Les banques alimentaires des grandes régions urbaines ont été plus susceptibles de faire face à une demande accrue en raison des pertes d'emploi liées à la COVID-19; les banques alimentaires locales réforment leurs modèles de services pour répondre aux besoins.
TORONTO, le 2 déc. 2020 /CNW/ - Malgré l'augmentation fulgurante du chômage au cours des trois premiers mois de la pandémie, les politiques sociales ont permis de contrôler temporairement la hausse de la demande dans les banques alimentaires qui aurait sans doute eu lieu sinon. Un nouveau rapport de Banques alimentaires Canada, Les banques alimentaires face à la COVID-19 - Un aperçu national, présente les résultats d'un sondage auprès de 1 000 banques alimentaires du pays. On a constaté que le soutien gouvernemental, comme la Prestation canadienne d'urgence (PCU) et la bonification de l'Allocation canadienne pour enfants (ACE), était considéré comme le plus grand facteur qui avait aplati la courbe du recours aux banques alimentaires au début de la crise de COVID-19.
Malgré ces soutiens sans précédent en matière de sécurité du revenu, de nombreuses personnes sont tombées entre les mailles du filet et se sont tournées vers leurs banques alimentaires locales, alors que celles-ci faisaient face à d'importants défis pour se procurer de la nourriture et adapter leurs services en raison de la pandémie. Pour ce qui est de l'avenir, les banques alimentaires sont sur leurs gardes et s'inquiètent de la possibilité d'une hausse de la demande suivant la diminution de l'aide gouvernementale temporaire. Avant la pandémie, les banques alimentaires du Canada recevaient 1,1 million de visites par mois, et bon nombre d'entre elles fonctionnaient à la limite de leur capacité.
« Malgré les nouvelles initiatives de politique sociale, de nombreuses banques alimentaires ont dû composer avec les besoins accrus de leurs clients, surtout dans les grands centres urbains, tout en adaptant leurs activités pour se conformer à une réglementation qui change sans cesse, explique Kirstin Beardsley, chef des Services du réseau de Banques alimentaires Canada. Ce qu'on se demande, maintenant, c'est ce qui va arriver lorsqu'il y aura d'autres pertes d'emploi dans les industries à risque. La situation dans ces villes pourrait être sur le point de basculer. »
C'est dans les centres urbains de 100 000 habitants ou plus et les régions où une part importante de la main-d'œuvre travaille dans les industries les plus durement touchées que la demande augmente le plus.
Les banques alimentaires situées dans des régions où un grand nombre de personnes travaillaient dans les secteurs particulièrement touchés par la pandémie, comme le tourisme, le transport ou l'hôtellerie, étaient plus susceptibles d'enregistrer une hausse au cours de cette période. En fait, 87 % des banques alimentaires où l'utilisation a augmenté ont attribué cette hausse à des pertes d'emploi liées à la COVID-19.
Certains groupes démographiques étaient plus susceptibles de passer entre les mailles du filet. Par exemple, le recours aux banques alimentaires par les adultes vivant seuls a augmenté de 36 % entre février 2020 et juin. Avec la fin de la PCU, si les taux de reprise des emplois et de l'aide sociale provinciale restent stagnants - des taux qui sont déjà bien inférieurs au seuil de pauvreté officiel du Canada -, les banques alimentaires auront du mal à répondre aux besoins à long terme de ce groupe. Il est essentiel de mettre en place de nouvelles mesures de soutien du revenu permanentes et d'autres politiques sociales afin que les Canadiens puissent joindre les deux bouts.
Recommandation en matière de politique : Financer et élaborer, en collaboration avec les provinces et les territoires, de multiples projets pilotes de seuil de revenu minimum de divers types partout au pays (dans les collectivités rurales et urbaines). Considérer les adultes vivant seuls à faible revenu comme une priorité afin de veiller à ce que cette population vulnérable ne soit plus oubliée. À court terme, faire du programme temporaire d'assurance-emploi un programme permanent visant à réduire l'incertitude dans la vie des travailleurs déjà touchés par la pandémie et dans les années difficiles à venir.
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Les locataires à faible revenu sont plus susceptibles d'avoir de la difficulté à payer leur logement pendant la pandémie, particulièrement dans les grands centres urbains.
Avant la pandémie, les banques alimentaires relevaient déjà que le coût élevé du logement était l'une des principales raisons pour lesquelles les gens leur demandaient du soutien. En 2019, 70 % des clients des banques alimentaires vivaient dans des logements locatifs privés.
Des recherches ont démontré que les ménages qui sont locataires plutôt que propriétaires ont moins d'actifs pour amortir les chocs économiques soudains qui augmentent les risques d'insécurité alimentaire. Dans toutes les provinces, avant la pandémie, le groupe dont les revenus sont les plus bas consacrait bien plus de 50 % de son revenu au coût du loyer et des services publics, un niveau de dépense considéré comme « critique », laissant une faible marge de manœuvre pour combler d'autres besoins de base comme la nourriture et augmentant les risques d'itinérance. La pandémie n'a fait qu'exacerber cette précarité du logement pour les locataires qui ont perdu leur emploi; les prestations comme la PCU n'étaient pas suffisants pour couvrir entièrement le loyer et la nourriture. Par exemple, une étude menée par la Daily Bread Food Bank à Toronto a révélé que le pourcentage de clients des banques alimentaires confrontés à de graves problèmes d'abordabilité du logement est passé de 67 % à 81 % pendant la pandémie. De plus, dans un rapport publié hier, Feed Ontario a constaté qu'un client de banques alimentaires sur deux craignait d'être expulsé ou en défaut de paiement de son hypothèque au cours des deux à six prochains mois.
Recommandation en matière de politique : Mettre immédiatement en œuvre un programme de soutien au loyer fondé sur une version élargie de l'Allocation canadienne d'aide au logement afin que les Canadiens ayant de la difficulté à payer leur loyer puissent recevoir de l'aide en attendant que la Stratégie nationale sur le logement soit appliquée dans son intégralité. De plus, augmenter considérablement le montant que le gouvernement fédéral prévoit investir dans l'Allocation canadienne d'aide au logement annoncé afin que toutes les personnes à faible revenu y soient admissibles (c'est-à-dire éliminer le nombre limite de citoyens admissibles pouvant présenter une demande).
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Une grande préoccupation est que le manque de services de garde abordables empêche les femmes de travailler après la pandémie.
La rareté des services de garde abordables est un facteur d'utilisation des banques alimentaires depuis des années, et la pandémie ne fait que l'exacerber. À Toronto, en 2018, les frais moyens de garde d'enfants étaient supérieurs à 20 000 $ par année, par enfant, et les services de garde sont aussi dispendieux dans la plupart des villes canadiennes, même dans les provinces où ils sont subventionnés. Les ramifications économiques de la pandémie ont été particulièrement difficiles pour les femmes. Au cours des six premiers mois, le nombre de femmes dans la population active canadienne a chuté à 55 %, un niveau qui n'avait pas été observé depuis le milieu des années 1980. Le Canada a besoin d'un système qui aidera ces femmes à retourner au travail.
Recommandation en matière de politique : Accélérer l'engagement du gouvernement à élaborer un programme national d'apprentissage et de garde des jeunes enfants. Le plan doit prévoir une augmentation considérable de l'investissement fédéral dans l'apprentissage et la garde des jeunes enfants et l'établissement d'objectifs mesurables visant un meilleur accès à des services de garde abordables et de qualité financés par l'État dans l'ensemble des provinces et des territoires dans un délai de six mois, compte tenu de l'urgence de la situation.
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Les banques alimentaires sont en mesure d'innover, de s'adapter rapidement aux besoins changeants de leurs communautés et de mobiliser les intervenants locaux en situation de pandémie.
La capacité d'adaptation des banques alimentaires à la crise de COVID-19 est le résultat de créativité, d'innovation pratique et de beaucoup d'huile de coude. Bon nombre des quelque 3 000 banques alimentaires et organismes communautaires soutenus par Banques alimentaires Canada ont relevé d'importants défis dans la fourniture de services essentiels à leurs clients. Ils ont dû modifier leurs activités pour répondre aux exigences changeantes en matière de distanciation sociale, réduire considérablement le nombre de bénévoles et d'employés et diminuer de 50 % les dons alimentaires dans certains marchés au début de la pandémie.
Pendant la pandémie, près de 50 % des banques alimentaires ont fourni un soutien alimentaire ou partagé des aliments dans le cadre de programmes d'urgences non gérés par les organismes qu'elles aident habituellement, comme des programmes scolaires, des logements sociaux, des organismes de services sociaux ou des banques alimentaires voisines. L'ajustement le plus important a été l'introduction de la livraison à domicile; près de 70 % des banques alimentaires interrogées ont lancé un tel service afin de mieux servir les gens plus à risque pendant la pandémie, comme les personnes âgées ou handicapées.
Voici d'autres changements moins connus :
- Tirer parti des relations avec les fournisseurs, les municipalités et la santé publique : En Alberta, la ville de Leduc a prêté ses chauffeurs à la banque alimentaire pour les livraisons, alors qu'à Lac du Bonnet, au Manitoba, la banque alimentaire a collaboré avec la santé publique locale pour identifier les populations souffrant d'insécurité alimentaire et livrer des paniers.
- Nouer de nouveaux partenariats pour se préparer à une hausse de la demande : De nombreuses entreprises, en particulier les restaurants, ont été confrontées à une baisse de leurs activités, mais elles ont également été parmi les premières à aider les banques alimentaires du pays en prêtant des espaces de congélation et d'entreposage, des véhicules pour la livraison ainsi que l'équipement de protection individuelle essentiel.
- Élargir les services pour mieux répondre aux besoins : Les banques alimentaires ont servi des groupes de personnes ayant des besoins spéciaux comme les sans-abri, des élèves qui ne bénéficiaient plus des programmes de repas scolaires en raison des fermetures obligatoires d'écoles et des personnes âgées qui avaient besoin de livraison à domicile.
À propos de Food Banks and COVID-19 - A National Snapshot
Il s'agit de la seule étude nationale sur les banques alimentaires et les autres programmes alimentaires au Canada pendant la pandémie de COVID-19. Les données ont été recueillies dans le cadre d'un sondage mené auprès de 1 000 banques alimentaires et organismes communautaires du Canada de juin à août 2020. Pour consulter le rapport complet, visitez : https://www.foodbankscanada.ca/COVID-Report-FR.aspx
À propos de Banques alimentaires Canada
Banques alimentaires Canada fait preuve de leadership à l'échelle nationale pour soulager la faim aujourd'hui et prévenir la faim demain, en collaboration avec le réseau des banques alimentaires partout au pays. Depuis 40 ans, les banques alimentaires aident les Canadiens vivant dans l'insécurité alimentaire. Plus de 3 000 banques alimentaires et organismes communautaires joignent leurs efforts pour servir les personnes les plus vulnérables. L'an dernier, selon les données du Bilan-Faim, ils ont reçu plus de 1,1 million de visites par mois. Dans la dernière décennie, le réseau a reçu et distribué plus de 635 millions de kilos de denrées alimentaires. De plus, Banques alimentaires Canada a versé près de 70 millions de dollars pour maximiser les retombées collectives et la capacité locale des banques alimentaires tout en militant afin de réduire la nécessité d'y recourir. Notre vision est claire : nous voulons créer un Canada où personne ne souffre de la faim. Visitez http://www.foodbankscanada.ca/ pour en savoir plus.
SOURCE Banques alimentaires Canada
Pour les demandes d'entrevue ou pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec : Danielle Lalonde| [email protected]
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