Lettre - La Résidence du Havre respectait le code du bâtiment. Est-ce que « respecter le code du bâtiment » est synonyme de « couper les coins ronds et se plier aux désirs des lobbyistes ? »
par Paul Hargest, Président, Canadian Concrete Masonry Producers Association
TORONTO, March 30, 2015 /CNW/ - La publication récente du rapport du coroner du Québec sur le feu qui a détruit la résidence pour personnes âgées de l'Isle-Verte a soulevé des questions à propos de la sécurité des bâtiments. Le feu qui a frappé la résidence du Havre pendant une nuit glaciale de janvier 2014 a réduit une partie de l'édifice en ruine et a tué 32 personnes. Parmi les causes citées dans le rapport : manque de gicleurs, manque de formation des employés, un délai dans l'assistance et une formation douteuse des pompiers locaux.
Cependant, le fait demeure que lorsque vous combinez la propagation rapide et imprévisible d'un feu et la probabilité d'erreurs humaines, le résultat est souvent tragique. Malgré la bonne planification et les bonnes intentions, les gens ont tendance à paniquer et ils commettent inévitablement des erreurs.
Ajoutez à cela les matériaux de construction inflammables en bois et en gypse et vous avez une recette pour un désastre.
L'expérience nous démontre que seuls les matériaux de construction à l'épreuve du feu comme les blocs de béton peuvent arrêter un feu. Dans la Résidence du Havre, c'est un mur construit en blocs de béton qui a empêché la propagation du feu et sauvé une partie du bâtiment, tout en sauvant la vie des résidents de cette section.
Mais, dans notre recherche incessante d'économies et de facilité d'utilisation, nous ne semblons pas vouloir admettre cette réalité. Le code du bâtiment demeure « l'éléphant dans la pièce » et que, pour des raisons d'argent et de politique, personne ne veut aborder.
La Résidence du Havre était construite selon le code; c'est-à-dire, le code du bâtiment de la province qui établit les standards minimums de construction.
Mais, est-ce que cela suffit?
Prenez par exemple le fait qu'au Canada, l'âge minimum auquel un enfant peut abandonner l'école est de 16 ans. Cela veut dire que leur éducation pourrait s'arrêter après le secondaire 5.
Est-ce que nous pourrions prétendre qu'un secondaire 5 suffit à préparer un enfant au marché du travail actuel?
Bien sûr que non. C'est le minimum établi par la loi mais personne ne considère cela comme la Bible. Nous encourageons plutôt nos enfants à compléter au moins leur cégep et même de compléter leurs études universitaires ou une formation technique quelconque.
Nous savons, car l'expérience nous l'a démontré, que nos enfants devront dépasser amplement le minimum établi par la loi s'ils veulent avoir une chance de trouver un travail qui rencontrera leurs aspirations.
Donc, pour conclure, pourquoi envisagerait-on de déménager nos proches dans une maison construite selon des normes minimales? Une maison qui n'est pas conçue pour résister au feu mais plutôt en fonction d'une stratégie d'évacuation? Lorsque les matériaux de construction sont acceptés par le code du bâtiment, cela ne signifie pas nécessairement qu'ils puissent empêcher ou à arrêter le feu, mais plutôt permettre aux gens de sortir.
Si ces personnes sont âgées et ont des problèmes de mobilité, dans une maison avec un minimum de personnel pour aider, imaginez combien de temps cela peut prendre pour évacuer le bâtiment.
Trop longtemps. Comme le savent très bien les résidents de l'Isle-Verte.
Le bois et le gypse ne peuvent tout simplement pas retenir un feu de cette ampleur. Les blocs de béton le peuvent.
Il fut un temps où le code national du bâtiment du Canada exigeait que les murs pare-feu soient construits en matériaux de maçonnerie tels que des blocs de béton.
Par la suite, les fabricants de gypse du Canada ont recommandé que les règles du code soient assouplies pour permettre de fabriquer des murs pare-feu en matériaux autres que de la maçonnerie. La construction de murs pare-feu en gypse nécessite moins de temps et de compétences que la construction de murs en blocs de béton.
Initialement, la recommandation s'appliquait seulement pour les maisons de ville. Cependant, après la mise en vigueur en 2005 et malgré les inquiétudes de l'époque, le code du bâtiment a été modifié pour s'appliquer également à tous les bâtiments.
Des efforts similaires de lobbyisme sont actuellement en cours par l'industrie du bois afin de rendre le bois un matériau de construction de choix. En Colombie-Britannique par exemple, le Wood First Act, adopté en 2009, demande que le bois soit considéré comme la matière première dans la construction des nouveaux bâtiments financés par l'État.
La Colombie-Britannique est donc devenue innovatrice avec la construction d'une résidence de 18 étages en bois construite par l'Université de la Colombie-Britannique. Un plan a également été proposé par un architecte de Vancouver pour construire un gratte-ciel de 30 étages en bois.
Outre le fait que ces bâtiments pourraient être un risque d'incendie, il y a également des préoccupations liées à des dégâts d'eau, des insectes et des objets pénétrants, pour en nommer que quelques-uns.
Ce qui ne veut pas dire que les codes du bâtiment devraient empêcher l'innovation. En effet, de nombreux changements au code sont positifs et encouragent la construction avant-gardiste.
Mais d'abord, nous devons construire en pensant aux gens avant tout. Et cela signifie de ne pas couper les coins ronds avec les normes minimales du code d'aujourd'hui mais en construisant des bâtiments de façon pratique et sécuritaire.
SOURCE Canadian Concrete Masonry Producers Association
Pour plus d'informations ou pour obtenir une entrevue avec Paul Hargest, veuillez communiquer avec Marina de Souza : 416-495-7497, 1-888-495-7497, [email protected]
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