Lettre d'opinion de Louis Senécal, directeur général de l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) - Pour en finir avec la démagogie de la Coalition des garderies privées non subventionnées du Québec
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ASSOCIATION QUEBECOISE DES CENTRES DE LA PETITE ENFANCE06 déc, 2012, 14:43 ET
MONTRÉAL, le 6 déc. 2012 /CNW Telbec/ - Nous assistons depuis quelque temps à une offensive des garderies commerciales non subventionnées qui souhaiteraient voir le gouvernement de Mme Marois transformer les 11 500 places commerciales non subventionnées en places subventionnées.
Il est clair que le réseau des services de garde est complexe et qu'il requiert une meilleure compréhension de la population. Néanmoins, ce n'est pas parce qu'un service est complexe que nous devons accepter pour autant les dérapages démagogiques qui surviennent à chaque étape de son développement.
La transformation ne crée pas de places additionnelles et ne se fait pas à coût nul
Profitant encore une fois du désarroi des parents qui patientent des années sur les listes d'attentes pour une place en CPE, les garderies commerciales non subventionnées tentent de faire croire à la population du Québec que leur revendication principale réduirait le déficit de places. Or ce déficit tient justement déjà compte des 11 500 places déjà disponibles dans les garderies commerciales non subventionnées, qui se sont développées à un rythme de 1 600 % depuis neuf ans. Transformer ces 11 500 places serait l'équivalent de capituler sur le développement de places et lancerait le signal à 11 500 familles sur les listes d'attentes qu'ils devront attendre encore longtemps.
De plus, il est faux de prétendre qu'une transformation de garderies commerciales serait plus économique que la construction de nouveaux CPE. Les propriétaires d'immeubles où logent des garderies commerciales non subventionnées financent leur investissement grâce aux loyers payés par les garderies commerciales financées par l'État (par les crédits d'impôt accordés aux parents qui paient le plein tarif) et peuvent ensuite revendre à grand profit ce même immeuble. Bien au contraire, en centres de la petite enfance (CPE), les immeubles abritant les installations sont financés par l'État et demeurent dans le patrimoine collectif, enrichissant d'autant les collectivités.
L'ABC des services de garde au Québec
Pour mieux comprendre ce débat, il est important de rappeler les composantes du réseau québécois des services de garde. Le financement se divise en deux groupes : (1) les services de garde à contribution réduite (places à 7 $) et (2) les places non subventionnées (à plein tarif, mais pleinement compensées par les crédits d'impôt).
Parmi les places à contribution réduite, deux réseaux bien distincts cohabitent depuis plusieurs années : (1) le réseau à but non lucratif administré par les parents des centres de la petite enfance et bureau coordonnateur de la garde en milieu familial (CPE et BC) ainsi que (2) le réseau à but lucratif des garderies commerciales.
Le développement anarchique des garderies commerciales
Malheureusement, la lenteur du développement du réseau des CPE et l'énorme demande de places en CPE a créé les conditions propices au développement anarchique, à un rythme effréné de 1 600 % en neuf ans, des places non subventionnées ne répondant pas aux réels besoins des parents. En fait, les nombreux parents qui ne pouvaient obtenir de place en CPE n'avaient d'autre choix que de se replier sur la seule solution disponible qu'est celle de confier leur enfant à une garderie commerciale dans lesquelles ils ne sont ni administrateurs, ni actionnaires.
Heureusement, les projets de développement de places sont maintenant recommandés à la ministre de la Famille par des comités régionaux régis par la loi. Le développement n'est plus arbitraire, anarchique ou motivé par des intérêts financiers comme ce fut le cas pour les garderies commerciales non subventionnées développées avant le scandale des garderies et la loi 126. Souhaitons-nous réellement retourner en arrière et investir davantage dans des garderies commerciales qui se sont développées sans encadrement ?
Une vision dogmatique ? Vraiment ?
Ce n'est pas dogmatique que de rappeler que l'objectif d'un commerce soit d'abord de faire du profit. Ce n'est pas dogmatique que de souligner à grand trait qu'en demandant accès aux investissements publics, les entrepreneurs qui opèrent des services de garde commerciale tentent d'éliminer entièrement leur risque dont le profit est la récompense. Ce n'est pas non plus dogmatique que de rappeler qu'en générant une moyenne annuelle de 54 millions $ de profit, ces commerces détournent ce profit des services directs aux enfants. Finalement, ce n'est pas dogmatique de rappeler que ce 54 millions $ investis dans le réseau des CPE à but non lucratif administrés par des parents aurait été consacrés entièrement et directement aux services aux enfants.
Les garderies commerciales non subventionnées peinent à combler leurs places
Si tel que l'affirme la Coalition des garderies privées non subventionnées du Québec, les garderies commerciales non subventionnées n'ont qu'un taux d'occupation entre 60 % et 70%, pourquoi n'arrivent-elles pas à les combler, alors qu'il y a un manque flagrant de places et que l'accès aux crédits d'impôt compense largement pour la dépense des parents ? Peut-être est-ce parce qu'elles n'ont pas fait l'étude des besoins de leur secteur, qu'elles ne sauraient répondre aux nouvelles règles encadrant l'attribution de places (loi 126) ou encore qu'elles sont mal situées. Rappelons que selon l'étude des crédits budgétaires des services de garde éducatifs, 2/3 des plaintes qui ont été déposées par les parents en 2010-2011 au ministère de la Famille concernaient les garderies commerciales. Mentionnons aussi que selon l'étude « Grandir en qualité », la qualité des garderies commerciales est bien en deçà de la qualité qu'on retrouve dans les centres de la petite enfance (CPE). Ce n'est pas pour rien que les CPE constituent le mode préféré par les parents, et ce, quel que soit l'âge des enfants.
En conclusion
La richesse du réseau à contribution réduite (places à 7 $) et sa rentabilité maintes fois prouvées par d'éminents économistes (chaque 1 $ investi en rapporte 1,50 $ à la société) sont fondées sur un équilibre de facteurs qui se fragiliseraient si son développement se faisait dans toutes les directions. Le Québec possède un réseau unique qui a fait ses preuves et il y a des limites à accepter que les démagogues ou les intérêts financiers le fragilisent par des solutions empruntant des raccourcis que la rigueur ne pardonne pas.
SOURCE : ASSOCIATION QUEBECOISE DES CENTRES DE LA PETITE ENFANCE
Geneviève Blanchard
Conseillère principale
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