TORONTO, le 26 mars 2014 /CNW/ - La Fondation Gairdner est heureuse d'annoncer les lauréats des Prix Canada Gairdner 2014, qui reconnaissent certaines des découvertes médicales les plus importantes à l'échelle mondiale. Les lauréats de cette année représentent un large éventail de nouvelles découvertes médicales liées aux maladies cardiovasculaires, au cancer, à l'immunothérapie et aux maladies parasitaires humaines.
Considérées parmi les plus prestigieuses distinctions en recherche médicale dans le monde, ces prix démarquent le Canada comme un chef de file en sciences en offrant une somme de 100 000 $ CAN à chaque scientifique pour son travail. Les Prix Canada Gairdner encouragent une solide culture de recherche et d'innovation à travers le pays, inspirant une nouvelle génération de chercheurs.
Voici les lauréats des Prix internationaux Canada Gairdner, qui reconnaissent des gens de diverses disciplines pour leurs découvertes séminales ou leurs contributions à la science médicale :
- James P. Allison, Ph.D., professeur et président, Département d'immunologie, Université du Texas, MD Anderson Cancer Center, Houston
Décerné pour la découverte de l'inhibition du point de contrôle d'une voie immunitaire et son application réussie en immunothérapie du cancer
Les travaux : La recherche du professeur Allison a porté sur la biologie des cellules T. Les lymphocytes T sont des globules blancs qui surveillent le corps pour y déceler des anomalies cellulaires et des infections. Ses travaux ont permis de découvrir le récepteur qu'utilisent ces cellules pour reconnaître et se lier à des antigènes pour passer à l'attaque. Les immunologistes se sont longtemps demandé pourquoi le système immunitaire ne combat pas lui-même les cellules cancéreuses, et Allison à découvert le premier « bloqueur » qui empêche le système immunitaire d'agir. Cette découverte a porté sur la molécule de point de contrôle immunitaire, appelée CTLA-4, qui désactive les cellules T avant qu'elles puissent réagir aux tumeurs qu'elles sont réglées pour détruire. Allison a développé un anticorps pour bloquer la molécule CTLA-4, libérant les cellules T pour qu'elles attaquent les tumeurs, ce qui a mené à l'élaboration du médicament ipilimumab. La US Food and Drug Administration (FDA) a approuvé l'ipilimumab (Yervoy®) pour le traitement du mélanome métastatique en 2011.
L'impact : Le concept élaboré par le professeur Allison a ouvert un nouveau champ thérapeutique pour le cancer, le blocage du point de contrôle immunitaire, et de nombreux patients atteints d'un cancer sont en vie aujourd'hui grâce à sa vision. Le blocage du point de contrôle immunitaire traite le système immunitaire au lieu de la tumeur, laissant entrevoir la possibilité qu'il puisse agir sur d'autres cancers. En plus du mélanome, l'ipilimumab s'est révélé efficace dans des essais cliniques contre le cancer de la prostate, du rein, des poumons et des ovaires.
- Titia de Lange, Ph.D., professeure Leon Hess, professeure à l'American Cancer Society, chef du laboratoire de biologie cellulaire et de génétique et directrice du Anderson Cancer Research Center de l'Université Rockefeller, New York
Décerné pour sa découverte des mécanismes par lesquels les télomères des mammifères sont protégés contre les réactions délétères de réparation des dommages à l'ADN
Les travaux : La question sur laquelle la professeure de Lange a centré ses efforts ces deux dernières décennies est un problème fondamental en biologie cellulaire. Les chromosomes sont composés de protéines et d'une seule molécule d'acide désoxyribonucléique (ADN) et ils ont deux extrémités. Le corps possède un système de surveillance vigilant qui est toujours à la recherche de dommages à notre ADN, y compris les cassures qui peuvent causer diverses maladies, comme le cancer. Les extrémités des chromosomes sont appelés télomères, et la professeure de Lange a découvert qu'ils sont liés par un complexe de protéines qu'elle a appelé shelterin. Le travail de la professeure de Lange a porté sur le mécanisme par lequel les télomères protègent les extrémités des chromosomes, une question qu'elle désigne comme étant le « problème de la protection de l'extrémité des télomères ». La professeure De Lange a montré que les télomères doivent réprimer six voies de réponse distinctes aux dommages à l'ADN (DDR) qui menacent l'intégrité du génome. Elle a identifié le complexe protéique shelterin qui protège les télomères et a précisé comment des sous-unités distinctes du shelterin répriment différentes voies de réponse aux DDR.
L'impact : Ses travaux ont permis de résoudre une énigme de longue date en biologie, ce qui a des conséquences profondes pour notre compréhension de la prolifération cellulaire effective, l'intégrité chromosomique et un large éventail de troubles humains comme le cancer et le vieillissement. Les travaux sur le problème de la protection de l'extrémité des télomères et les types d'instabilité génomique qui résultent de l'absence de la fonction télomérique ont éclairé les scientifiques sur les événements en cause dans la tumorigénèse précoce, lorsque les télomères raccourcissent en raison de l'absence de télomérase. Les conclusions de la professeure de Lange soutiennent la thèse que l'instabilité génomique dans le cancer humain est en partie imputable à la perte de la fonction télomérique. Qui plus est, la compréhension de la façon dont les télomères règlent le problème de la protection de l'extrémité des télomères est directement pertinente aux téloméropathies, soit les maladies causées par une fonction télomérique compromise.
- Professeur Sir Marc Feldmann, FRS, FAA, directeur du Kennedy Institute of Rheumatology, Département d'orthopédie, de rhumatologie et de sciences musculosquelettiques Nuffield, Université d'Oxford, Oxford
- Sir Ravinder Nath Maini, FRS, FMedSci, FRCP, professeur invité, Kennedy Institute of Rheumatology, Université d'Oxford, Oxford
Décerné pour la découverte d'une thérapie anti-TNF dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et d'autres maladies inflammatoires
Les travaux : La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie auto-immune chronique, douloureuse et invalidante courante. Avant les travaux des Drs Feldmann et Maini, le traitement de la PR n'était pas basé sur une compréhension de la nature exacte des molécules produites en excès. Au milieu des années 1980, l'équipe a commencé à travailler en vue d'identifier les molécules qui pourraient être à l'origine de cette maladie, dans l'espoir de trouver quelles seraient les cibles idéales pour son traitement. Des expériences en laboratoire sur des cellules provenant d'articulations de patients et dans le cadre d'un modèle animal de la polyarthrite rhumatoïde ont démontré que le facteur de nécrose tumorale (FNT), une molécule appartenant à la famille des « cytokines », était une cause importante de l'inflammation et des dommages articulaires. Les chercheurs ont découvert un traitement à base d'anticorps monoclonaux qui bloque l'action du FNT et s'est avéré sûr et efficace pour le traitement de la PR. La thérapie anti-FNT agit rapidement chez la plupart des patients pour atténuer la douleur, améliorer la mobilité, réduire l'incapacité professionnelle, faciliter la vie sociale et, en comparaison avec les patients qui reçoivent un traitement classique à base de médicaments de synthèse, elle abaisse le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral tout en augmentant l'espérance de vie. Elle joue un rôle majeur en offrant une protection contre la dégénérescence des articulations, en maintenant un bon fonctionnement corporel et en réduisant le besoin de chirurgie articulaire.
L'impact : Les chercheurs ont découvert le premier traitement de la PR en utilisant des anticorps monoclonaux, qui sont des molécules de défense naturelle génétiquement modifiées. Ce traitement était non seulement novateur, mais représentait la première démonstration de l'efficacité d'une thérapie biologique pour une maladie auto-immune chronique et a amené l'industrie pharmaceutique à reconnaître que les médicaments biologiques sont une catégorie viable d'agents thérapeutiques pouvant rivaliser avec les médicaments chimiques classiques. Les résultats probants obtenus ont transformé le traitement pour les patients et ont conduit à d'autres traitements anti-FNT efficaces, en plus de susciter beaucoup d'autres travaux sur l'utilisation d'anticorps à des fins thérapeutiques.
- Harold Fisher Dvorak, M.D., professeur émérite de pathologie Mallinckrodt, Beth Israel Deaconess Medical Center, École de médecine de l'Université Harvard, Boston
- Napoleone Ferrara, M.D., professeur émérite de pathologie, professeur émérite adjoint d'ophtalmologie, sous-directeur principal des sciences fondamentales, Moores Cancer Center, Université de la Californie à San Diego, La Jolla
Décerné pour la découverte du facteur de croissance endothélial vasculaire (FCVE), un médiateur moléculaire clé dans la formation des vaisseaux sanguins, et le développement d'une thérapie anti-FCVE efficace contre le cancer et la dégénérescence maculaire humide
Les travaux : Les vaisseaux sanguins sont la composante du système circulatoire qui transporte le sang dans tout le corps et ils jouent un rôle essentiel dans presque tous les états pathologiques. En 1983, le Dr Dvorak a signalé l'existence d'une protéine dérivée d'une tumeur qui rendait perméable à des molécules circulantes les cellules tapissant les vaisseaux sanguins de la tumeur (hyperperméabilité). Il a appelé cette protéine le facteur de perméabilité vasculaire (FPV). Par la suite, il a démontré que FPV est aussi sécrété par de nombreuses cellules normales et joue un rôle clé dans la cicatrisation des plaies et des maladies inflammatoires chroniques. À la même période, le Dr Ferrara notait que les cellules libéraient un facteur causant la division cellulaire. Ce facteur stimule la production de nouveaux vaisseaux sanguins à partir des vaisseaux existants (angiogénèse). En 1989, le Dr Ferrara faisait état pour la première fois de l'isolement et du séquençage du facteur de croissance vasculaire endothéliale (FCVE) qui, après des essais, s'est avéré exactement la même molécule que le FPV, et FCVE est devenu son nouveau nom.
L'impact : Les recherches du Dr Dvorak ont montré que la plupart des tumeurs malignes produisent le FCVE, qui aide les tumeurs à se développer au-delà de la taille minimale en formant de nouveaux vaisseaux sanguins et du tissu conjonctif de soutien comme dans la cicatrisation des plaies. Le clonage et la caractérisation du FCVE par le Dr Ferrara ont facilité les progrès dans ce domaine. En outre, le Dr Ferrara et son équipe ont fait des avancées essentielles dans la compréhension de la façon dont le FCVE est constitué, comment il agit et le rôle qu'il joue. Plus important, le Dr Ferrara et ses collègues ont été les pionniers du développement clinique d'un anticorps inhibant le FCVE, ce qui a ouvert une nouvelle ère dans les thérapies du cancer, parce que cette nouvelle approche était axée sur la restriction de la circulation sanguine dont les tumeurs ont besoin pour croître et se propager. Ces résultats ont également entraîné le développement d'un fragment d'anticorps contre le FCVE (ranibizumab), qui a montré une efficacité dramatique dans le maintien et l'amélioration de la vision des patients atteints de dégénérescence maculaire humide liée à l'âge (DMA).
Le Prix Canada Gairdner en santé mondiale, qui reconnaît une personne responsable d'une avancée scientifique ayant eu un impact significatif sur la santé dans le monde en développement, est remis à :
- Satoshi Omura, Ph.D., professeur émérite distingué, coordonnateur spécial, Département des sciences de la découverte de médicaments, Université Kitasato, Tokyo
Décerné pour la découverte du micro-organisme Streptomyces avermitilis et son activité biologique extraordinaire qui, en partenariat avec la société Merck, a conduit à la reconnaissance de l'avermectine et le développement de l'ivermectine, un traitement très efficace pour de nombreuses maladies parasitaires, et la création du consortium mondial visant à éradiquer la cécité des rivières.
Les travaux : En 1973, l'Institut Kitasato au Japon, dirigé par le professeur Satoshi Omura, a formé un partenariat de recherche en collaboration avec la société Merck en vue de découvrir de nouveaux produits de santé animale. Dans le cadre de ce partenariat, le professeur Omura et son équipe de recherche basée à l'Institut Kitasato, à Tokyo, ont isolé et sélectionné des micro-organismes, en envoyant les plus prometteuses aux laboratoires Merck aux États-Unis. Un micro-organisme, le Streptomyces avermitilis, tiré du sol près d'un parcours de golf situé en bordure de l'océan au Japon et ayant une bioactivité puissante, présentait un intérêt particulier. Les chercheurs du laboratoire Merck ont procédé à d'autres analyses sur le micro-organisme, et le composé responsable de l'activité a par la suite été appelé avermectine. Les scientifiques de Merck ont raffiné l'avermectine, dont le dérivé le plus sûr et le plus puissant a été appelé ivermectine. Malgré des décennies de recherches partout dans le monde, le micro-organisme japonais demeure la seule source d'avermectine jamais trouvée.
L'impact : L'ivermectine a été commercialisée en 1981 et a connu un grand succès comme médicament vétérinaire agissant contre les parasites internes et externes, et il s'est éventuellement avéré sûr et efficace dans le traitement de plusieurs maladies parasitaires humaines telles que l'onchocercose (cécité des rivières) et la filariose lymphatique (éléphantiasis). Merck s'est associée à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le programme de Recherche opérationnelle sur les maladies tropicales et autres maladies transmissibles (TDR) et le Programme de lutte contre l'onchocercose en Afrique de l'Ouest (OCP) pour tester le médicament sur les humains. L'ivermectine a été homologuée pour utilisation humaine par les autorités françaises en 1987. L'Institut Kitasato ayant accepté de renoncer à toucher des redevances, le Dr Roy Vagelos, alors chef de la direction de Merck, a annoncé que l'ivermectine serait fournie gratuitement pour le traitement de la cécité des rivières « aussi longtemps que nécessaire », un engagement qui est toujours honoré. Grâce à un partenariat véritablement international réunissant les secteurs public et privé, les gouvernements des pays frappés par des maladies endémiques et des collectivités touchées, l'administration massive de médicaments a débuté en 1988, et ce don a permis que l'objectif d'éradiquer les deux maladies devienne réalisable dans un avenir rapproché. L'ivermectine est également devenue le médicament de choix pour traiter la strongyloïdose, la gale et les poux de tête, et des recherches sont en cours pour en évaluer l'efficacité contre d'autres maladies tropicales négligées.
Le Prix Canada Gairdner Wightman, remis à un Canadien qui a fait preuve d'un leadership exceptionnel en médecine et en sciences médicales tout au long de sa carrière, est décerné à :
- Salim Yusuf, MBBS, D.PHIL., FRCP (R.-U.), FRCPC, FACC, FRSC, O.C., professeur de médecine, Université McMaster, directeur, Population Health Research Institute, vice-président de la recherche, Hamilton Health Sciences, Hôpital général de Hamilton, Institut de recherche David Braley, Hamilton
Décerné pour son leadership exceptionnel dans les essais cliniques mondiaux et les études de population portant sur des maladies cardiovasculaires qui ont façonné les meilleures lignes directrices en matière de prévention et de traitement
Les travaux : Les travaux épidémiologiques du Dr Yusuf menés dans plus de 60 pays sur tous les continents habités montrent que la majorité des risques de maladie cardiovasculaire et cérébrovasculaire est attribuable au même petit groupe de facteurs de risque. Le Dr Yusuf dirige actuellement la plus grande étude jamais entreprise sur le rôle des changements sociétaux dans les maladies cardiovasculaires (MCV) chez 155 000 personnes de 700 collectivités dans 22 pays à revenu élevé, intermédiaire ou faible. Le Dr Yusuf a dirigé l'étude HOPE, qui a démontré que le Ramipril (inhibiteur de l'ECA) a permis de sauver des vies et d'éviter des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux chez les patients ayant une affection cardiaque stable.
L'impact : Les études du Dr Yusuf (SOLVD, HOPE, OASIS, CHARM, ON-TARGET, TRANSCEND, etc.) sur la prévention et le traitement des MCV et des troubles connexes (comme l'hypertension et le diabète) ont amélioré la prise en charge des patients. Ses recherches et ses réflexions ont produit des changements importants dans les lignes directrices pour la prévention et le traitement de ces maladies. Ses essais à grandes échelle ont conduit à des traitements plus efficaces pour les crises cardiaques aiguës, l'insuffisance cardiaque, les anomalies du rythme cardiaque et les troubles cardiaques chroniques. Ces études ont conduit à une meilleure compréhension de l'influence des changements sociaux sur les comportements et les facteurs de risque, et la façon dont ils mènent à des maladies cardiovasculaires. Au cours des trois dernières décennies, il a développé la capacité de recherche clinique et de recherche sur les populations au Canada et dans le monde, créant des réseaux à plus de 1500 endroits dans 85 pays.
Les Prix Canada Gairdner seront présentés lors d'un dîner, à Toronto, le 30 octobre 2014, dans le cadre du Programme national Gairdner, une série de conférences présentées sur deux semaines dans 24 universités de St. John's à Vancouver par les lauréats des Prix Canada Gairdner. Le Programme national Gairdner rejoint les étudiants partout au pays, rendant accessibles les grandes étoiles de la science et inspirant la prochaine génération de chercheurs.
« Les Prix Canada Gairdner démarquent le Canada comme l'un des chefs de file en recherche biomédicale, rehaussant le profil de la science à l'échelle nationale et sur la scène internationale », a affirmé le Dr John Dirks, président et directeur scientifique de la Fondation Gairdner. « Les lauréats de cette année sont un exemple exceptionnel des résultats très concrets de la recherche translationnelle. »
La Fondation Gairdner : La science à l'œuvre
Les Prix Canada Gairdner ont été créés en 1959 pour reconnaître et récompenser les réalisations de chercheurs en médecine dont les travaux contribuent de manière significative à améliorer la qualité de la vie humaine. Ce sont les seuls prix internationaux du Canada en science mondialement reconnus et respectés, et la Fondation Gairdner est le seul organisme national qui amène régulièrement au Canada les meilleurs chercheurs biomédicaux du monde pour qu'ils partagent leurs idées et travaillent avec des scientifiques de partout au pays. Ces initiatives contribuent à élargir les réseaux et à rehausser la réputation internationale du Canada, tout en offrant un point de référence réaliste et impartial pour les scientifiques de premier plan du Canada. Les lauréats sont tous choisis par un comité de sélection et tous les choix sont considérés comme définitifs.
SOURCE : Fondation Gairdner
Sommer Ellis
Directrice des communications
Fondation Gairdner
[email protected]
t. : 416-596-9996, poste 202
c. : 647-293-6785
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