Lettre ouverte - Les taux de mortalité hospitalière et vous : nous sommes tous dans le même bateau! English
MONTRÉAL, le 1er févr. 2013 /CNW Telbec/ - Plusieurs d'entre vous ont vu les tableaux publiés récemment sur la mortalité hospitalière au Canada et spécifiquement au Québec (Actualité médicale, 20 décembre 2012). L'hôpital de référence du Pontiac, soit le Centre de Santé et Services Sociaux de Gatineau, affichait un taux de 133, la moyenne canadienne étant à 100. De plus, 18 des 20 hôpitaux du Québec analysés affichaient des taux dans les 74-85. Initialement, j'avais trouvé ceci tout à fait ahurissant et me questionnais sur la qualité de nos soins dans l'Outaouais en général et plus spécifiquement dans le Pontiac.
Mais voilà qu'après tout, la qualité d'un système de santé se trouve au DIXIÈME rang dans la liste des déterminants de la santé et, en termes de qualité de soins, le meilleur et le pire hôpital dans le monde développé varie d'au plus 5% en ce qui concerne la mortalité. Sans compter que les milieux universitaires affichent les plus bas taux puisque ce sont plutôt des centres techniques. Lorsqu'un patient ne requiert plus les soins ultra-spécialisés, il est généralement transféré dans un hôpital plus périphérique.
Voici les déterminants de la santé, en ordre :
- le niveau de revenu et le statut social
- les réseaux de soutien social
- l'éducation et l'alphabétisme
- l'emploi et les conditions de travail
- les environnements sociaux
- les environnements physiques
- les habitudes de santé et la capacité d'adaptation personnelles
- le développement de la petite enfance
- le patrimoine biologique et génétique
- les services de santé
- le sexe
- la culture
En fait, une fois que le patient nous arrive au bureau ou à l'hôpital, les 9 autres facteurs ont déjà déterminé l'évolution de sa santé et l'impact qu'on a dans le système en tant que tel est moindre que tous ces éléments. Pas surprenant que l'Association médicale canadienne met de l'avant cette problématique comme thème central pour 2012-2013!
On nous promet le chiffre sur la mortalité hospitalière pontissoise en février. Par contre, que le taux soit élevé ou bas comparativement au centre urbain, ce ne serait qu'un signe de notre pauvreté relative au niveau des premiers facteurs. On peut aussi parler d'accessibilité aux soins palliatifs : le fait que les gatinois les plus en santé et ayant un plus haut revenu consultent souvent du côté d'Ottawa, le fait que les quartiers pauvres de Gatineau affichent une espérance de vie 6 ans inférieure aux quartiers mieux nantis, et de multiples autres facteurs. Dans le Pontiac, on se rend bien compte que le déclin de l'industrie forestière a un impact phénoménal sur la santé de nos patients. Une chance que le réseau social est assez fort par endroit, car l'importance de ce réseau est beaucoup plus grande que ce que nous faisons à l'intérieur du système de la santé!
Fait intéressant, c'est seulement la Grande Bretagne et le Canada qui affichent ce genre de statistique et il faut se méfier de croire que les médecins ou les hôpitaux en sommes les causes.
Sur ce, je nous souhaite quand même un bas taux de mortalité. Entre temps, efforçons-nous de contribuer chacun à sa façon à un Outaouais en santé!
Ruth Vander Stelt, md
Présidente, Association médicale du Québec
SOURCE : ASSOCIATION MEDICALE DU QUEBEC
Marie-Noëlle Bouillon
Conseillère aux communications
Association médicale du Québec
(514) 866-0660
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