Les Teamsters veulent s'assurer que les femmes enceintes œuvrant dans une entreprise relevant du Code canadien du travail reçoivent des indemnités si elles doivent opter pour un retrait préventif
LAVAL, QC, le 11 juin 2013 /CNW Telbec/ - Le syndicat des Teamsters a décidé de mener la charge au nom des femmes enceintes qui sont à l'emploi d'une entreprise relevant du Code canadien du travail. Le syndicat veut leur assurer le droit à des indemnités si elles doivent opter pour un retrait préventif. Les travailleuses potentiellement touchées œuvrent notamment dans les domaines du transport (aérien, ferroviaire, routier ou maritime).
La première manche de la bataille a été livrée devant la Commission des lésions professionnelles (CLP) le 3 juin dernier. En effet, l'équipe juridique des Teamsters y a fait des représentations dans le dossier de Marie-Êve Éthier, une travailleuse à l'emploi du Canadien National (CN).
Enceinte de quelques mois, le médecin de la jeune femme lui a recommandé de prendre un retrait préventif car il craignait pour sa santé et pour celle de l'enfant à naître. Elle a donc demandé à son employeur de l'accommoder, c'est-à-dire de l'assigner à des tâches moins risquées pour sa santé. L'employeur l'a plutôt renvoyé à la maison.
Par conséquent, Marie-Êve n'a pas eu droit aux indemnités prévues dans la loi provinciale étant donné que son employeur est assujetti à la loi fédérale. Ainsi, madame Éthier a été privée de revenus pendant 6 mois à cause de ce « trou » dans la loi fédérale.
« C'est illogique! » s'est exclamée cette membre de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada. « Je suis déçue de mon employeur, mais aussi du système fédéral. J'oeuvre dans un environnement dangereux; je croyais que ça (mon état de santé) aurait du sens pour tout le monde, mais il semble que ce ne soit pas le cas. »
Marie-Êve Éthier travaille pour le transporteur ferroviaire depuis 6 ans. Elle est chef de triage et chef de train. Elle doit parfois travailler un minimum de 8 heures sans pause ou période de repas. Cela ne pose pas de problème en temps normal, mais la situation peut devenir très risquée lorsqu'on est enceinte!
« J'assemble des trains à la gare de triage, explique-t-elle. Une femme enceinte peut subir une baisse de pression ou des nausées. La situation peut devenir dangereuse non seulement pour moi et le bébé à naître, mais aussi pour mes collègues de travail. »
Puisque le Code canadien du travail ne prévoit aucune indemnité dans un tel cas, les Teamsters revendiquent l'application d'un alinéa de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (du Québec) pour les travailleuses dont l'employeur est assujetti au Code canadien du travail.
Outre le CN, la Commission de santé et de sécurité du travail (CSST) a fait des représentations à la CLP. La CSST refuse de payer quelque indemnité que ce soit, prétextant que le litige relève du palier fédéral.
« Pourquoi les femmes relevant de la loi québécoise auraient-elles droit à des indemnités alors que celles relevant du fédéral en sont privées ?, s'est demandé le président de Teamsters Canada, Robert Bouvier. Il s'agit d'un dossier très complexe, mais je n'utiliserai qu'un seul mot pour le qualifier : injustice. Nous croyons aux Teamsters qu'une injustice doit toujours être traitée comme une urgence. »
Le président de Teamsters Canada s'est engagé à se rendre jusqu'en Cour suprême au besoin. « Nous mènerons la charge au nom de ces femmes parce que la situation actuelle met en péril la santé des femmes et de leurs bébés », a ajouté le syndicaliste. « Des femmes enceintes pourraient être tentées de ne pas quitter leur emploi de façon préventive parce qu'elles ne peuvent se priver de revenus. »
La cause a été prise en délibéré et une décision est attendue au cours des prochains mois. Il ne fait aucun doute que le courage de Marie-Êve Éthier pourrait avoir une incidence très positive sur des milliers de Québécoises, qu'elles soient syndiquées ou non.
«Marie-Êve est une pionnière, a rendu hommage le président de Teamsters Canada. Gagne ou perd, sa cause aura le mérite de faire réfléchir les gens et, avec un peu de chance, le législateur aussi.»
Les Teamsters représentent les intérêts de 115 000 membres au Canada dans tous les corps de métiers, dont près de 15 000 dans le transport ferroviaire. La Fraternité internationale des Teamsters, à laquelle Teamsters Canada est affiliée, compte 1,4 million de membres en Amérique du Nord.
SOURCE : TEAMSTERS CANADA
Stéphane Lacroix, directeur des communications de Teamsters Canada
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