Les psychiatres du même avis que l'enquêteur correctionnel : Une nouvelle approche est nécessaire dans la gestion des cas d'automutilation chez les femmes purgeant une peine de ressort fédéral
OTTAWA, le 1er oct. 2013 /CNW/ - L'Association des psychiatres du Canada (APC), l'organisme national qui représente 4 500 psychiatres, se déclare solidaire des recommandations de l'enquêteur correctionnel demandant que le Service correctionnel du Canada (SCC) modifie son approche de la gestion des cas d'automutilation chronique et complexe. Dans son rapport rendu public hier « Une affaire risquée : Enquête sur le traitement et la gestion des cas d'automutilation chronique parmi les délinquantes sous responsabilité fédérale », Howard Saper demande que des stratégies de gestion et de traitement efficaces et fondées sur des données probantes dans les cas complexes d'automutilation prennent la préséance sur les problèmes anticipés de sécurité. Bien que la moitié des incidents d'automutilation signalés concerne des délinquantes autochtones, les approches de guérison ou de traitement adaptées sur le plan culturel ne semblent pas être connues, ce qui préoccupe particulièrement l'APC.
Aux fins de l'enquête, l'enquêteur correctionnel a examiné les dossiers et les rapports visant huit délinquantes ayant un comportement d'automutilation chronique et portant sur une période de 30 mois. Parmi elles, un total de 802 incidents de sécurité en établissement a été répertorié. Plus de la moitié de ces incidents ont été signalés comme étant des cas d'automutilation ou des tentatives de suicide. Sept de ces femmes sont autochtones. Dans l'ensemble, les huit femmes ont été transférées à 22 reprises entre les établissements régionaux pour délinquantes, le Centre psychiatrique régional (CPR des Prairies de Saskatoon) ou dans les hôpitaux psychiatriques provinciaux. Dans tous les cas, les transfèrements ont suivi une augmentation continue de problèmes de santé mentale. Au vu de ces constations, ainsi que de ses visites et entretiens avec des délinquantes et des membres du personnel des établissements psychiatriques externes, l'enquêteur correctionnel a formulé multiples recommandations importantes.
M. Sapers recommande notamment que le SCC donne une meilleure formation à ses employés. « L'APC a déjà recommandé que le personnel du SCC reçoive une formation spécialisée pour les aider à travailler avec les délinquants ayant des comportements d'automutilation. À la lumière des résultats de l'enquête relative au décès d'Ashley Smith en 2007 dans un établissement correctionnel fédéral pour les femmes et des constations du rapport de M. Saper, le SCC doit absolument prendre les mesures nécessaires pour donner une formation supplémentaire à ses employés et l'APC désire lui offrir son aide », a déclaré le Dr Micheal Teehan, président de l'Association des psychiatres du Canada.
L'APC est du même avis que l'enquêteur correctionnel que les délinquantes qui ont un comportement d'automutilation ne doivent pas passer de très longues périodes en isolement « clinique » ou préventif, parce que, pour certaines femmes, ces mesures contribuent à augmenter la fréquence et la gravité de leurs épisodes d'automutilation. L'APC convient qu'il faut renforcer la surveillance des recours aux contraintes physiques par des mesures accrues de reddition des comptes.
Un nombre relativement petit de délinquantes a compté pour une grande proportion des incidents d'automutilation : 14 % de délinquantes pour plus de 35 % de tous les incidents. Vu cette constatation, l'APC appuie la recommandation de M. Saper, à savoir que les délinquantes présentant les cas d'automutilation les plus chroniques et complexes soient transférées à des établissements psychiatriques externes, pourvu que l'on s'assure que les transfèrements soient appropriés au niveau clinique et que les établissements possèdent les ressources nécessaires leur permettant de prodiguer des soins adéquats.
Pour certaines femmes, comme Ashley Smith et les femmes décrites dans le rapport de l'enquêteur correctionnel, les données disponibles indiquent que le traitement dans des établissements externes pourrait entraîner des réductions importantes du besoin, de la fréquence et de la sévérité des actes d'automutilation.
« La mise en œuvre des recommandations formulées dans ce rapport pourrait ouvrir la voie à des améliorations spectaculaires dans le traitement des délinquantes présentant des cas d'automutilation chroniques et complexes au sein du système correctionnel », a ajouté le Dr Paul Fedoroff, membre du Conseil d'administration de l'APC et président de l'Académie de la psychiatrie et du droit.
L'APC sera heureuse de contribuer aux efforts du SCC et d'autres représentants du gouvernement fédéral pour élaborer des stratégies de gestion et de traitement efficaces et fondées sur des données probantes pour leurs populations.
L'Association des psychiatres du Canada est un organisme national qui représente 4 500 psychiatres et plus de 600 résidents en psychiatrie. Fondée en 1951, l'APC plaide en faveur d'un milieu propice à la prestation des meilleurs soins cliniques, à l'éducation et à la recherche.
SOURCE : Association des psychiatres du Canada
Hélène Côté,
Association des psychiatres du Canada
[email protected]; 1 (613) 234-2815, poste 232 ou 1 (613) 297-5038
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