L'industrie des journaux du Québec se mobilise pour réclamer un programme d'aide pour poursuivre son virage numérique English
MONTRÉAL, le 28 sept. 2016 /CNW Telbec/ - Une majorité d'éditeurs de journaux du Québec se regroupent aujourd'hui au sein d'une coalition qui demande à l'État la création d'un programme d'aide pour que les journaux poursuivent le virage numérique imposé par la multiplication des plateformes.
La Coalition pour la pérennité de la presse d'information au Québec est formée du journal Le Devoir, du Groupe Capitales Médias, d'Hebdos Québeci et de TC Transcontinental. Elle regroupe 146 journauxii qui informent chaque semaine près de six millions de Québécois, soit près de 80 % de la population. Son mandat est double : sensibiliser le public à l'importance de maintenir la presse d'information d'ici en santé et obtenir une intervention temporaire de l'État pour l'aider à poursuivre le virage numérique imposé par la multiplication des plateformes.
« Les membres de la Coalition demandent au gouvernement du Québec d'accorder « l'exception culturelle » à l'industrie de la presse d'information au Québec. Nos quotidiens et nos hebdos sont importants pour préserver la diversité des voix, enrichir le débat d'idées, et accompagner des communautés de lecteurs dans leur quotidien », affirme Brian Myles, porte-parole de la Coalition et directeur du Devoir.
« L'industrie vit une profonde remise en question de son modèle d'affaires. Il ne s'agit pas d'un problème de qualité de l'information dans nos journaux. Au cours des dernières années, nos médias ont tous connu une hausse de leur lectorat global, en raison de la multiplication des plateformes », affirme Claude Gagnon, co-porte-parole de la Coalition et président-directeur général de Groupe Capitales Médias.
Les membres de la Coalition unissent aujourd'hui leurs voix, car ils éprouvent tous les mêmes difficultés. Les revenus de l'industrie diminuent, entre autres en raison de l'exode des investissements publicitaires vers les médias sociaux, lesquels sont détenus par une poignée de géants américains. Les revenus publicitaires numériques représentent près de 878 millions de dollars au Québeciii, mais ils échappent en grande partie aux médias d'ici.
« Aujourd'hui, nous sommes contraints d'investir dans le développement de plateformes numériques, tout en gérant une profonde transformation de l'industrie. À l'ère du numérique, les distinctions entre médias écrits et électroniques ne tiennent plus. Nous sommes présents à l'écrit, sur Internet, sur les tablettes et les téléphones intelligents. Nous devrions avoir accès à des programmes semblables à ceux que reçoivent l'industrie cinématographique et l'industrie télévisuelle pour protéger les milliers d'emplois de qualité que nous fournissons à des gens d'ici », ajoute Brian Myles.
Afin d'aider la presse écrite à traverser cette période critique, la Coalition demande au gouvernement du Québec de mettre rapidement sur pieds un programme d'aide financière temporaire de cinq ans pour les journaux du Québec. Voici l'objet des demandes :
- Programme et/ou crédit d'impôt remboursable couvrant 40 % des coûts de production de l'information (salaire des journalistes, masse salariale liée à la mise en page du journal et frais de reportage).
- Programme et/ou crédit d'impôt remboursable couvrant 50 % des investissements numériques, à savoir l'acquisition et l'entretien de logiciels spécialisés, la création d'applications et la formation des usagers.
- Exemption de la contribution payable en argent en vertu de la Loi 88 qui oblige les journaux à participer au financement des coûts nets des services de collecte sélective municipale, une facture qui a augmenté de 1075 %iv depuis 2006.
- Abolition des taxes de vente pour les journaux vendus (TPS et TVQ).
- Augmentation significative du budget gouvernemental à l'égard des placements publicitaires dans les journaux québécois, qui ne reçoivent pas leur juste part des investissements publicitaires de l'État.
Tout le monde convient que les journaux, qu'ils soient quotidiens ou hebdomadaires, jouent un rôle rassembleur dans la vie des citoyens au sein des municipalités du Québec et des régions. Non seulement ont-ils joué pleinement ce rôle historiquement, mais encore aujourd'hui, beaucoup de ces médias écrits sont les derniers remparts contre l'isolement des communautés. Si l'on en consomme le contenu, c'est surtout pour s'informer, s'éduquer et se cultiver. Ce sont des véhicules de la liberté d'expression, des carrefours incontournables lors des débats publics, essentiels à la vitalité démocratique de leurs milieux de vie. Ce sont aussi des agents de progrès social et économique. À l'heure où le gouvernement du Québec révise sa politique culturelle, c'est le moment de reconnaître l'importance des journaux dans la chaîne de diffusion des contenus culturels, car ces médias mettent en contact le créateur avec son public.
Plusieurs pays du monde soutiennent leur presse écrite, car ils mesurent toute l'importance de ce média pour la pluralité et la diversité des idées en démocratie. La Finlande, la Norvège, la Suède, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis offrent tous des programmes d'aide à la presse écrite qui atteignent jusqu'à deux milliards de dollars annuellement.
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i Hebdos Québec regroupe 31 journaux hebdomadaires indépendants de langue française au Québec qui rejoignent toutes les semaines 1 493 000 lecteurs adultes.
ii 137 hebdomadaires et huit quotidiens incluant Métro.
iii Source : Guide annuel des médias Infopresse. Donnée pour l'année 2015.
iv Source : RecycleMédias. Entre 2006 et 2016, le taux imputé aux journaux est passé de 8$ à 94$ par tonne de papier journal mis en marché par les propriétaires de journaux.
SOURCE Hebdos Québec
Demandes d'entrevues: Brian Myles : (514) 262-2860, Directeur Le Devoir; Claude Gagnon : (418) 686-3352, Président-directeur général, Groupe Capitales Médias
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