Lettre ouverte : Infléchir la courbe de dépenses en santé demande un leadership éclairé
Auteurs : Laurent Marcoux, M.D., M. Sc., président de l'Association médicale du Québec et Louis Hugo Francescutti, MD, PhD, MPH, FRCPC, FACPM, FRCPI, FRCPE, CCPE, président de l'Association médicale canadienne.
À la veille du dépôt du budget du Québec, les auteurs ont tenu à exprimer leurs inquiétudes sur de potentielles coupes en santé, au détriment de solutions offrant un réel potentiel d'économie et assurant des services de meilleure qualité pour la population.
MONTRÉAL, le 31 mai 2014 /CNW Telbec/ - À la veille du dépôt du budget du Québec et dans le contexte où les mots rigueur, coupures, révision de programme s'entrechoquent, l'Association médicale du Québec (AMQ) et l'Association médicale canadienne (AMC) unissent leur voix afin d'exprimer des inquiétudes.
La population s'attend à avoir accès en temps opportun à des soins de qualité, sans égard à la capacité de payer, dans un système transparent et efficace. C'est un défi de taille pour le gouvernement, non seulement doit-il faire face à des problèmes récurrents reliés à l'accessibilité des soins, mais il doit le faire dans un contexte budgétaire extrêmement serré, qui ne lui donne aucune marge de manœuvre.
En tant qu'associations professionnelles de médecins, notre seule préoccupation est d'assurer la viabilité d'un système de santé public et universel. Nous croyons qu'il y a moyen d'infléchir la courbe de dépenses en santé. Les modes d'allocation des budgets sont archaïques, les mécanismes de reddition de comptes insuffisants et les outils d'évaluation de la performance quasi inexistants.
Pour trouver des solutions durables à ces problèmes, il faut faire confiance aux professionnels qui, tous les jours, sont près des personnes bénéficiant des soins de santé. L'idée de procéder par des coupures ou des compressions financières n'auront pas, à notre sens, de réels effets structurels. Il faut plutôt viser des mesures offrant un réel potentiel d'économie et assurément des services de meilleure qualité pour la population.
À titre d'exemple, nos associations ont étudié les phénomènes du surdiagnostic et de la surmédicalisation. Ceux-ci multiplient les interventions médicales inutiles qui non seulement pèsent lourd sur les dépenses en santé, mais aussi sur la santé des patients. Nous avons convié nos partenaires, tant les gestionnaires que les autres professionnels de la santé afin de partager notre réflexion.
La responsabilité est partagée et cible les soignants, les patients, la culture et le système, et nous croyons qu'une approche concertée afin de s'attaquer à ce phénomène pourrait générer des économies de cinq milliards de dollars.
Le Québec est maintenant dirigé par un gouvernement majoritaire fort dont plusieurs leaders, en commençant par notre premier ministre et notre ministre de la Santé, ne peuvent plaider l'ignorance du fonctionnement de notre réseau de soins.
Nous les interpellons pour qu'ils aient recours à la collaboration de tous les acteurs du réseau afin de travailler sur un projet commun. Plutôt que de chercher des coupables, nos associations prennent l'engagement ferme de travailler en concertation avec les leaders médicaux nouvellement élus en vue de trouver des solutions durables, dans le respect de tous les artisans de notre réseau. Nous avons réussi à ce jour à créer un mouvement de collaboration pour nous attaquer au problème de surdiagnostic et nous croyons ainsi assumer un leadership éclairé. Nous convions donc nos collègues responsables au gouvernement à adhérer à une telle approche et à se joindre à nos efforts.
SOURCE : Association médicale du Québec
Mélissa Bourgoin
Coordonnatrice aux affaires professionnelles
Association médicale du Québec
Courriel : [email protected]
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