La saturation du marché du raffinage du Midwest américain fait baisser les prix du brut léger et lourd de l'Ouest canadien; il faut développer les exportations vers l'Asie
TORONTO, le 26 avril 2012 /CNW/ - L'indice des prix des produits de base de la Banque Scotia a perdu du terrain pour le quatrième mois de suite en mars, en baisse de 2,9 % en glissement mensuel. Pour la première fois depuis octobre 2009, l'indice global se situe à un niveau inférieur à celui de l'année précédente (-5,2 %).
« Bien que les sous-indices des produits agricoles (+5,7 % en glissement mensuel) et des produits forestiers (+2,1 %) se soient redressés, ces gains ont été plus que neutralisés par la baisse très marquée de l'indice du pétrole et du gaz (-9,1 %) et le léger déclin de l'indice des métaux et des minéraux (-1,1 %) », souligne Patricia Mohr, vice-présidente d'Études économiques Scotia et spécialiste du marché des produits de base à la Banque Scotia.
Malgré que le Brent et le West Texas Intermediate (WTI), qui sont les prix de référence internationaux du pétrole, aient continué d'augmenter en mars, atteignant 124 $ US et 106 $ US respectivement, ceux du brut léger non sulfuré à Edmonton et du brut lourd Western Canadian Select ont chuté. Le prix du brut léger à Edmonton a chuté, se situant à 86 $ US le baril en mars, soit environ 38 $ US de moins que le Brent et 20 $ US de moins que le WTI.
Le cours du Western Canadian Select (WCS) est habituellement inférieur à celui du WTI (en moyenne de 17,79 $ US le baril de 2005 à 2011) en raison d'écarts de qualité. Cependant, cette différence de prix a considérablement augmenté, passant de 19,33 $ US en février, à 31,44 $ US en mars, puis à 32,81 $ US en avril. L'écart de prix devrait diminuer et se fixer à environ 19,70 $ US en mai compte tenu de la reprise de la demande de brut lourd liée aux travaux d'asphaltage printaniers, mais il demeurera important.
« Au Canada, le pétrole et le gaz ont une énorme incidence sur les prix des produits de base et sur l'économie, et ils ont représenté 39,9 % des exportations nettes de marchandises et de produits manufacturés à base de matières premières du Canada en 2010 », ajoute Mme Mohr.
« Les prix exceptionnellement réduits du pétrole de l'Ouest canadien s'expliquent par la dépendance envers un important marché d'exportation, celui du Midwest des États-Unis, et par la capacité insuffisante des pipelines d'exportation, particulièrement vers les marchés en plein essor de la région Asie-Pacifique », explique Mme Mohr. « Au cours des prochaines années, divers projets de pipelines reliant Cushing, en Oklahoma, aux raffineries de la région américaine de la côte du golfe du Mexique permettront de diminuer l'écart actuellement élevé entre le WTI et le Brent, ce qui fera augmenter les cours du pétrole de l'Ouest canadien. Cependant, un "risque commercial" demeurera présent : celui de la dépendance envers un seul marché d'exportation majeur, particulièrement compte tenu du déclin récent de la demande de pétrole aux États-Unis et du fait que la demande anticipée devrait être faible. Il est urgent que le Canada augmente sa capacité pipelinière d'exportation afin de tirer parti de l'essor des marchés asiatiques. »
Les prix du gaz naturel au Nymex sont tombés en deçà de 2 $ US par million de BTU à la mi-avril. Malgré le déclin des activités de forage ciblant des gisements de gaz, le nombre élevé de forages de développement du gaz de schiste riche en liquides continue de stimuler la production gazière connexe. Cependant, certains éléments pourraient contribuer à une hausse des prix à moyen terme. Le gaz naturel est actuellement neuf fois moins cher que le pétrole brut, ce qui devrait soutenir l'utilisation du gaz naturel comprimé par les véhicules publics (autobus), les parcs d'entreprise et les camions lourds. Contrairement à la tendance observée il y a dix ans, les États-Unis devraient devenir un pays exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL), lequel provient principalement de la région américaine de la côte du golfe. Les projets de terminaux d'exportation du GNL totalisent 15,4 milliards de pieds cubes par jour (Gpi3/j), ce qui équivaut à 21 % de la production actuelle de gaz naturel des 48 États continentaux des États-Unis. Les prix du GNL livré au Japon dépassent 16 $ US, alors que les prix nord-américains se situent à 2 $ US.
L'indice des métaux et des minéraux s'est également replié le mois dernier, les prix plus élevés du cuivre et du minerai de fer ayant été neutralisés par le déclin des autres métaux de base et la baisse du cours de l'or. Les prix du cuivre à la LME ont augmenté et atteint le niveau lucratif de 3,84 $ US la livre en mars, ce qui génère une marge bénéficiaire de 52 % supérieure au seuil de rentabilité mondial moyen.
Une région productrice de minerai de fer de calibre mondial est en développement dans la fosse du Labrador et au Nunavut. D'ici 2021, la production de minerai de fer du Canada devrait atteindre 72 millions de tonnes, comparativement à 41 millions de tonnes en 2011, ce qui représente un bond de 76 %. Le Canada se hissera ainsi au 8e rang dans le monde.
Les excellents prix du canola, de l'orge et du homard de la côte de l'Atlantique sont à l'origine d'une solide progression des produits agricoles en mars. Les cours du canola à Vancouver ont monté en flèche, passant de 89 $ US à 632 $ US la tonne en mars, et ont même culminé à 668 $ US à la mi-avril, ce qui est légèrement supérieur au prix de 622 $ US atteint en avril, compte tenu des perspectives très favorables du soja et des autres oléagineux. Les prix élevés du canola et des céréales fourragères laissent entrevoir le dynamisme du secteur agroalimentaire dans l'Ouest canadien.
Enfin, l'indice des produits forestiers s'est raffermi en mars grâce à la hausse des prix du bois d'œuvre et des panneaux à copeaux orientés (OSB). Les panneaux ont connu une excellente progression cette année, les prix ayant atteint 211 $ US le millier de pieds carrés dans le centre-nord des États-Unis en mars.
La Banque Scotia a des économistes et des stratèges de marché en poste au Canada, aux États-Unis, au Mexique, au Pérou, au Chili, en Thaïlande, à Hong Kong, au Royaume-Uni et en France. Cette équipe fournit des commentaires approfondis au sujet des facteurs qui façonnent les perspectives de l'économie, des devises, des marchés des capitaux et des produits de base à l'échelle mondiale et analyse les enjeux liés aux politiques monétaires et gouvernementales.
Patricia Mohr, Études économiques Scotia, 416-866-4210, [email protected];
Joe Konecny, Relations avec les médias, Banque Scotia, 416-933-1795, [email protected]
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