Les troubles neurologiques de la conscience : comment les cliniciens devraient-ils réagir aux nouvelles interventions thérapeutiques ? English
Un chercheur de l'IRCM analyse les enjeux éthiques et sociaux à considérer
MONTRÉAL, le 2 août 2012 /CNW Telbec/ - De nouveaux outils ont confirmé un taux élevé d'erreurs de diagnostic chez des patients souffrant de troubles de la conscience chroniques tels que l'état végétatif. Les familles de patients qui souhaitent que ces techniques novatrices soient utilisées pour le diagnostic, le pronostic et le traitement sont de plus en plus nombreuses. Une équipe internationale de chercheurs, dont fait partie le Dr Éric Racine, chercheur à l'IRCM, a analysé les enjeux cliniques, sociaux et éthiques auxquels les cliniciens sont maintenant confrontés. Leur article est publié dans le numéro du mois d'août de la prestigieuse revue de neurologie clinique, The Lancet Neurology.
« Les patients souffrant d'un trouble de la conscience ont traditionnellement été considérés comme étant inconscients par définition, mais de récentes études cliniques ont démontré des cas stupéfiants de conscience malgré une absence de réponse observable sur le plan clinique » a expliqué le Dr Racine, spécialiste Montréalais en neuroéthique.
De graves lésions cérébrales peuvent mener à un trouble de la conscience chronique, soit un état médical selon lequel la conscience est inhibée. Les patients ont alors de graves affaiblissements des fonctions motrices et cognitives, demeurent complètement dépendants des autres pour leurs activités quotidiennes et ont des moyens très limités (voire inexistants) de communiquer leurs pensées ou désirs, selon leur état.
Même lors d'évaluations neurologiques minutieuses de ce type de troubles, certains signes de conscience peuvent échapper au clinicien puisque le diagnostic clinique repose sur l'observation de signes moteurs qui peuvent être très subtiles et variables dans le temps.
De nouveaux développements technologiques peuvent maintenant mesurer la fonction cérébrale à l'état de repos et aussi en réponse à de simples consignes, indépendamment de la capacité de réaction motrice du patient, ce qui pourrait aider à établir un diagnostic plus juste. En parallèle, les classifications diagnostiques ont été révisées et les connaissances du pronostic s'améliorent. Pour la première fois, des études thérapeutiques ont récemment démontré les effets des traitements sur l'amélioration de la réponse chez les patients.
« La décision médicale de poursuivre ou non la réadaptation ou de transférer un patient à un centre de soins de longue durée peut être difficile à accepter pour la famille. Toutefois, la décision de traitement la plus difficile demeure celle de continuer les thérapies de maintien en vie, ou de les arrêter et de fournir seulement des soins palliatifs » a souligné le Dr Racine.
La couverture médiatique des troubles de la conscience continue d'augmenter et l'information sur le sujet est de plus en plus accessible au public. Les cliniciens, comme les neurologues, les spécialistes en réadaptation, les médecins de famille et les infirmières, doivent donc répondre à un plus grand nombre de demandes des familles de patients pour l'utilisation de nouvelles procédures diagnostiques et thérapeutiques.
« Les cliniciens doivent donc être bien préparés à discuter des troubles de la conscience avec une sensibilité éthique, d'autant plus que les nouvelles techniques demeurent expérimentales. Ils doivent connaître les preuves qui les soutiennent, ainsi que les enjeux éthiques et sociaux inévitables qui surviennent lors d'une discussion avec des membres de la famille d'un patient » a ajouté le Dr Racine.
Les travaux d'Éric Racine sont subventionnés par une bourse de nouveau chercheur et l'initiative trilatérale en neuroéthique des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Les co-auteurs de l'article sont Ralf J Jox de l'Université de Munich (Allemagne), James L. Bernat de la Dartmouth Medical School (É-U) et Steven Laureys de l'Université de Liège (Belgique).
Pour plus de détails, veuillez consulter le sommaire de l'article publié en ligne par The Lancet Neurology (en anglais seulement) : http://www.lancet.com/journals/laneur/article/PIIS1474-4422(12)70154-0/abstract.
À propos du Dr Éric Racine
Éric Racine détient un doctorat en sciences humaines appliquées et bioéthique de l'Université de Montréal. Il est professeur agrégé de recherche IRCM et directeur de l'unité de recherche en neuroéthique. Le Dr Racine est professeur-chercheur agrégé au Département de médecine (accréditation en médecine sociale et préventive) de l'Université de Montréal. Il est également membre adjoint au Département de médecine (Division de la médecine expérimentale) et au Département de neurologie et de neurochirurgie à l'Université McGill. Par ailleurs, le Dr Racine est membre affilié à l'Unité d'éthique biomédicale de l'Université McGill. Pour plus d'information, visitez le www.ircm.qc.ca/racine.
À propos de la recherche en neuroéthique à l'IRCM
La neuroéthique est un nouveau champ de recherche à l'intersection de la bioéthique et des neurosciences. La neuroéthique porte sur l'éthique de la recherche en neurosciences et les nombreux enjeux éthiques qui émergent dans le transfert des neurosciences aux soins de santé. Le Dr Éric Racine poursuit des travaux de recherche visant à améliorer les soins de santé, les pratiques de recherche, la communication publique et la prévention en neurologie, psychiatrie et neurochirurgie.
À propos de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM)
Créé en 1967, l'IRCM (www.ircm.qc.ca) regroupe aujourd'hui 36 unités de recherche spécialisées dans des domaines aussi variés que l'immunité et les infections virales, les maladies cardiovasculaires et métaboliques, le cancer, la neurobiologie et le développement, la biologie intégrative des systèmes et la chimie médicinale, et la recherche clinique. Il compte aussi trois cliniques spécialisées, huit plateaux technologiques et trois plateformes de recherche dotées d'équipement à la fine pointe de la technologie. Plus de 425 personnes y travaillent. L'IRCM est une institution autonome affiliée à l'Université de Montréal et sa clinique est associée au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). L'Institut entretient également une association de longue date avec l'Université McGill.
SOURCE : Institut de recherches cliniques de Montréal
Pour plus d'information ou pour une entrevue avec le Dr Racine, veuillez communiquer avec :
Julie Langelier
Chargée de communication (IRCM)
[email protected]
(514) 987-5555
Lucette Thériault
Directrice des communications (IRCM)
[email protected]
(514) 987-5535
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