- L'Arabie saoudite doit réduire sa production pour que les prix mondiaux du pétrole se stabilisent
TORONTO, le 27 juin 2012 /CNW/ - L'Indice Scotia des prix des produits de base a reculé de 0,1 % en mai, sixième mois consécutif de glissade. L'indice global a perdu 15,9 % depuis son dernier sommet d'avril 2011, soit tout juste avant la vague d'inquiétudes que suscite la lourde dette « souveraine » de l'Europe. Cette correction est toutefois beaucoup moins sévère que la chute de 46 % enregistrée au deuxième semestre de 2008.
« Les inquiétudes relatives au ralentissement de la croissance mondiale, comme l'illustre le fléchissement des indices des acheteurs de la zone euro, de Chine et des États du centre du littoral de l'Atlantique, aux États-Unis, et étant donné le peu de progrès accompli par la zone euro dans le règlement de ses problèmes financiers, ont tiré vers le bas les actifs risqués, comme les produits de base et les actions », explique Patricia Mohr, vice-présidente, Études économiques, et spécialiste, Marché des produits de base, Banque Scotia. « La Réserve fédérale n'a pas appuyé l'économie américaine au moyen d'un assouplissement audacieux de sa politique monétaire, c'est-à-dire qu'elle n'a procédé qu'à un prolongement partiel de l'opération twist plutôt qu'à un troisième assouplissement quantitatif, ce qui a provoqué de la déception en plus d'une autre correction du prix du pétrole et de l'or après la réunion des 19 et 20 juin du Federal Open Market Committee. »
En mai, l'indice des métaux et des minéraux a chuté de 3 % en glissement mensuel, perdant ainsi 14,2 % de sa valeur en un an. Les prix des métaux de base ont encore perdu du terrain, le cuivre à la bourse des métaux de Londres chutant à 3,59 $ US la livre en mai et enregistrant un creux de 3,29 $ US le 8 juin 2012, avant de rebondir à 3,33 $ US fin juin, niveau quand même assez rentable (procurant une marge bénéficiaire de 45 %). Les prix du zinc et du nickel sont aussi restés intéressants, quoique celui de l'aluminium soit faible (chutant sous le coût direct mondial moyen, à cause en partie de l'agrandissement des fonderies dans le nord-ouest de la Chine).
L'indice du pétrole et du gaz a gagné 3,6 % en glissement mensuel en mai. Malgré la baisse des prix internationaux du pétrole, le brut léger Edmonton, le brut peu sulfureux et le brut lourd Western Canadian Select (WCS) ont opéré un ralliement en mai, et les primes relatives au West Texas Intermediate (WTI) se sont amoindries. Le WCS (bitume mélangé à du bitume dilué ou à du brut synthétique) est passé de 70,54 $ US le baril à 75,01 $ US en mai, parallèlement à une congestion moindre des pipelines d'exportation vers les États-Unis et à une augmentation saisonnière normale de la demande.
« La surproduction délibérée en Arabie saoudite au premier semestre de 2012, pour contrebalancer la diminution de la production iranienne entraînée par les sanctions et empêcher que des prix élevés ne fassent dérailler une économie mondiale fragile, a contribué au dévissage du prix international du pétrole en juin, mettant ainsi de la pression sur le brut de l'Ouest canadien », poursuit Mme Mohr. « Malgré l'embargo qui sera imposé par l'Union européenne à compter du 1er juillet 2012 sur l'achat ou l'expédition de brut iranien, le Brent a brièvement chuté aussi bas que 88,99 $ US le 21 juin, alors qu'il avait atteint un sommet de 128,10 $ US le 24 février, lequel était lié aux inquiétudes relatives à la croissance mondiale et à des stocks mondiaux élevés (revenus aujourd'hui à des niveaux normaux). »
L'indice des produits forestiers s'est encore bien comporté en mai (+3,0 % en glissement mensuel) et a enregistré son quatrième gain mensuel consécutif. Alors que d'autres sous-indices ont perdu du terrain en un an, celui des produits forestiers a inscrit un gain modeste sur un an (+4,1 %).
L'indice des produits agricoles, vigoureux pendant le printemps, a connu un repli saisonnier en mai (-3,5 % en glissement mensuel). Le prix du canola (première qualité stocké à Vancouver), qui avait presque établi un record en avril, à 673 $ US, s'est retranché à 651 $ US la tonne, prix qui demeure intéressant. Le prix du blé a lui aussi perdu du terrain.
« Puisque la Commission canadienne du blé (CCB) n'indique plus de prix à l'exportation à la Commission canadienne des grains, son monopole de la vente du blé canadien sur les marchés étrangers et intérieurs ayant pris fin, nous avons adopté, pour l'Indice Scotia des produits de base, le prix du Minneapolis Dark Northern Spring Wheat (première qualité, 14 % de protéine, livré vers les Grands Lacs par Duluth) », explique Mme Mohr. « Auparavant, le prix à l'exportation demandé par la CCB pour le blé roux de printemps de l'Ouest canadien de première qualité et à 13,5 % de protéine était fixé en fonction des cours à la Minneapolis Grain Exchange (MGX), où on trouvait, sur les bourses américaines, la qualité la plus proche de celle du blé roux. »
Pour ce qui est du gaz naturel, les cours du marché à terme dans un proche avenir à la bourse NYMEX semblent avoir atteint un plancher le 19 avril, à 1,91 $ US par million de BTU, et ont grimpé à 2,49 $ US en mai et à 2,68 $ US fin juin. Seul le gaz naturel de schiste "riche en liquide" et à très faible coût d'exploitation, comme celui d'Eagle Ford et de Marcellus, peut être rentable à des prix inférieurs à 2 $ US. L'exploitation de la portion "sèche" du gisement Marcellus coûte 3 $ US. L'attente d'un été chaud dans toute l'Amérique du Nord a aussi dopé les prix, aussi bien aux États-Unis qu'au Canada.
Le prix au comptant de l'uranium reste faible. Bien qu'il soit passé de 51,45 $ US la livre en avril à 52 $ US en mai, il s'est replié à 50,75 $ US fin juin (prix partiellement révélateur du marasme estival aussi bien que d'une autre opération de troc prévue par le département américain de l'Énergie). Cependant, l'espoir d'une reprise à moyen terme des conditions du marché a encouragé les acheteurs à pousser, fin mai, le prix de base des engagements à terme à 61,50 $ US (+ 1,50 $ US), première augmentation depuis l'incident de Fukushima-Daiichi. On s'attend à ce que la Chine approuve de nouveau, bientôt, la construction de nouvelles centrales nucléaires.
Le prix au comptant du minerai de fer 62 % Fe livré à Qingdao, en Chine (indicatif des prix payés aux producteurs canadiens de la fosse du Labrador) a perdu du terrain en mai, passant de 147,65 $ US la tonne en avril à 136,67 $ US. Toutefois, comme la production chinoise d'acier reste élevée, les prix se sont stabilisés au cours des dernières semaines. Le prix de l'or reste volatil, le marché espérant que la Réserve fédérale ou que la Banque centrale européenne assouplisse fortement sa politique monétaire.
Les conditions pour la potasse sont peu brillantes. Le marché est embourbé dans les stocks importants des producteurs, puisqu'aucune nouvelle affaire n'a été conclue avec l'Inde, et attend qu'un contrat soit signé avec la Chine au troisième trimestre. L'Inde a sabré les subventions aux agriculteurs (geste probablement dû à des restrictions budgétaires), ce qui a eu pour effet d'augmenter le prix réel de la potasse en Inde. L'Inde devrait cependant reprendre ses achats vers le mois d'août. Les volumes restent satisfaisants au Brésil. Le prix au comptant (FAB Vancouver) a légèrement reculé, passant de 480 $ US la tonne en avril à 475 $ US en mai, mais reste supérieur à celui qui était pratiqué il y a un an, soit 445 $ US.
Études économiques Scotia propose à sa clientèle une analyse approfondie des facteurs qui façonnent les perspectives du Canada et de l'économie mondiale, notamment l'évolution macroéconomique, les tendances des marchés de change et des capitaux, le rendement des produits de base et de l'industrie ainsi que les enjeux relatifs aux politiques monétaires, fiscales et gouvernementales.
Patricia Mohr, Études économiques Scotia, 416-866-4210, [email protected]; ou
Joe Konecny, Relations avec les médias, Banque Scotia, 416-933-1795, [email protected].
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