Lettre ouverte - Révision de la loi sur le patrimoine culturel : le patrimoine enfoui complètement oublié
MONTRÉAL, le 15 déc. 2020 /CNW Telbec/ - Vous trouverez plus bas une lettre ouverte de la part de la présidente de la Fédération des professionnèles-CSN, Ginette Langlois, et du président du Syndicat national des archéologues du Québec-CSN, Maxime Vaillancourt.
Le patrimoine culturel enfoui au Québec est une richesse collective incommensurable. Il nous aide à améliorer notre connaissance des peuples autochtones qui habitent notre territoire depuis des millénaires et à comprendre la vie que menaient les premiers colons européens qui y sont débarqués.
L'archéologie étant essentielle à la découverte et à la conservation de ce patrimoine, nous déplorons que le projet de loi 69 modifiant la Loi sur le patrimoine culturel ne comprenne aucune mesure pour améliorer les conditions qui régissent les travaux archéologiques, et ce, même si les règles encadrant le travail des archéologues découlent en grande partie de cette loi.
Bien que nous comprenions la nécessité de mieux encadrer la protection du patrimoine bâti et que nous saluions la volonté de la ministre de la Culture et des Communications en ce sens, force est de constater que l'archéologie demeure aujourd'hui le parent pauvre de la protection de biens culturels. Le fait qu'aucun organisme ou regroupement d'archéologues n'ait même été invité à participer aux consultations menées par la commission parlementaire sur ce projet de loi le démontre une fois de plus.
Pourtant, l'encadrement législatif des travaux archéologiques doit être amélioré. Ceux-ci ne doivent pas être uniquement considérés comme une étape préalable aux nouvelles constructions, mais comme une réelle démarche de recherche scientifique, d'inventaire, de fouilles et d'analyse qui mérite toute l'attention nécessaire à sa réalisation.
L'accélération des mises en chantier exerce une pression indue sur la protection des biens culturels, d'autant plus qu'en étant enfouis, ces derniers ne sont ni visibles ni identifiés. Il appartient au ministère d'assurer la protection de ce patrimoine plutôt que de se limiter à la protection du patrimoine bâti.
Il aurait été judicieux de profiter de cette révision de la Loi sur le patrimoine culturel -- la première en dix ans -- pour aborder plusieurs enjeux touchant à l'environnement de travail des archéologues.
Nous suggérons, entre autres, de hausser le montant des amendes imposées aux entrepreneurs qui ne respectent pas les règles de conservation du patrimoine ; de calculer le délai maximal pour la remise du rapport archéologique à partir de la fin des fouilles ; et de prévoir un mécanisme pour ajuster les montants et les délais alloués aux travaux archéologiques en fonction des contraintes vécues ou de l'ampleur des découvertes.
Par ailleurs, l'ajout d'un pouvoir décisionnel à l'échelon des municipalités régionales de comté (MRC) nous inquiète également, puisqu'il n'apporte aucune protection supplémentaire et qu'il risque d'engendrer une forte réduction du territoire protégé.
Notre patrimoine enfoui est non renouvelable et riche d'une histoire qui dépasse les intérêts économiques à court terme. Nous espérons que le gouvernement saura reconnaître son importance et modifier le projet de loi 69 en conséquence.
À propos
Née en 1964, la Fédération des professionnèles (FP-CSN) représente 9 000 travailleuses et travailleurs œuvrant dans les secteurs de la santé et des services sociaux, de l'éducation, des organismes gouvernementaux, de l'économie sociale, de l'action communautaire, ainsi que dans le secteur privé.
Le Syndicat national des archéologues du Québec (SNAQ-CSN) a été fondé le 1er mars 2020 et représente la presque totalité des archéologues professionnels au Québec. Il s'est donné pour mission d'améliorer les conditions de travail des archéologues et d'assurer une pratique saine et viable de l'archéologie au Québec.
Ginette Langlois
Présidente
Fédération des professionnèles-CSN
Maxime Vaillancourt
Président
Syndicat national des archéologues du Québec-CSN
SOURCE Fédération des professionnèles (FP-CSN)
Guillaume Francoeur, conseiller aux communications - CSN, [email protected] ou 514 809-8532
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