné. Se fondant sur l'absence de preuve de son efficacité, le Dr Durand a critiqué la notion de ticket modérateur. "Aucun avantage n'a jamais été prouvé dans la littérature médicale. Dans la perspective du vieillissement de la population et de la pandémie de maladies chroniques qui l'accompagne, cette mesure va à l'encontre de l'adaptation essentielle du système de santé à ces nouveaux défis", a-t-il ajouté.
Au nom de la relève médicale, la présidente de la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ), Mme Myriam Auclair, a tenu aussi à exprimer son point de vue. "Un ticket modérateur constitue une option éthiquement douteuse, médicalement indéfendable et d'autant plus injustifiée que les jeunes familles, les personnes âgées, les malades chroniques et les patients les plus pauvres en seront les premières victimes", a-t-elle précisé.
Résumant les positions et réitérant l'opposition des organisations médicales présentes, le président de l'Association des médecins de CLSC du Québec (AMCLSCQ), le Dr Sylvain Dion, a conclu en affirmant que la mise en place d'un ticket modérateur n'était pas souhaitable au Québec. "Nous rejetons le concept d'une franchise santé, modulée ou non, liée à la consommation de soins et à un nombre de consultations médicales. Trop de clientèles particulières et vulnérables pourraient être victimes d'une telle mesure", a-t-il conclu.
La déclaration complète de cette coalition a été endossée par Médecins québécois pour le régime public (MQRP), la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Collège québécois des médecins de famille (CQMF), la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ), l'Association médicale du Québec (AMQ), la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ), l'Association des médecins de CLSC du Québec (AMCLSCQ) de même que par les docteurs Réjean Hébert et Pierre J. Durand, doyens des facultés de médecine des universités de Sherbrooke et Laval. Le texte complet est disponible sur les sites de ces organisations.
Renseignements: Jean-Pierre Dion (FMOQ et AMCLSCQ), (514) 878-9160; Raymonde Danis, (MQRP), (514) 638-6659; Nicole Cloutier, (CQMF), (514) 527-7488; Myriam Auclair, (FMEQ), (514) 794-3290; Johanne Carrier, (FMRQ), (514) 591-0502
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