Les médecins résidents contestent les gardes de 24 h - La privation de
sommeil: Impact sur la mémoire et sur la performance
MONTRÉAL, le 28 avr. /CNW Telbec/ - "Le fait de manquer même une seule nuit de sommeil a des conséquences sévères sur la capacité de l'être humain à traiter de l'information", a déclaré aujourd'hui le Professeur Roger Godbout, le premier témoin expert à être entendu, dans le cadre de l'arbitrage d'un grief visant à réduire de 24 à 16 le nombre d'heures consécutives de travail des médecins résidents lors des gardes. Ce grief a été déposé auprès du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), par l'Association des résidents de McGill (ARM). Depuis, les trois autres associations de médecins résidents de Montréal, Sherbrooke et de l'Université Laval à Québec) ont donné leur appui à l'ARM dans ce dossier. Les médecins résidents réclament la limitation du nombre d'heures consécutives de garde à 16 h. Leur requête est basée sur des études scientifiques de plus en plus nombreuses, comme celles du Professeur Godbout, qui démontrent les effets nocifs de la privation de sommeil.
Interrogé sur l'impact de la privation de sommeil chez l'humain en général, le Professeur Godbout a souligné au cours de son intervention qu' "une seule nuit sans sommeil entraîne un traitement moins structuré de l'information, interfère avec la capacité de mettre en mémoire du matériel appris juste avant la nuit, diminue la capacité des individus en lien avec les processus alloués à l'identification des détails". Seule la mémoire des lieux et des personnes semble mieux résister, selon le chercheur spécialisé dans les troubles du sommeil.
Dans un contexte où les médecins résidents sont en apprentissage au sein des équipes de soins et qu'ils dispensent des soins et des services de santé sur une base quotidienne, la Fédération des médecins résidents du Québec est d'avis qu'il y a lieu de revoir la façon de distribuer leurs heures de travail et leurs horaires de garde, tant pour leur sécurité que pour celle de leurs patients.
Le directeur du Laboratoire de recherche sur le sommeil humain à l'Hôpital Rivière-des-Prairies et psychologue coordonnateur de la Clinique spécialisée d'évaluation diagnostique des troubles du sommeil insiste sur le fait que la privation de sommeil a un impact même si les individus eux-mêmes ne le perçoivent pas. "On note toutes sortes de difficultés chez les individus lorsqu'ils sont privés de sommeil, soutient le Professeur Godbout, notamment la perte de mémoire à court terme, une sensibilité accrue à la distraction, des problèmes d'apprentissage de mémoire implicite (réflexe), un allongement des temps de réaction, une diminution des capacités d'attention automatique et une possibilité accrue de somnolence". Le Professeur Godbout conclut en soulignant qu'une nuit sans sommeil affecte la performance des êtres humains d'une façon similaire à une consommation d'alcool (0,08 mg/ml), soit un niveau considéré illégal pour conduire une voiture au Québec.
L'arbitrage du grief sur les horaires de garde se poursuivra demain et vendredi, les 29 et 30 avril, alors que d'autres témoins experts seront invités à prendre la parole pour réitérer la nécessité de revoir les modèles traditionnels de garde des médecins résidents et présenter des données recueillies auprès de divers groupes de médecins résidents, dans un contexte de travail.
La Fédération des médecins résidents du Québec
La Fédération des médecins résidents du Québec regroupe les quatre associations de médecins résidents des facultés de médecine de Montréal, McGill, Sherbrooke et Laval à Québec. Elle compte près de 3 000 membres, dont le quart se destine à une pratique en médecine familiale. Les autres poursuivent une formation dans l'une des 35 spécialités reconnues au Québec. De ce nombre, 38 % sont des hommes et 62 %, des femmes. La durée de la formation postdoctorale en médecine familiale est de deux ans; celle des médecins spécialistes varie de cinq à six ans, selon la spécialité choisie.
Renseignements: et entrevues: Johanne Carrier, Conseillère en communications, Fédération des médecins résidents du Québec, Téléavertisseur: (514) 751-9983, Cellulaire: (514) 591-0502, (514) 282-0256, 1-800-465-0215
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