L'intimidation, l'affaire de tous! La FQDE rend public son mémoire sur le projet de loi no 56
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Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement (FQDE)27 mars, 2012, 17:00 ET
MONTRÉAL, le 27 mars 2012 /CNW Telbec/ - C'est aujourd'hui que la FQDE rend public son mémoire en réponse au projet de loi no 56 « Loi visant à lutter contre l'intimidation et la violence à l'école » à la Commission de la culture et de l'éducation de l'Assemblée nationale du Québec. Pour exposer une vision globale du projet de loi, il est proposé quatre grands axes déterminants dans l'analyse des modifications effectuées à la Loi sur l'instruction publique.
Le poids de l'intimidation, le fardeau de l'école
« C'est stupéfaits que nous constatons l'omission du caractère inclusif de l'ensemble des partenaires qui gravitent au sein et autour de l'école dans la lutte contre l'intimidation au Québec » affirme Chantal Longpré, présidente de la FQDE. Les directions doivent assumer leur part de responsabilités, tout comme chaque instance éducative; toutefois, elles doivent le faire en collaboration avec les acteurs entourant les élèves, c'est-à-dire parents, enseignants, personnel de l'école, camarades de classe.
L'intimidation sous tous ses travers
Le concept d'intimidation, tel que défini actuellement, renvoie à un spectre large qui englobe tout acte de violence à l'intérieur et à l'extérieur des murs de l'école qui, obligatoirement, devrait cibler l'ensemble de la collectivité et non pas uniquement les intervenants de l'école. L'intimidation laisse parfois dans les méandres des perceptions si bien qu'une action de moquerie pour l'un devient un acte d'intimidation pour l'autre. L'exactitude de la définition de l'intimidation devient alors primordiale, car tout acte d'intimidation est condamnable.
« Prévenir et contrer toute forme d'intimidation et de violence à l'endroit d'un élève, d'un enseignant et de tout autre membre du personnel de l'école », tel que stipulé à l'article 4, est non seulement essentiel, mais vital au bon fonctionnement d'une école et à la survie de la réussite scolaire. « Les directions d'école adhèrent corps et âme au principe de lutte contre l'intimidation, mais exhortent le gouvernement à les entendre dans leurs revendications pour octroyer les ressources nécessaires à sa concrétisation » déclare Chantal Longpré. Les nouveaux articles, tels que rédigés, sont trop prescriptifs et laissent trop peu de place à l'autonomie du directeur d'école et aux membres du personnel afin d'agir selon les besoins spécifiques d'une situation particulière. Combinés à une définition de l'intimidation trop large, ils auraient pour effet d'obliger l'équipe-école et particulièrement son directeur, à adhérer à une « procédure bureaucratique » sur l'intimidation plutôt que de lutter contre le phénomène de l'intimidation lui-même. Si la loi paraît nécessaire, ces responsabilités ne peuvent pas reposer sur le dos de l'école à elle seule. L'école se retrouve face à un dédoublement de production de rapports et des idées lancées dans un contexte de ressources déjà limitées. « Le projet de loi demande au directeur d'école d'enrayer un fléau, de venir à bout d'une problématique d'école sans lui donner le pouvoir d'agir dans l'école. D'un point de vue purement législatif, le projet de loi présente de bons objectifs nobles, mais il est actuellement muni de mauvaises stratégies bureaucratiques », soutient Chantal Longpré.
En 2008, Léger Marketing a mené, pour le compte de la FQDE, une étude auprès de la population sur le rôle des directeurs et directrices d'école. Les faits saillants nous apprenaient que « Plus des deux tiers des répondants (67,5 % sur 1 004 répondants) pensent que les directions d'école n'ont pas toutes les marges de manœuvre nécessaires pour faire de leur établissement une bonne école. ». Ensuite, « Pour une solution la plus appropriée, 96,2 % des personnes interrogées croient que la décision doit se prendre le plus près possible de l'élève ». Une enquête réalisée par la FQDE en octobre 2009 révélait que le directeur d'école consacre et ce, encore actuellement, 18 heures par semaine à assister à des réunions et à remplir de la paperasse. Sur une année scolaire, cela représente l'équivalent de trois mois et demi. À la lumière du projet de loi proposé, nous persistons à croire que l'élève intimidé aura le temps de graduer ou de décrocher avant que la bureaucratie confirme qu'il a bel et bien été intimidé. « Le gouvernement rend maintenant légalement obligatoire un plan qui a déjà couté 17 millions de dollars et qui n'a pas fonctionné par le passé. En le reconduisant sous forme de loi, il veut forcer les directions d'établissement à remplir de la paperasse. Dresser des rapports d'actes de violence sans moyen en retour et sous peine de sanctions en cas d'omission ne nous apparaît pas une solution concrète et concertée pour vaincre réellement l'intimidation en milieu scolaire. » ajoute Chantal Longpré. « La lutte contre l'intimidation ne se gagnera pas sans la lutte contre la bureaucratie et si le gouvernement semble commencer à s'en rendre compte, il faudra a son tour qu'il rende des comptes à la population afin d'éclaircir sa position. Veut-il que les directions d'école travaillent sur l'intimidation ou plutôt sur des formulaires sur l'intimidation? » s'interroge Chantal Longpré.
Pourquoi ne pas étendre notre vision à travers les travaux et recherches à l'échelle internationale? En alliant les recherches d'ici et en nous inspirant de celles d'ailleurs, nous pourrions nous appuyer sur des modèles qui ont fait leurs classes et dont la fiabilité n'est plus à démontrer. Nous entamerions un pas de plus vers l'amélioration de nos actions pour contrer les cas d'intimidation scolaire.
Vers des solutions concertées
Au premier plan, la direction d'école est à même de constater le film qui se déroule devant elle. L'intimidation est sur toutes les tribunes, sur toutes les chaînes et fait même figure de consensus social quant à sa lutte. Nous voulons tous la vaincre et ce, depuis toujours. L'école se voit affublée de tous les rôles et si les directions d'établissement demeurent seules responsables de la solution, elles ne pourront y parvenir sans soutien. « Ce projet de loi presse les directions d'établissement à agir, ce que nous faisons déjà, sans toutefois accorder plus de ressources humaines et financières », de dire Chantal Longpré.
Dans la demande excessive de compilation de situations d'intimidation et de violence, notre réflexion nous amène à proposer un angle nouveau encore jamais présenté. Si collectivement nous partagions des solutions éprouvées dans nos milieux depuis plusieurs années, des exemples de réussite, des projets novateurs, pour une fois la bureaucratie servirait la cause. Si le gouvernement considère cette loi inévitable, alors elle doit servir à démontrer que l'État assure un mieux-être collectif, qu'il responsabilise les écoles, qu'il conscientise la population sur la nécessité de se tourner vers des solutions concertées et surtout, il doit rappeler que l'intimidation est l'affaire de tous !
La FQDE est le principal organisme professionnel représentant plus de 2 200 directions d'établissement d'enseignement provenant de 22 associations régionales. La mission de la Fédération est de promouvoir le développement professionnel et l'excellence dans la direction des établissements d'enseignement au Québec et de défendre les droits des directions et directions adjointes d'établissement d'enseignement.
Julie Lussier, Directrice des communications, FQDE, 514.717.7511
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