L'État malade : Loi 78, un mauvais remède!
« Le projet de loi 78 porte atteinte
aux droits constitutionnels
et fondamentaux des citoyens. »
- Déclaration du Barreau du Québec
MONTRÉAL, le 23 mai 2012 /CNW Telbec/ - Médecins québécois pour le régime public (MQRP)
Médecine contre la hausse
Comme médecins et étudiants en médecine, nous sommes souvent appelés à prendre la parole pour parler de la santé de la population. Aujourd'hui, nous souhaitons évoquer la santé de notre État, dont nous nous inquiétons grandement. Seul un État gravement malade brime des droits aussi fondamentaux que les droits d'association et de manifestation.
Voilà pourquoi nous croyons nécessaire de joindre notre voix à toutes celles qui demandent le retrait de la Loi 78, un mauvais remède à un problème bien réel.
Sans le droit de s'organiser, le peuple a peu de recours pour faire respecter ses droits. À travers l'histoire et à l'intérieur des grandes sociétés démocratiques, les moins puissants ont donc lutté pour acquérir, entre autres droits, ceux de s'associer et de manifester pour tenter de rétablir le rapport de force avec les plus puissants. Ces associations et ces manifestations sont jugées dérangeantes par certains. On peut être en désaccord avec les demandes d'un groupe, ou incommodé par leurs moyens de pression, mais ces contre-pouvoirs sont essentiels pour la santé de la société et la survie de sa démocratie.
Ces dernières semaines, certains politiciens ont diffusé l'idée que les manifestations organisées par le mouvement étudiant s'avéraient violentes et nuisaient à la paix sociale. Il y a eu, de fait, des gestes très violents de la police qui ont causé des torts irréparables à certains étudiants. victoSelon nous, la violence principale dans ce conflit est celle que le gouvernement Charest a opposée au mouvement étudiant par son indifférence, son refus de négocier, son mépris et par son attitude complaisante face à la violence de certaines interventions policières.
Nous ne ferons pas ici la démonstration du caractère anticonstitutionnel de cette loi. Nous n'y opposerons pas non plus une argumentation juridique. Nous voulons toutefois exprimer notre profonde indignation face à cette loi qui est non seulement antidémocratique, mais également un abus de pouvoir de nos représentants élus. Depuis le début de ce conflit, notre gouvernement a choisi la ligne dure, encourageant la judiciarisation du conflit et refusant la médiation, provoquant la dégradation du climat social.
Restreindre de la sorte le droit d'association, le droit à la dissidence, au rassemblement populaire et à la manifestation constitue une dérive injustifiable. Que l'on soit pour ou contre la hausse des frais de scolarité, dans une société démocratique on doit pouvoir manifester et s'associer pour défendre nos positions et opposer, à l'absence d'écoute et au mépris d'un gouvernement, notre droit à la grève. Brimer davantage les droits des citoyens et l'existence des associations étudiantes, en leur imposant des amendes draconiennes pour des actions ou même des omissions, relève de la confrontation et de la répression, non de la recherche de solutions.
Nous demandons donc le retrait de la Loi 78 et réitérons notre position contre la hausse des frais de scolarité qui entravera l'accès aux études supérieures à une partie non négligeable de la population. Enfin, nous demandons des États généraux sur l'éducation post-secondaire pour réfléchir collectivement à l'importance d'un système d'éducation de qualité accessible à toutes et tous, et libre des diktats du marché.
Dre Marie-Claude Goulet, Présidente, Médecins québécois pour le régime public
Dre Ouanessa Younsi, Médecin résidente, co-fondatrice de Médecine contre la hausse
Dr Jean-Gabriel Daneault, Médecin résident, co-fondateur de Médecine contre la hausse
Marie-Claude Goulet
Tél. 514 972-2819
[email protected]
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