L'industrie québécoise du ciment remet les pendules à l'heure quant à l'investissement gouvernemental d'un demi-milliard de dollars dans le projet de cimenterie de Port-Daniel-Gascons
Les membres de l'Association Canadienne du Ciment exigent du gouvernement qu'il rende publiques ses études économiques relatives au projet et qu'il soumette la nouvelle cimenterie au processus usuel d'analyses et de consultations environnementales
MONTRÉAL, le 19 févr. 2014 /CNW/ - L'Association Canadienne du Ciment (ACC) réagit aujourd'hui à des propos rapportés dans plusieurs médias relativement à la décision prise par le gouvernement du Québec et annoncée le 31 janvier dernier d'investir près d'un demi-milliard de dollars dans la nouvelle cimenterie McInnis à Port-Daniel-Gascons. L'ACC et ses membres réitèrent leur profonde inquiétude que cet investissement massif de fonds publics instaure des règles du jeu inéquitables pour les cimentiers et n'améliorera pas la prospérité économique globale de la province.
L'ACC rejette l'argument selon lequel la nouvelle cimenterie, dont la production serait destinée principalement à l'exportation vers le marché du nord-est des États-Unis, n'aurait pas d'incidence sur les autres cimentiers québécois puisque ces derniers exportent du ciment vers l'est des États-Unis depuis plusieurs décennies.
En réalité, l'industrie québécoise du ciment vit une situation de surcapacité, empirée par la récession. Depuis plusieurs années déjà, les cimentiers du Québec exploitent leurs installations à seulement 60 % de leur capacité de production annuelle, qui est de 3,7 millions de tonnes. L'an dernier, ils ont vendu 1,7 million de tonnes de ciment au Québec et en ont exporté 700 000 tonnes aux États-Unis. Il leur restait donc une capacité de production inutilisée de 1,3 million de tonnes. En plus, l'est des États de New York et la Pennsylvanie possédaient elles aussi une surcapacité de production de l'ordre de 600 000 tonnes.
Des prévisions économiques de la demande et de l'offre de ciment dans le nord-est de l'Amérique du Nord, préparées par deux économistes indépendants de premier plan, confirment que ce marché ne sera pas en mesure d'absorber une production additionnelle de ciment au plus tôt avant 2021, compte tenu de la capacité de production existante et de la lenteur de la reprise économique. Ce rapport a été déposé à la ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec le 22 janvier 2014, mais il semble que le gouvernement l'ait ignoré.
Qu'arrivera-t-il aux cimentiers québécois lorsque, grâce à un apport financier sans précédent du gouvernement, s'ajouteront les 2,2 millions de tonnes prévues par Ciment McInnis à la capacité déjà existante de 3,7 millions dans un marché déjà en surcapacité?
« C'est absurde et franchement insultant que le gouvernement et Ciment McInnis prétendent qu'une nouvelle usine qui ajoute une capacité de production dans un marché saturé n'aura aucune incidence sur les cimentiers établis au Québec », a déclaré Michael McSweeney, président et chef de la direction de l'ACC. « La construction de la nouvelle cimenterie ne fera que déplacer les perspectives économiques existantes d'une région du Québec à une autre. Cette délocalisation entraînera d'autres fermetures d'usines et d'autres mises à pied pour les employés actuels des quatre cimenteries situées à Joliette, à Grenville-sur-la-Rouge, à Saint-Constant et à Saint-Basile, en plus d'affecter inévitablement les centaines d'entreprises et les milliers d'autres travailleurs liés indirectement à cette industrie. »
L'ACC vigoureusement rejette aussi les arguments selon lesquels la nouvelle cimenterie de Port-Daniel- Gascons serait plus écologique. Les cimenteries établies au Québec se font un devoir de respecter les normes environnementales rigoureuses de la province. « Nos cimentiers ont consenti d'importants investissements dans des initiatives telles que l'utilisation de combustibles alternatifs à faible teneur en carbone afin de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles et leur empreinte environnementale », a ajouté M. McSweeney. « Étant donné l'envergure de la nouvelle cimenterie, il ne fait aucun doute que le gouvernement devrait soumettre ce projet au processus complet usuel d'analyses et de consultations en matière environnementale (BAPE) comme le réclament les groupes environnementaux tels qu'Équiterre, AQLPA, Greenpeace et le Centre québécois du droit de l'environnement(CQDE). Toutes actions donnant l'impression que ces exigences seraient réduites afin d'accélérer la construction et le développement d'une nouvelle cimenterie seront perçues négativement par le public et pourraient avoir d'importantes conséquences négatives sur la réputation de l'ensemble de notre industrie, en plus d'être inéquitables pour les producteurs existants. »
Les cimentiers du Québec n'ont rien contre la venue d'un nouveau concurrent qui assumerait tous les risques associés à un tel investissement. Ils sont toutefois vivement opposés au financement sans précédent accordé par le gouvernement du Québec pour cette nouvelle cimenterie, ce qui vient fausser les règles de la libre entreprise. Les membres de l'Association Canadienne du Ciment exhortent le gouvernement à rendre public ses propres études économiques sur le projet et à soumettre la nouvelle usine au processus complet usuel d'analyses et de consultations environnementales.
À propos de l'Association Canadienne du Ciment
L'Association Canadienne du Ciment est la voix de l'industrie canadienne du ciment, un contributeur significatif à l'économie et aux infrastructures du pays. L'industrie fournit un approvisionnement domestique fiable en ciment, qui est requis pour construire les infrastructures du Canada. Les membres de l'ACC fabriquent du ciment et des produits de béton dans le respect de l'environnement. Au Québec, les membres de l'ACC sont: Ciment Québec, Colacem Canada, Holcim Canada et Lafarge Canada.
SOURCE : Association canadienne du ciment
Michel Binette
Vice-président, affaires juridiques, publiques et gouvernementales
Association Canadienne du Ciment
T: 418.527.3973
Lyse Teasdale,
Directrice des communications Association Canadienne du Ciment
T 613.236.9471 poste 211
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