Les soins de santé au Canada 2010 : des avancées notables, mais des soins pas toujours appropriés
Les variations régionales révèlent des interventions chirurgicales potentiellement évitables
OTTAWA, le 16 déc. /CNW/ - Selon un nouveau rapport publié aujourd'hui par l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), plus de 3 600 arthroscopies thérapeutiques ont été pratiquées dans les hôpitaux canadiens en 2008-2009 pour le diagnostic et le traitement de divers problèmes du genou. Toutefois, des données probantes de plus en plus nombreuses montrent que ces interventions, lorsqu'elles sont utilisées pour le traitement de l'ostéoarthrite, n'améliorent ni les résultats ni le confort des patients.
Le rapport de l'ICIS Les soins de santé au Canada 2010 montre également une hausse du nombre de vertébroplasties pratiquées à travers le Canada, qui est passé d'environ 600 en 2006-2007 à près de 1 050 en 2008-2009. Un nombre significatif de ces interventions ont été pratiquées pour le traitement des fractures vertébrales ostéoporotiques. Toutefois, selon des résultats récents, l'état des patients ayant subi une vertébroplastie n'est pas meilleur que celui des patients qui ont subi une intervention placebo.
« Les données probantes et la pertinence des soins constituent un sujet de taille dans le débat sur les soins de santé au Canada, déclare M. John Wright, président-directeur général de l'ICIS. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE], l'amélioration de l'efficacité d'un système de santé public pourrait occasionner des économies de l'ordre de 2 % du PIB. L'une des façons d'y arriver est de s'assurer que les soins fournis sont adéquats et conformes aux meilleures données probantes disponibles. »
Les variations régionales dans les taux de césariennes et d'hystérectomies dénotent des écarts profonds quant à la prestation des soins
Les césariennes et les hystérectomies sont les interventions chirurgicales les plus souvent pratiquées sur les femmes canadiennes. En l'absence d'indications normalisées consensuelles pour ces interventions, des écarts significatifs dans les taux d'interventions d'une province ou d'un territoire à l'autre donnent à penser que certaines de ces interventions seraient inadéquates ou inutiles. Le rapport de l'ICIS nous apprend qu'en 2008-2009, le taux de césariennes primaires (lors d'un premier accouchement) le plus élevé était près de deux fois supérieur au taux le plus faible dans les provinces. Le taux le plus élevé a été enregistré à Terre-Neuve-et-Labrador, avec 23 % des accouchements, et le plus bas, au Manitoba, avec 14 %. La même année, le taux d'hystérectomies variait de plus de 60 % entre les provinces (taux normalisé selon l'âge). Le taux le plus élevé a été enregistré à l'Île-du-Prince-Édouard, avec 512 hystérectomies par 100 000 femmes de 20 ans ou plus, contre 311 (le taux le plus faible) en Colombie-Britannique.
« Nombre de ces interventions sont médicalement nécessaires. Cependant, l'écart important entre les taux de chirurgies d'une région à l'autre ne s'explique pas simplement par les différences dans la santé des femmes, déclare M. Jeremy Veillard, vice-président, Recherche et Analyse, à l'ICIS. Devant de tels écarts, nous devons commencer à nous questionner sur la pertinence des soins fournis. La réduction des interventions chirurgicales inutiles est avantageuse pour les patients, mais elle a aussi des répercussions sur les coûts du système de santé. »
En comparaison avec les accouchements vaginaux, les accouchements par césarienne peuvent coûter aux hôpitaux deux fois plus chers en soins d'obstétrique pour les mères et les bébés. Selon le rapport de l'ICIS, si les taux de césariennes primaires étaient aussi bas partout au Canada qu'au Manitoba, soit 14 % de l'ensemble des accouchements, on réduirait le nombre de césariennes pratiquées au Canada de 16 200 annuellement. Ainsi, les économies annuelles réalisées au chapitre des soins de courte durée seraient estimées à 36 millions de dollars. Des analyses similaires pointent dans la même direction en ce qui concerne la réduction des hystérectomies à travers le Canada.
Les soins appropriés au bon endroit et au bon moment
Les données de l'ICIS révèlent que les patients ne reçoivent pas toujours leurs soins à l'endroit le mieux indiqué. Les patients dont les séjours sont liés à un niveau de soins alternatif (NSA) occupent au quotidien l'équivalent de près de 7 550 lits dans des établissements canadiens de soins de courte durée. Le NSA se rapporte à des patients admis en soins de courte durée qui attendent d'être transférés vers un milieu plus adéquat, tel qu'un établissement de soins de longue durée ou de réadaptation. En 2008-2009, plus de 92 000 hospitalisations et plus de 2,4 millions de jours d'hospitalisation liés à des séjours NSA ont été dénombrés au Canada.
« Quand les patients séjournent dans des hôpitaux de soins de courte durée uniquement dans l'attente d'un transfert vers un milieu mieux indiqué, un effet domino se produit souvent dans le système de santé, explique Murray T. Martin, président-directeur général de Hamilton Health Sciences. Un lit de soins de courte durée occupé par un patient qui doit être traité à domicile ou en soins de longue durée est un lit qui ne sera pas disponible pour un patient qui doit être admis au service d'urgence. Cette situation peut entraîner des temps d'attente plus longs pour les admissions à l'hôpital. »
Cibler les soins et accorder une attention particulière aux enjeux pour des soins plus adéquats
Si l'on compare la situation actuelle au Canada à celle d'il y a quelques années, on se rend compte qu'on en sait davantage sur les soins et les traitements des patients victimes de crises cardiaques. Aussi a-t-on vu réduire la mortalité, les hospitalisations et les réadmissions liées aux crises cardiaques. Le rapport de l'ICIS révèle qu'entre 2004-2005 et 2008-2009, le taux d'hospitalisation normalisé selon l'âge pour une nouvelle crise cardiaque a chuté de 239 à 217 par 100 000 habitants, en dépit de l'augmentation des taux de facteurs de risque au Canada, notamment l'obésité et l'hypertension artérielle.
Globalement, des progrès ont été réalisés partout au Canada au chapitre de la réduction du taux de mortalité hospitalière. L'ICIS publie aujourd'hui les résultats annuels du ratio normalisé de mortalité hospitalière (RNMH) de grands établissements de soins de courte durée et de régions sanitaires, excluant le Québec. Le RNMH est une mesure de la qualité des soins qui établit des comparaisons entre les décès réels observés et les décès prévus dans un hôpital, selon les types de patients reçus. Selon le rapport de l'ICIS, 81 % des hôpitaux déclarants ont enregistré au cours des cinq dernières années une certaine baisse de leur RNMH, voire une baisse significative dans 40 % des cas.
« À l'échelle du Canada, nous constatons que le RNMH a été un important facteur de changement », indique Patti Cochrane, vice-présidente, Patient Services and Quality et infirmière en chef, Trillium Health Centre. « Trillium a pu utiliser les résultats des RNMH pour cerner les facteurs qui influencent les taux de mortalité et les domaines à améliorer. De ce fait, nous avons apporté des changements concrets aux soins que nous fournissons, améliorant du coup les résultats pour les patients et la possibilité de sauver des vies. »
Les soins de santé au Canada 2010 en bref
- Plus de 3 600 arthroscopies thérapeutiques du genou ont été pratiquées dans les hôpitaux du Canada en 2008-2009, malgré les données probantes indiquant que cette intervention, lorsqu'elle est utilisée pour le traitement de l'ostéoarthrite, est une solution temporaire qui n'améliore ni les résultats ni le confort des patients.
- En 2008-2009, 1 050 vertébroplasties — une chirurgie de la colonne vertébrale dont l'efficacité dans certains cas a été remise en cause par des données récentes — ont été pratiquées. Le volume a augmenté au cours des trois dernières années, atteignant environ 600 interventions en 2006-2007.
- En 2008-2009, le taux de césariennes primaires le plus élevé était presque deux fois supérieur au taux le plus bas dans les provinces et trois fois supérieur dans les territoires. Le taux le plus élevé a été enregistré à Terre-Neuve-et-Labrador, avec 23 % des accouchements, et le Manitoba présentait le taux le plus faible dans l'ensemble des provinces, avec 14 %.
- En 2008-2009, le taux d'hystérectomies le plus élevé était presque trois fois supérieur au taux le plus bas dans l'ensemble des provinces et des territoires, variant de 512 par 100 000 femmes de 20 ans et plus à l'Île-du-Prince-Édouard à 311 par 100 000 femmes a la Colombie-Britannique.
- Les taux d'hystérectomies normalisés selon l'âge étaient significativement plus élevés (46 %) chez les femmes vivant en milieu rural (464 par 100 000) que chez celles vivant en milieu urbain (318 par 100 000).
- En 2008-2009, au Canada, plus de 92 000 séjours à l'hôpital, soit plus de 2,4 millions de jours d'hospitalisation, étaient liés à des séjours NSA.
- De 2004-2005 à 2008-2009, le taux d'hospitalisation normalisé selon l'âge en raison d'une première crise cardiaque a baissé, passant de 239 à 217 par 100 000 habitants.
- Dans l'ensemble, si l'on compare les résultats de 2009-2010 à ceux de 2004-2005, 40 % des établissements déclarant publiquement leurs données ont réduit significativement leur RNMH.
Le rapport et les figures suivantes sont affichés sur le site Web de l'ICIS au www.icis.ca.
Figure 1 | Taux, normalisés selon l'âge, d'arthroscopies thérapeutiques du genou par province, Canada, de 2006-2007 à 2008-2009 (figure 2 dans le rapport) |
Figure 2 | Nombre de vertébroplasties percutanées par province, Canada, de 2006-2007 à 2008-2009 (figure 3 dans le rapport) |
Figure 3 | Taux de césariennes primaires, par province et territoire, Canada, 2002-2003, 2005-2006 et 2008-2009 (adapté de la figure 6 dans le rapport) |
Figure 4 | Taux d'hystérectomies normalisés selon l'âge, par province et territoire, Canada, 2008-2009 (figure 8 dans le rapport) |
Figure 5 | Taux d'hospitalisation en raison d'un IAM, par province et territoire, Canada, de 2004-2005 à 2008-2009 (figure 17 dans le rapport) |
Figure 6 | Quantifier les améliorations aux résultats sur les RNMH au fil du temps (figure 23 dans le rapport) |
Benoit Laplante
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