Lettre ouverte en réponse à l'article Des résidences pour aînés menacent de fermer paru le 18 janvier 2014
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Union des employés et employées de service, section locale 800 (FTQ)24 janv, 2014, 13:25 ET
MONTRÉAL, le 24 janv. 2014 /CNW Telbec/ - Un article paru dans La Presse et Le Soleil du 18 janvier sous le titre « Hausse du salaire des employés d'entretien ménager / Des résidences pour aînés menacent de fermer », présente la position du Regroupement québécois des Résidences pour aînés (RQRA) par son président, monsieur Yves Desjardins, sur ce sujet. L'Union des employés et employées de service, section locale 800 (UES 800) représente une importante proportion des employés travaillant dans l'entretien ménager au Québec. À ce titre, mais aussi comme représentante de citoyens préoccupés par la qualité des soins et des services que reçoivent nos aînés dans ces résidences, l'UES 800 se doit de réagir aux arguments partiels véhiculés par cet article.
Précisons d'abord qu'il y a deux décrets, celui de la région de Québec depuis 1969 et celui de la région de Montréal depuis 1975; non depuis 15 ans, tel que mentionné dans l'article. Ces décrets existent d'une part parce que les employés d'entretien travaillent le plus souvent isolés dans un édifice et d'autre part parce que 90 % des coûts d'opération proviennent des salaires, de sorte que la concurrence entre les employeurs se joue uniquement sur les salaires. Ces deux motifs combinés ont pour effet que, sans les décrets, ces employés seraient condamnés au salaire et aux avantages sociaux minimums sans espoir d'améliorer leur situation.
Les taux de salaire de 15.98 $ et 16.41 $ dénoncés par le RQRA s'appliquent respectivement à l'entretien léger et à l'entretien lourd du décret de la région de Montréal; pour le décret de la région de Québec, les salaires sont de 15.21 $ et 15.53 $. Les taux de 15.21$ ou 15.98 $ s'appliquent à 75 % des employés. Ces salaires sont-ils exagérés alors que nombre d'organismes sociaux économiques affirment que 15 $ l'heure est requis pour vivre décemment? Il est aussi important de savoir que ces taux de salaire ne sont pas issus du gouvernement, mais ont été négocié entre des associations d'employeurs représentatives de l'industrie et notre syndicat. Le gouvernement ne fait que les promulguer après avoir analysé qu'ils n'auront pas d'impacts économiques négatifs. Les comités paritaires, dont se plaint l'AQRA, sont aussi gérés conjointement par les parties négociantes.
Affirmer que ces salaires occasionnent des fermetures de résidences n'a aucune crédibilité puisque de grandes entreprises ont pu se développer, tels le Groupe Champlain et le Groupe Savoie, pour ne nommer qu'elles. Il se passe rarement une semaine sans qu'une nouvelle résidence ouvre ses portes quelque part au Québec. Des entreprises ontariennes investissent au Québec dans l'achat ou la construction de résidences. Le Groupe Savoie est même assez riche pour offrir d'acheter l'Hôtel Loews Le Concorde à Québec et y investir en plus 30 millions de dollars. Non, s'il y a des fermetures, le problème des résidences concernées est ailleurs et des salaires moins élevés n'y changeraient rien. Il est plutôt honteux de voir certaines résidences payer 12 $ l'heure le travail admirable de préposées aux bénéficiaires et 14 $ celui d'infirmières.
Les salaires que les membres de l'AQRA souhaitent payer entraîneraient de graves difficultés à attirer et retenir du personnel qualifié et dévoué. Parce que l'entretien ménager, c'est aussi de l'hygiène, ils nuiraient donc non seulement à la qualité des services directs aux aînés, mais aussi à la santé publique en favorisant la propagation des infections, bactéries et virus.
Soulignons également que monsieur Desjardins présente comme horribles des situations tout à fait normales. Des amendes sont imposées à certains de ses membres; n'en est-il pas de même de tout citoyen pris à ne pas respecter la loi? Ce sont les résidents qui payent; y a-t-il quelqu'un qui ne paie pas pour les services qu'il utilise, que ce soit directement ou par ses taxes? Ses membres sont des résidences privées et non des centres commerciaux ou des écoles; quel est le rapport, quelle logique y a-t-il là? Il s'en prend à la loi sur l'équité salariale; cette loi vise seulement à corriger des iniquités basées sur le sexe. Enfin, il mentionne qu'avec toutes les autres règles applicables aux résidences, le décret est impossible à supporter; ce n'est pas très rassurant que les propriétaires considèrent les règles de sécurité et de salubrité pour nos aînés comme des fardeaux.
Toutes les parties aux décrets, donc y compris les employeurs de l'industrie, s'opposent fermement aux démarches du RQRA visant à soustraire les résidences pour aînés de l'application des décrets. Il serait absolument déplorable que la ministre Agnès Maltais soit influencée par ce lobbyisme, d'autant plus qu'il n'aurait aucun effet sur la santé financière des résidences, sauf celui d'enrichir davantage leurs propriétaires au détriment de leurs employés, de la qualité des services et de la santé publique.
Alain Brisson
Vice-président à l'administration
UES 800
SOURCE : Union des employés et employées de service, section locale 800 (FTQ)
Thao Dao, 514 887-3463
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