Lobby provapotage recycle sondage défectueux pour demander aux chefs de partis de s'engager à ne pas abolir les saveurs dans le vapotage - une mesure cruciale pour empêcher l'industrie de contourner les restrictions provinciales
MONTRÉAL, le 16 avril 2025 /CNW/ - La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) dénonce la désinformation colportée de nouveau par la Coalition des droits de vapoteurs du Québec (CDVQ) qui se réfère à son vieux sondage défectueux pour influencer le débat électoral des chefs fédéraux ce soir, notamment pour que ces derniers d'opposent à l'interdiction des saveurs dans les produits de vapotage. Nombreux groupes de santé réclament cette mesure en vue de contrer la crise du vapotage chez les jeunes. Une interdiction fédérale des saveurs mettrait fin à la livraison par des commençants légaux (hors-Québec) de produits non conformes au Québec.
La CDVQ est un lobby qui a des liens étroits avec l'industrie du tabac et du vapotage. Comme il l'a fait en juin 2024, l'organisme se base sur un sondage Léger qu'elle a commandé pour alléguer que plus d'un tiers (36 %) des vapoteurs auraient soit recommencé à fumer (22 %), soit commencé à fumer (14 %) à la suite de l'entrée en vigueur de l'interdiction québécoise des saveurs en octobre 2023 dans les produits de vapotage.
Question principale problématique
D'emblée, la question au cœur du sondage est problématique. En effet, la question Q4 (« Depuis le 31 octobre dernier, date de l'entrée en vigueur de la loi interdisant les saveurs, avez-vous commencé ou recommencé à fumer la cigarette ? ») n'inclut pas la possibilité de répondre « je fumais déjà le 31 octobre dernier » mais uniquement : « j'ai commencé », « j'ai recommencé », « je songe à recommencer » ou « je n'ai pas refumé ».
Selon la Coalition, il s'agit d'une erreur méthodologique, la question ayant été posée à l'ensemble des 235 vapoteurs de l'échantillon pondéré (de 1 001 Québécois) qui comprend nécessairement les vapoteurs qui s'adonnaient aussi à la cigarette avant l'interdiction des saveurs (soit les « doubles usagers »).
En fait, les doubles usagers représentent généralement plus du tiers des vapoteurs selon plusieurs enquêtes. En 2022-2023 par exemple, le pourcentage de vapoteurs canadiens qui étaient de doubles usagers était près de la moitié (page 55).
Migration vers le tabagisme : phénomène existant
Outre l'invalidité de la question au cœur du sondage Léger, « ce que le sondage ne montre pas et que la Coalition des droits des vapoteurs passe sous silence, c'est le fait que la migration vers le tabagisme chez les vapoteurs est un phénomène documenté depuis longtemps qui s'effectue indépendamment des règlements, qu'il s'agisse d'ex-fumeurs qui font une rechute ou de jeunes qui s'initient au tabagisme, » dénonce Flory Doucas, codirectrice et porte-parole de la CQCT.
En effet, d'autres enquêtes comme celles réalisées pour le compte de Santé Canada (bien avant le règlement québécois) montrent que des proportions similaires de vapoteurs non-fumeurs (ex-fumeurs ou personnes n'ayant jamais fumé) finissent par fumer. Par exemple, une enquête d'Environics Research montre qu'à l'échelle du pays, un peu moins du tiers (31 %) des vapoteurs non-fumeurs sont devenus fumeurs entre 2019 et 2020, y compris 35 % des personnes n'ayant jamais fumé et 26 % d'anciens fumeurs. Une deuxième enquête indique que le tiers (33 %) des vapoteurs non-fumeurs sont devenus fumeurs entre 2019 et 2021 (tableau 44).
Outre les rechutes vers le tabagisme et le double usage, l'adoption du tabagisme parmi les vapoteurs n'est pas surprenante dans le contexte où une multitude d'études démontrent que le vapotage constituait une rampe vers le tabagisme chez les jeunes et que le taux de vapotage est beaucoup plus élevé chez les plus jeunes (12 à 24 ans) comparativement aux adultes (25 ans et plus). De plus, les jeunes sont beaucoup plus enclins à commencer à fumer que les adultes.
Mêmes tactiques que celles utilisées par l'industrie du tabac
« La Coalition des droits de vapoteurs du Québec emprunte les mêmes tactiques que celles utilisées par l'industrie du tabac pour la propagation du tabagisme, soit l'usage de données trompeuses afin de jeter le blâme sur une mesure de santé, » remarque la porte-parole.
Dans tous les cas, « l'argument comme quoi l'interdiction des saveurs aurait poussé une importante proportion de vapoteurs vers le tabagisme ne tient pas la route, puisque l'interdiction n'est généralement pas respectée et les saveurs demeurent facilement accessibles, » explique la porte-parole. Même le sondage Léger fait état de la proportion considérable de vapoteurs (60 %) qui continuent de s'approvisionner en produits de vapotage aux saveurs interdites, par exemple dans les boutiques, les dépanneurs et en ligne.
« Il est encore plus farfelu de penser que les vapoteurs qui se languissent de leurs saveurs chercheraient à remplacer leurs vapoteuses par des cigarettes alors que les cigarettes ne sont pas plus aromatisées ! » précise Mme Doucas. Cet argument s'ajoute à la série d'arguments absurdes de la CDVQ qui sont contredits par la recherche la plus récente et les données probantes.
Intérêts cachés
« Le commerce des produits de vapotage est lucratif et c'est en partie cet argent qui finance les mouvements d'opposition et de mobilisation contre la réglementation plus sévère, que ce soit au niveau du Québec ou sur la scène fédérale, » ajoute Mme Doucas. En effet, « il importe de savoir que derrière la plupart des opposants à un encadrement plus sévère se cachent des intérêts commerciaux, et c'est aussi le cas pour la Coalition des droits des vapoteurs du Québec dont la porte-parole est, depuis longtemps, impliquée dans l'industrie du vapotage, » explique madame Doucas.
Voir ce communiqué en PDF qui inclut un graphique explicatif.
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac

Information : Flory Doucas (514.515-6780)
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