Lettre ouverte concernant la menace d'affaiblissement du réseau des Conservatoires de musique et d'art dramatique du Québec
L'avenir du Conservatoire en région menacé ou l'art de rater la cible
MONTRÉAL, le 27 mars 2014 /CNW Telbec/ - Pendant que la campagne électorale bat son plein, une discussion cruciale sur un enjeu touchant la culture au sein des régions du Québec a été mise en veilleuse. La Consultation ministérielle sur l'avenir du Conservatoire nous a permis de découvrir des orientations inquiétantes qui risquent d'affecter le paysage musical et artistique du Québec. La proposition du gouvernement est radicale: Porter atteinte au réseau des conservatoires en affaiblissant et vidant de leur substance les conservatoires de cinq régions du Québec. Une manoeuvre que nous dénonçons vivement, au nom de la vie musicale des régions et des dizaines d'emplois qui y sont rattachés.
Pépinière d'artistes aux quatre coins du Québec
Depuis 70 ans, le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec est une institution qui nous distingue en Amérique du Nord et qui fait l'envie de tous les spécialistes en enseignement artistique sur le continent. Nul besoin de rappeler que le Conservatoire a vu naître une gamme d'artistes talentueux, aujourd'hui ambassadeurs de la vitalité culturelle du Québec. Ces musiciens et artistes émergents du Conservatoire forgent jour après jour l'identité culturelle du Québec. Sans les Yannick Nézet-Séguin, Marc Hervieux, Angèle Dubeau et Marie-Nicole Lemieux pour la musique, les Luc Picard, Guylaine Tremblay, Marie Tifo et Robert Lepage pour le théâtre et le cinéma, notre lien affectif envers la culture serait-il aussi puissant?
Pourquoi mettre un bémol sur la culture dans les régions?
Menacé de dépérir autant à Gatineau, à Saguenay, à Val-d'Or, à Rimouski qu'à Trois-Rivières, le Conservatoire subit les conséquences des obligations administratives et immobilières qu'il peine à supporter depuis qu'il est devenu une corporation en 2007.
Depuis, les coupures s'additionnent et elles touchent directement les professeurs et les musiciens étudiants avec des réductions de durée de cours et de temps d'accompagnement au piano. Nous croyons que le pire reste à venir selon un document de consultation rendu public par le Ministère de la culture et des communications et dressant un bilan fataliste d'une organisation pourtant reconnue pour être performante. De fait, le Conservatoire jouit d'un taux de placement exemplaire de ses diplômés, sans parler de son rayonnement dans les communautés où il est ancré depuis des dizaines d'années. Pourquoi sabrer dans l'héritage culturel que le Conservatoire transmet aux régions?
Une centralisation qui sonne faux
Le gouvernement envisage notamment que les élèves de niveau collégial et universitaire des conservatoires de musique en région soient déportés vers les grands centres, fragilisant considérablement les orchestres régionaux et toute la vie culturelle hors des grands centres.
Ces mêmes conservatoires se trouveraient aussi privés de tous les autres étudiants de niveau préparatoire, qui seraient pour leur part redirigés vers les écoles de musique privées. Depuis sa fondation, le mandat de former des musiciens professionnels est la force première du Conservatoire et la préoccupation constante de ses professeurs passionnés.
Les régions seront-elles privées de leur Conservatoire tel qu'on le connait et leurs citoyens recevront-ils des services de second ordre sur le plan culturel?
Nous posons la question. Nous réitérons que nous sommes prêts à participer à tout processus de renouveau et de gestion rigoureuse des fonds publics, dans la mesure où les Québécois pourront bénéficier du vecteur culturel qu'est le Conservatoire, et ce, sur tout le territoire du Québec.
Claude Tanguay
Président du Syndicat des Professeurs de l'État du Québec (SPEQ)
Jean Vallières
Représentant Réseau Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec - Conseil exécutif SPEQ
SOURCE : Syndicat des professeurs de l'État du Québec (SPEQ)
ou demandes d'entrevues: Rosalie Bergeron, Tél. 581 982-5539, [email protected]
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