Les personnes handicapées visuelles réclament l'adoption du Programme des
aides visuelles

MONTRÉAL, le 3 déc. /CNW Telbec/ - En cette journée internationale des personnes handicapées, le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) réclame du ministère de la Santé et des Services sociaux l'adoption immédiate du programme des aides visuelles.

Si vous parlez à n'importe quelle personne qui a une déficience visuelle, elle vous confirmera l'importance qu'ont les aides visuelles dans sa vie. Les aides visuelles sont un peu notre pain et notre beurre. Lorsqu'on y a accès, on a notre carburant et on peut foncer. Que sont les aides visuelles? Et bien, ce sont des outils, des instruments des appareils qui vont du plus simple au plus complexe et qui, dans la majorité des cas, requièrent l'acquisition de techniques spécifiques d'utilisation. Un exemple est la canne blanche, un objet qui a l'air tout simple mais qui est très bien conçu. Avec les techniques d'orientation et mobilité nécessaires à son utilisation, elle permet aux personnes de se déplacer de façon autonome et sécuritaire. D'autres exemples d'aides visuelles sont les télévisionneuses qui agrandissent considérablement le contenu d'une page, les montres parlantes et les logiciels de revue d'écran qui, entre autres, permettent d'entendre les textes à l'écran d'un ordinateur.

Il faut dire que les personnes handicapées visuelles ont recours à des aides visuelles depuis toujours. Mais à l'époque actuelle, les aides visuelles ont pris un essor sans précédent, bien entendu, à cause des avancées technologiques. Aujourd'hui, grâce aux innovations de la technologie, le potentiel d'inclusion et de participation sociale pour les personnes aveugles ou malvoyantes est immense. Par contre, il faut que les personnes aient accès à ces aides. On ne doit pas les retrouver uniquement dans les salles d'exposition de nouvelles technologies ni dans les quelques reportages sur ce qu'il y a de nouveau pour les personnes aveugles. Leur place, c'est dans la vie des personnes pour lesquelles elles ont été conçues.

Il est important de clarifier que notre regroupement ne reproche pas un manque d'accès total aux aides visuelles. Loin de là. Au Québec, il y a le programme des aides visuelles qui est géré par la Régie de l'assurance maladie du Québec depuis environ trente ans, bien qu'à ces débuts, il portait un nom différent. Grâce à ce programme et selon des règles d'admissibilité et d'attribution précises, les personnes ayant des limitations visuelles sont en mesure de se déplacer, de communiquer par écrit et d'accomplir de nombreuses tâches de la vie courante.

Le problème est que la dernière révision du Programme des aides visuelles date de 1999 et ne répond pas correctement aux besoins. En voici quelques lacunes importantes. Le programme actuel ne permet pas à des catégories de personnes, notamment celles qui ne sont ni aux études ni à l'emploi, d'obtenir des aides qui leur sont nécessaires. Dans la version actuelle du programme, il est impossible d'intégrer des aides de hautes technologies qui ont été développées plus récemment. Le programme actuel est tellement désuet que les intervenants en réadaptation doivent faire des acrobaties administratives, une quantité de demandes spéciales pour répondre aux besoins de leurs clients. Bien que leurs efforts et leur bonne volonté sont louables, cette situation est inquiétante parce qu'on glisse de plus en plus vers l'arbitraire.

Il n'y a pas de débat en ce qui a trait à la nécessité de réviser le programme des aides visuelles. Le ministère de la Santé et des Services sociaux admet cette nécessité puisqu'il a entamé en 2002 un processus de révision du programme. Cependant, le comportement du MSSS démontre clairement que la révision de ce programme si crucial est la dernière de ses priorités. Sinon, nous ne serions pas là, sept ans plus tard, à attendre le nouveau programme sans idée, sans garantie de son aboutissement. Sept années, c'est long pour une personne qui a perdu la vue et qui est en quête de solutions. Pensez à toutes les opportunités manquées et qui, trop souvent, ne reviendront plus alors que la science et la technologie auraient pu faire une différence.

Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec déclare que le ministère de la Santé et des services sociaux fait preuve de haute négligence et ne respecte pas les droits des personnes aveugles et amblyopes. En 2004, le Québec a adopté la Loi assurant l'exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale. En 2009, il a adopté la politique À part entière qui vise à éliminer les obstacles à la participation sociale des personnes ayant des limitations fonctionnelles. Cette loi, cette politique et bien d'autres initiatives légales affirment que l'exercice des droits des personnes handicapées requiert des moyens concrets.

Qu'y a-t-il de plus évident et concret que l'adoption du Programme des aides visuelles. En cette journée internationale des personnes handicapées, nous réclamons l'adoption immédiate du programme des aides visuelles, et ce, en tant que citoyens "À part entière".

Le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (RAAQ) est un organisme qui regroupe 13 associations régionales de personnes handicapées visuelles réparties à travers le Québec. Au cours de ses 34 années d'existence, le RAAQ a eu pour mission de promouvoir les intérêts et défendre les droits des personnes aveugles et amblyopes afin de favoriser leur intégration à part entière dans tous les domaines de l'activité humaine.

Renseignements: Florence Pardo, directrice générale, Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec., [phone]