Lettre d'opinion - Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE)
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Association québécoise des centres de la petite enfance13 avr, 2012, 10:16 ET
Le dégel printanier creuse le nid de poule d'une génération
MONTRÉAL, le 13 avril 2012 /CNW Telbec/ - Dans l'édition de La Presse du 4 avril, la journaliste Michèle Ouimet nourrissait le débat sur le dégel des frais de scolarité en revenant sur l'entrevue qu'accordait le chroniqueur Richard Martineau à Tout le monde en parle le dimanche 1er avril dernier.
Dans son excellente analyse, elle nous rappelle l'impact des frais de scolarité sur le niveau d'endettement des diplômés. En se référant à des données publiées par la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) en 2010, elle s'en prend aux préjugés véhiculés par plusieurs au sujet de l'aisance des étudiants et de leur famille.
L'adéquation entre famille aisée et indépendance financière de leurs enfants étudiants est plus qu'interrogeable. En effet, ce n'est pas parce que le revenu des parents dépasse la moyenne de la population que forcément, leur progéniture émancipée profite des largesses de leurs parents pour financer leurs études. Est-il utile de rappeler que la génération X, dont je fais partie avec plusieurs des chroniqueurs favorables au dégel des frais de scolarité, a connu elle aussi ses années de contestation alors que les frais de scolarités gelés étaient loin d'atteindre ceux qui sont imposés aujourd'hui? Rappelons-nous que cette même génération X utilisait même parfois l'institution du mariage pour pouvoir se distancer d'une famille qui autrement les aurait disqualifiés du système des prêts et bourses.
D'un dégel à l'autre :
Si un étudiant qui bénéficie des frais avant le dégel finit en moyenne ses études avec une dette cumulée de 14 000 $, il est prévisible que cette dette sera plus importante après le dégel. De plus, ce même étudiant, qui aura bientôt un projet de fonder une famille, est également menacé d'une hausse tarifaire des places en service de garde à contribution de 7 $ à 10 $ par jour qui se dessine dans les officines du pouvoir. Donc, en plus de supporter un remboursement mensuel de leurs prêts étudiants qui pourrait représenter pour un couple de diplômés une somme de 750 $ par mois (capital sans intérêts sur 48 mois), la prochaine génération de famille risque de devoir assumer une augmentation de 42,8 % des frais de garde, ce qui pousserait cette contribution « réduite » à un montant mensuel 435 $ pour une famille avec deux enfants.
Donc, assumons un instant dans le contexte économique actuel qu'un couple de la prochaine génération de diplômés arrive à se dénicher deux emplois pour un revenu familial brut de 60 000 $, leur laissant un revenu familial net approximatif de 3149 $ par mois (aux taux d'imposition fédéral et provincial). Ce jeune couple devra inévitablement confier ses enfants à un service de garde (435 $/mois) pour pouvoir travailler en plus de rembourser leurs prêts étudiants (750 $/mois). De plus, selon la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL), le coût moyen d'un appartement montréalais de 2 chambres était en octobre 2011 de 719 $/mois. Il est à prévoir que ce loyer fera l'objet de hausses annuelles. En fonction de ces calculs sommaires, nous pouvons d'ores et déjà anticiper que les prochaines générations de parents diplômés ne disposeront que de 1245 $/mois, pour chauffer et éclairer leur logement, nourrir, habiller et déplacer leur famille de deux adultes et de deux enfants soit l'équivalent de 10,38 $/jour par personne!
La détermination de la présente génération d'étudiants qui s'opposent au dégel des frais de scolarité est admirable pour plusieurs raisons. D'abord, pourquoi est-ce à cette génération d'étudiants de subir les chocs tarifaires et les conséquences des gels des frais de scolarité depuis quarante ans? Pourquoi une hausse aussi drastique de 75 % qui fera pression aux seuls utilisateurs-payeurs, au lieu de répartir cette responsabilité à l'ensemble des contribuables, alors que notre société bénéficie collectivement des retombées d'une population plus éduquée? Les étudiants qui mettent présentement à risque leur session, qui retarderait d'autant l'obtention de leur diplôme, se mobilisent avec détermination pour les futures générations qui ne pourront bénéficier des mêmes conditions favorisant l'accès aux études. Deuxièmement, le mouvement contre ce dégel printanier doit inspirer toute la population du Québec, qui se fait imposer ces dernières années toute sorte de hausses tarifaires sans broncher. Cette génération qui se mobilise et qui pourtant fait l'objet de mépris fait clairement la démonstration aux autres générations que le confort et l'indifférence n'ont jamais fait avancer le Québec.
Louis Senécal est Directeur général de l'Association québécoise des CPE.
L'Association québécoise des centres de la petite enfance est un réseau d'entreprises d'économie sociale qui représente quelque 800 centres de la petite enfance et bureaux coordonnateurs de la garde en milieu familial, offrant des services de garde éducatifs partout au Québec.
L'AQCPE est reconnue auprès de ses nombreux partenaires comme un acteur de premier plan dans le secteur des services de garde et qui assume un leadership exemplaire dans la défense des intérêts des enfants et des familles du Québec.
Source : Association québécoise des CPE
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