LES POSTES POUR LES JEUNES MÉDECINS SPÉCIALISTES : LE MINISTRE PROCRASTINE
MONTRÉAL, le 29 oct. /CNW Telbec/ - « Les médecins spécialistes en formation qui débuteront leur pratique en juillet 2011 ont de la difficulté à trouver des postes au Québec, a déclaré le docteur Charles Dussault, président de la Fédération des médecins résidents du Québec. Malgré des besoins criants partout au Québec, certains établissements ne peuvent pas recruter, parce que le ministre a décidé, il y a deux ans, de ne pas octroyer de nouveaux postes afin de revoir le processus de répartition des médecins spécialistes au Québec ». Le Dr Dussault dénonce l'inaction du ministre de la Santé et des Services sociaux dans ce dossier. « C'est le ministre qui autorise annuellement le nombre de postes permettant aux établissements de recruter des médecins spécialistes, a poursuivi le Dr Dussault. Depuis 2003, il a doublé le nombre d'admissions en médecine, mais il limite toujours les opportunités d'emploi à la fin de la formation ».
Aucun nouveau poste depuis 2008 en spécialité
En 2008, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec décidait qu'il n'ajouterait aucun poste en spécialité dans les établissements, afin de revoir le processus de planification des effectifs médicaux, nous disait-il. En 2009, rien ; en 2010, toujours rien, absolument rien. Aucun poste n'a été alloué au Québec. Aujourd'hui, il nous sert encore le même discours alors qu'il n'y a plus assez de postes pour les médecins présentement en formation en spécialité. « On forme des médecins à grands frais, soutient le Dr Dussault, des médecins qui souhaitent travailler au Québec, mais on néglige de s'assurer qu'ils auront un poste à la fin de leur formation. C'est inacceptable, inconcevable! »
L'art d'améliorer l'accessibilité aux soins…
Lorsque les finissants arrivent dans le réseau de la santé et qu'on n'a pas de poste à leur offrir, on leur demande de prolonger leur formation par une surspécialisation pendant un, deux ou trois ans, ou de se réorienter dans une discipline connexe, en attendant qu'un poste se libère, comme c'est le cas pour nos finissants en chirurgie cardiaque. « C'est inadmissible, a soutenu le Dr Dussault. Le gouvernement a un devoir moral de trouver un poste à tous les médecins qu'il forme. Il crie au loup qu'il y a une pénurie mais, depuis 2008, il refuse d'agir ».
Des chiffres qui en disent long
Pendant ce temps, on constate un surplus d'effectifs dans plusieurs spécialités (voir tableau). « C'est insensé, fustige le docteur Dussault. Parmi les médecins résidents susceptibles de débuter leur pratique en juillet 2011, alors que le gouvernement offre un accès gratuit à la fécondation in vitro, seuls 13 postes sont disponibles pour les 36 nouveaux obstétriciens-gynécologues. Les 33 nouveaux hémato-oncologues se verront offrir 21 postes. Les 44 nouveaux spécialistes en anesthésiologie devront se battre pour obtenir un des 31 postes disponibles. Au même moment, on prévoit offrir 21 postes aux 44 nouveaux cardiologues, et aucun poste aux 7 finissants en chirurgie cardiaque. Et lorsqu'on regroupe les postes en chirurgie générale, vasculaire et thoracique, il manquera 11 postes sur les 27 postes disponibles». Pourtant, on décrie le fait que les femmes enceintes n'aient pas accès à un obstétricien, on veut mettre plus d'énergie sur les maladies cardiovasculaires et on n'ajoute pas de postes. On fait du cancer une priorité et certaines chirurgies sont encore hors des délais médicalement requis. Conséquemment, le nombre de postes disponibles est inférieur au nombre de médecins qui complètent leur formation.
« À cela s'ajoutent les incongruités du système, de souligner le président de la FMRQ. On maintient les contingents de diplômés hors Canada et États-Unis (DHCEU) et on multiplie les mesures pour les intégrer au système de santé québécois, on favorise l'accueil de médecins étrangers par le biais de nouvelles ententes de mobilité professionnelle, on maintient un nombre élevé d'admissions en médecine dans nos facultés, mais on oublie de s'assurer qu'ils auront eux aussi un poste à la sortie et on appelle ça de la planification. C'est insensé ! »
La Journée Carrière Québec, la rencontre de l'offre et de la demande
La Fédération déplore la lenteur dont fait preuve le gouvernement dans l'élaboration des plans régionaux d'effectifs médicaux (PREM) en spécialité qui déterminent les endroits où les finissants pourront exercer la médecine. « Plusieurs nouveaux médecins spécialistes qui débuteront leur pratique en juillet 2011 dénoncent des recherches infructueuses, que ce soit parce que les établissements n'ont pas l'autorisation du gouvernement de recruter pour les accueillir ou parce que les équipements et le personnel ne sont pas disponibles ».
« Chaque année depuis 15 ans, rappelle le Dr Dussault, la Fédération des médecins résidents du Québec multiplie les efforts afin que les médecins en formation et les établissements du Québec puissent se rencontrer et échanger sur les aspirations et compétences des uns et les besoins et attentes des autres. Pendant ce temps, le ministre reporte constamment les échéances et, encore une fois cette année, les postes pour permettre le recrutement ne sont pas au rendez-vous. Les médecins en formation sont conscients des besoins et soucieux d'y répondre mais, il y a des limites à la procrastination », de déclarer le président de la FMRQ.
Qu'attend le ministre pour agir ?
« Ça fait trois ans que le ministre y pense, conclut le Dr Dussault. Il est temps qu'il agisse et alloue des postes, en s'assurant que les ressources humaines et matérielles seront disponibles et que ces postes permettront à la relève de répondre aux besoins de la population ».
La Fédération des médecins résidents du Québec
La Fédération des médecins résidents du Québec regroupe les quatre associations de médecins résidents des facultés de médecine de Montréal, McGill, Sherbrooke et Laval à Québec. Elle compte quelque 3 000 membres, dont le quart se destine à une pratique en médecine familiale. Les autres poursuivent une formation dans l'une des 35 spécialités reconnues au Québec. De ce nombre, 38 % sont des hommes et 62 %, des femmes. La durée de la formation postdoctorale en médecine familiale est de deux ans; celle des médecins spécialistes varie de cinq à six ans, selon la spécialité choisie.
SPÉCIALITÉ | FINISSANTS DISPONIBLES |
PREM DISPONIBLES |
Radio-oncologie | 22 | 7 |
Obstétrique-gynécologie | 35 | 13 |
Urologie | 16 | 7 |
Chirurgie générale | 38 | 18 |
Cardiologie | 44 | 21 |
Ophtalmologie | 27 | 14 |
Neurochirurgie | 5 | 3 |
Neurologie | 20 | 12 |
Hématologie et oncologie médicale | 36 | 23 |
Oto-rhino-laryngologie | 14 | 9 |
Radiologie diagnostique | 44 | 30 |
Gastro-entérologie | 14 | 10 |
Psychiatrie | 73 | 53 |
Anesthésiologie | 44 | 32 |
Microbiologie médicale et infectiologie | 15 | 11 |
Chirurgie orthopédique | 25 | 19 |
Pneumologie | 12 | 11 |
Chirurgie cardiaque | 7 | 7 |
Chirurgie plastique | 14 | 14 |
Néphrologie | 8 | 8 |
Médecine interne | 29 | 31 |
Génétique médicale | 7 | 8 |
Pédiatrie générale | 29 | 34 |
Anatomopathologie | 10 | 12 |
Santé communautaire | 13 | 16 |
Endocrinologie | 12 | 17 |
Médecine d'urgence | 9 | 13 |
Immunologie clinique et allergie | 5 | 8 |
Rhumatologie | 6 | 11 |
Médecine nucléaire | 5 | 13 |
Physiatrie | 5 | 17 |
Dermatologie | 8 | 31 |
Gériatrie | 3 | 16 |
Biochimie médicale | 1 | 7 |
Total | 658 | 556 |
Renseignements:
Source : | Dr Charles Dussault, président |
Fédération des médecins résidents du Québec | |
Renseignements et entrevues : |
Johanne Carrier Conseillère en communications Fédération des médecins résidents du Québec Téléavertisseur : 514 751-9983 Cellulaire : 514 591-0502 Bureau : 514 282-0256 ou 1 800 465-0215 Courriel : [email protected] |
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