Livre de Sébastien Proulx - Monsieur le Ministre, les profs n'ont pas le temps de lire votre livre
MONTRÉAL, le 27 févr. 2018 /CNW Telbec/ - À la suite de l'annonce de la parution du livre de Sébastien Proulx, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) indique au ministre de l'Éducation que les enseignantes et enseignants qu'elle représente n'auront pas le temps de lire son livre. Les conditions dans lesquelles le ministre Proulx les fait travailler ne le leur permettront pas. Ils ont des tâches beaucoup plus importantes et essentielles à accomplir pour assurer l'avenir des élèves du Québec.
Tout d'abord, un prof sur quatre n'aura pas le temps de le lire parce qu'il aura déserté la profession enseignante et parce qu'il devra se trouver un autre emploi ou retourner aux études afin d'exercer, dans quelques mois ou années, une autre profession. D'autres n'auront pas le temps de le lire, car ils seront en arrêt de travail, temporaire ou prolongé, pour épuisement professionnel en raison des méfaits de la gestion scolaire, et devront retrouver la santé. Certains profs aussi n'auront pas le temps de le lire, car ils devront remplacer d'urgence des collègues absents, puisque les listes de rappel des commissions scolaires sont vides et que la pénurie d'enseignantes et d'enseignants au Québec est sans précédent.
Nombreux seront les profs qui n'auront pas le temps de lire ce livre, car après leur journée de travail, ils devront planifier les contenus à enseigner le lendemain, préparer une activité qui « fera briller les yeux » de leurs élèves ou encore organiser une activité de récupération pour les élèves qui éprouvent des difficultés. Plusieurs profs devront aussi communiquer avec les parents, leur envoyer un courriel ou bien leur téléphoner, afin de discuter d'une situation particulière, comme un incident dans la cour d'école survenu l'avant-midi, et proposer des solutions.
Les profs, dont plus de la moitié des élèves ont un plan d'intervention, n'auront pas le temps non plus de lire ce livre. Régulièrement, après les heures de classe, ils devront se concerter avec les autres intervenants pour effectuer des suivis, demander davantage de services, préparer des rencontres avec des parents, évaluer l'efficacité des moyens identifiés, etc. Pour les élèves à risque qui n'ont pas encore été évalués et diagnostiqués, malgré des demandes répétées depuis le début de l'année, les profs consacreront aussi leur temps à faire des suivis auprès de la direction afin de s'enquérir des délais d'attente pour l'obtention de services.
Les profs n'auront pas le temps de lire ce livre, car ils sont débordés par toutes les tâches, parfois inutiles, qu'ils doivent accomplir : assister à de multiples comités, remplir des tonnes de formulaires, surveiller des corridors, coordonner des activités, etc.
Particulièrement en cette période de l'année, la plupart des enseignantes et enseignants n'auront pas le temps de lire ce livre, car ils procèdent à la remise du deuxième bulletin. En soirée, ils rencontreront les parents pour faire état du parcours scolaire de chacun de leurs élèves, qu'ils éprouvent des difficultés ou non. Vers la fin de l'année scolaire, les enseignantes et enseignants n'auront pas plus le temps de lire ce livre, car ils corrigeront, la fin de semaine, les (trop) nombreuses épreuves qu'ils doivent administrer à leurs élèves. Par la suite, nombreux seront ceux qui devront contrer la pression qu'ils subissent pour modifier les résultats de leurs élèves, quand cela ne sera pas fait à leur insu.
Par ailleurs, les profs n'auront pas le temps de lire ce livre, car ils doivent s'approprier les contenus des nouveaux apprentissages qui leur sont imposés, comme ceux d'éducation à la sexualité ou d'orientation scolaire et professionnelle. Plus précisément, à l'éducation des adultes et à la formation professionnelle, les profs sont débordés par l'implantation des nouveaux programmes. Malgré des demandes répétées, le ministre Proulx ne leur a pas accordé les délais nécessaires afin qu'ils s'approprient adéquatement les contenus et le ministère de l'Éducation ne leur a pas fourni le matériel et les outils nécessaires.
Les profs n'auront pas le temps de lire ce livre, car ils devront lire la plus récente recherche « probante » d'une cinquantaine de pages afin de renouveler leurs méthodes pédagogiques, ou bien ils devront lire le nouveau roman qu'ils aimeraient partager avec leurs élèves afin d'encourager les auteurs québécois.
Enfin, la FAE rappelle au ministre de l'Éducation, à quelques jours de la Journée internationale des femmes, que 73 % des membres qu'elle représente sont aussi des femmes, des conjointes, des mères, des sœurs et des aidantes naturelles qui ont subi plus que quiconque les coupes de son gouvernement dans les services publics et qu'elles doivent aussi concilier leur travail et leur vie familiale.
« Monsieur le Ministre, vous avez beaucoup promis aux enseignantes et enseignants du Québec, mais vous nous avez beaucoup déçus. Pour notre part, nous croyons fermement à l'importance de la lecture, mais l'été prochain, nous passerons nos premières semaines de vacances à nous remettre de notre année éprouvante et les dernières, à planifier la prochaine année », conclut M. Mallette.
La FAE regroupe huit syndicats qui représentent plus de 34 000 enseignantes et enseignants (le tiers du personnel enseignant au Québec) du préscolaire, du primaire, du secondaire, du milieu carcéral, de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes et le personnel scolaire des écoles Peter Hall et du Centre académique Fournier, ainsi que les 900 membres de l'Association de personnes retraitées de la FAE (APRFAE).
SOURCE Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
Marie-Josée Nantel, conseillère au Service des communications, au 514 603-2290 ou à [email protected]
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