L'État et son usage de la langue dans les médias sociaux
QUÉBEC, le 25 janv. 2017 /CNW Telbec/ - Les interventions sur le Web 2.0 de ceux qui communiquent au nom de l'État se doivent d'être mieux encadrées, d'autant plus que le numérique est appelé à jouer un rôle croissant dans les relations qu'entretient le gouvernement avec les citoyens.
Tel est l'un des principaux constats de l'étude rendue publique aujourd'hui par le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) et intitulée Écrire pour l'État à l'ère du Web 2.0 : l'exemplarité de l'administration publique québécoise en matière d'emploi et de qualité de la langue française dans les médias sociaux, signée par Julie Bérubé, ainsi que d'un Addenda sur Twitter.
Le Conseil y examine la qualité de la langue dans les médias sociaux utilisés par l'administration publique, ainsi que le style rédactionnel caractérisant ce type de média. La langue analysée dans l'étude est celle utilisée par ceux qui communiquent au nom de l'État dans les comptes Facebook, LinkedIn et YouTube de leur ministère ou organisme respectif, à partir d'un corpus de plus de 2 300 textes. L'addenda concerne l'usage de Twitter et porte pour sa part sur plus de 1 700 micromessages.
« Je suis satisfait de constater que cette étude s'inscrit dans la perspective de la nouvelle Stratégie d'optimisation des communications numériques et des présences Web gouvernementales, rendue publique en décembre 2016 par le Secrétariat à la communication gouvernementale », a déclaré M. Luc Fortin, ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française.
Cette stratégie, a précisé le ministre, vise à rendre le gouvernement du Québec plus performant dans ses communications numériques en misant notamment sur un style rédactionnel simple et normalisé.
Deux constats globaux se dégagent de l'étude du CSLF : l'analyse linguistique du corpus permet de cibler des écarts récurrents, et la réflexion subséquente sur les particularités relevées fournit des pistes pour une rédaction adaptée aux médias sociaux. Est désigné par le terme écart tout emploi qui s'éloigne de la norme décrite dans les principaux ouvrages de référence utilisés au Québec.
Analyse linguistique
La ponctuation, la typographie, l'orthographe lexicale, la syntaxe et le vocabulaire sont les catégories où l'on recense les plus grandes proportions d'écarts.
Dans les corpus Facebook et Twitter, plus volumineux, les dix écarts le plus souvent relevés représentent respectivement 57,0 % et 67,0 % de l'ensemble des écarts. L'emploi erroné de la virgule est l'écart le plus fréquent (13,8 % et 13,6 %). Le choix entre la majuscule ou la minuscule (8,3 % et 6,2 %), le recours à l'espacement (8,1 % et 7,1 %) et l'usage du point (5,3 % et 5,8 %) sont aussi parmi les éléments de la langue qui sont le moins bien maîtrisés. Dans le corpus Twitter, on remarque de surcroît que le recours à l'abréviation ou au symbole (9,1 %) et l'emploi de la préposition (8,1 %) posent problème.
Constats et réflexion sur la norme
Les procédés de mise en relief, le recours à l'insécable de même qu'au tiret, entre autres, correspondent parfois à des manœuvres difficiles, voire impossibles dans les médias sociaux. Quant au choix du registre, à l'écriture des nombres en chiffres ou en lettres et au recours à l'abréviation, l'usage recommandé n'est pas toujours adapté à certaines situations de communication caractéristiques des médias sociaux, par exemple lors d'une interaction ou dans un message très bref comme le micromessage.
Ce que cette étude permet aussi de mettre en lumière, c'est qu'il est possible de supposer qu'une part non négligeable des écarts relevés n'est pas forcément attribuable à une méconnaissance de la langue, mais plutôt au fait que les consignes de rédaction propres à l'administration publique correspondent à des pratiques linguistiques qui ne sont pas nécessairement toutes transposables aux médias sociaux.
La part de l'échange qui relève de l'État se doit d'être exemplaire sur le plan linguistique et cette exemplarité a été encadrée au fil des ans pour la correspondance, les conversations téléphoniques, les publications officielles (communiqués, études, dépliants, etc.) et, plus récemment, pour la rédaction Web et les courriels. Mais certains éclaircissements seraient maintenant souhaitables concernant la rédaction pour les médias sociaux.
Le CSLF estime ainsi que tous gagneraient à ce qu'on actualise les connaissances sur le sujet, à ce qu'on ajuste certaines positions au regard de l'usage, voire à ce qu'on produise un guide de rédaction pour ceux qui communiquent au nom de l'État dans les médias sociaux.
Ces actions seraient toutes envisageables dans le contexte de la mise en œuvre de la nouvelle Stratégie d'optimisation des communications numériques et des présences Web gouvernementales.
L'étude et l'addenda sont accessibles dans la section Études de la Bibliothèque virtuelle du site Web du CSLF.
À propos du CSLF
Le CSLF a pour mission de conseiller le ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française sur toute question relative à la langue française au Québec. De plus, il peut informer le public sur toute question qui concerne le français au Québec.
SOURCE Conseil supérieur de la langue française
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Conseil supérieur de la langue française, téléphone : 418 643-2740, courriel : [email protected]
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