L'innovation en recherche universitaire : austérité et arrimage aux intérêts du secteur privé
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Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)17 nov, 2016, 05:00 ET
MONTRÉAL, le 17 nov. 2016 /CNW Telbec/ - Non seulement les coupes et compressions ont nui aux activités de recherche dans les universités, mais on assiste également à une priorisation en leur sein de la recherche liée à des intérêts économiques ou stratégiques au détriment de la recherche libre. C'est ce que démontre la dernière étude de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), qui dresse un portrait de l'état du financement de la recherche universitaire, tant au niveau provincial que fédéral.
Tout d'abord, le financement de la recherche universitaire a souffert d'un lent désengagement du gouvernement fédéral. « Bien que le gouvernement de Justin Trudeau ait permis de renverser en partie la tendance, les conseils de recherche du Canada ont encaissé une baisse de 8 % de leur financement depuis 2007-2008 », calcule Samuel Élie Lesage, chercheur-associé à l'IRIS et auteur de l'étude. On parle d'une diminution de 201 millions de dollars au total de 2007-2008 à 2015-2016. « Du côté du provincial, on note ce même type de désengagement : une baisse du financement de 4 % pour le Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC) et pour celui en santé (FRQS) entre 2007-2008 et 2015-2016. Cependant, ce sont les mesures d'austérité couplées à l'improvisation du gouvernement Couillard qui font le plus mal. En effet, si le financement du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologies (FRQNT) avait globalement augmenté dans les dernières années, il a été coupé de 26 % de 2014-2015 à 2015-2016 », affirme le chercheur.
Quels sont les effets concrets du désengagement et de l'austérité des gouvernements sur la recherche? « On remarque une baisse importante de l'accessibilité financière aux études ainsi qu'une diminution du nombre de projets de recherche financés. Par exemple, pour ce qui est de l'accessibilité, entre 2007-2008 et 2015-2016, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) a financé deux tiers (68 %) moins de maîtrises, un cinquième (19 %) moins de doctorats et un quart (25 %) moins de post-doctorats. En ce qui a trait au soutien à la recherche, le taux de réussite (le nombre d'octrois par rapport au nombre de demandes) est passé de 35 % en 2007-2008 à 24 % en 2015-2016 du côté du FRQSC au provincial.
En terminant, au désengagement s'ajoute une priorisation de la recherche liée à des intérêts stratégiques ou commerciaux au détriment de la recherche libre. « De 2007-2008 à 2015-2016, au CRSNG, on a vu une réduction du tiers (33 %) de la recherche fondamentale contre une augmentation du cinquième (19 %) de la recherche liée à l'industrie. Il en résulte que les deux types de recherche reçoivent presque le même niveau de financement cette année. En orientant le financement de cette façon, les gouvernements demandent de plus en plus aux universités de faire le travail des entreprises en assumant les coûts de recherche et développement à leur place. D'ailleurs, entre 2012 et 2015, le gouvernement provincial a investi près de 88 millions de dollars dans des entreprises servant uniquement à transformer les résultats de la recherche universitaire en innovations qui profitent aux entreprises », conclut le chercheur.
Financement de la recherche universitaire : austérité et arrimage aux intérêts du secteur privé est disponible gratuitement sur www.iris-recherche.qc.ca.
SOURCE Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS)
Gabrielle Brais Harvey, responsable aux communications, 438 862-6662, [email protected]
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