Nouvelle exposition
Du 18 juin 2021 au 12 février 2023
QUÉBEC, le 17 juin 2021 /CNW Telbec/ - L'art inuit fascine, interpelle. La richesse de cette culture millénaire sera célébrée d'une façon toute spéciale au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) du 18 juin 2021 au 12 février 2023, à travers l'œuvre d'un des plus grands sculpteurs inuits de sa génération, Manasie Akpaliapik.
Issu d'un terreau particulièrement fertile de la terre de Baffin au Nunavut, l'artiste a droit à une première monographie muséale, Manasie Akpaliapik. Univers inuit. La collection Raymond Brousseau, permettant aux visiteurs de faire un voyage inédit et passionnant en territoire nordique.
L'exposition propose un ensemble exceptionnel de 40 sculptures - créées entre 1997 et 2003 - constitué principalement à partir de la collection de Raymond Brousseau. Le grand collectionneur et marchand d'art inuit de Québec qui, en 2005, avec l'aide financière d'Hydro-Québec, a consenti au don de 2 635 œuvres au MNBAQ, faisant de cette collection l'une des plus remarquables au Canada, affectionnait particulièrement les sculptures de Manasie Akpaliapik.
« Manasie Akpaliapik nous propose des œuvres saisissantes où se côtoient tradition et contemporanéité. Les thèmes et la matérialité de son travail interpellent nos émotions et nos sens. Une rencontre forte avec un créateur d'exception. », de dire Jean-Luc Murray, directeur général du Musée national des beaux-arts du Québec.
La nature au cœur de la création d'Akpaliapik
« Il m'arrive parfois de ne pas pouvoir verbaliser ce que je vis, intérieurement. J'exprime alors ce que je ressens à travers mon art. »
- Manasie Akpaliapik
En parfaite symbiose avec la nature, l'artiste puise depuis plus de cinq décennies dans son environnement ancestral l'inspiration ainsi que les matériaux qui font jaillir de son imaginaire des œuvres uniques, étonnantes, voire d'une grande profondeur. Véritables objets de fascination - avec leurs symboles à la mythologie du Nord et l'exploitation multifacettes des éléments choisis - ses sculptures racontent l'histoire du peuple inuit et invitent à la réflexion en cette époque où les rapports entre l'homme, la nature et le climat interpellent au plus haut point.
Des sculptures d'une puissance inouïe
Manasie Akpaliapik. Univers inuit. La collection Raymond Brousseau aborde des thèmes aussi variés que captivants : Animaux, Talilayuq, déesse de la mer, Contes et légendes, L'Inuit et sa culture, Le Hibou sacré et Chamanisme. Des représentations de la faune, quelques légendes du Nord, du monde surnaturel, de la transmission du savoir et de l'environnement arctique, matérialisés en trois dimensions, constituent l'essentiel du corpus des œuvres exposées.
Parmi les œuvres phares de l'exposition, il faut mentionner La Peur de perdre sa culture (vers 2000), réalisée à partir d'os de baleine et de bois de caribou. Elle illustre de façon étonnante comment, après la Seconde Guerre mondiale, les autorités fédérales ont forcé les Inuits à adopter le style de vie de la population du Sud, les faisant ainsi passer du nomadisme à la sédentarisation. Leur mode de vie traditionnel leur a été systématiquement arraché et le christianisme imposé. Le chaman personnifié est déchiré en deux, devant les impacts dévastateurs sur sa communauté de cette nouvelle manière de vivre.
Une autre sculpture aborde une thématique bien connue de la mythologie inuite, celle de la légende de Talilayuq, ou Sedna : Talilayuq, déesse de la mer (2000) - constituée d'os de baleine, de bois de caribou, de pierre des champs et d'albâtre. L'œuvre relate une histoire transmise de génération en génération et raconte comment la déesse, moitié femme, moitié poisson, règne sur l'ensemble des animaux marins. Lorsqu'elle est en colère, Talilayuq retient les animaux marins dans ses cheveux et seule l'intervention du chaman peut l'apaiser et libérer la faune prisonnière.
Les œuvres Un Inuit songeant à l'univers (2000), Un jeune homme exposant fièrement le fait que ses connaissances proviennent des aînés et de ses ancêtres (1997) ainsi que Phoques (vers 2000), permettent également d'apprécier tout le savoir-faire d'Akpaliapik. D'abord sa façon unique d'amalgamer les différents matériaux - os de baleine, bois de caribou, corne de bœuf, albâtre ou stéatite du Brésil - et aussi d'apprécier toute la virtuosité de ce véritable orfèvre de la sculpture.
Un art qui s'est transformé au fil du temps
Les peuples des régions circumpolaires ont façonné la pierre et l'ivoire durant des millénaires. À partir du 16e siècle, les contacts entre les Inuits et les explorateurs ont stimulé les échanges. Ce n'est que depuis la première moitié du 20e siècle, alors que les populations nordiques nomades se sont sédentarisées et qu'elles ont dû trouver des moyens de subsistance, que se sont formé les premières coopératives et que les artistes se sont mis à la création d'estampes et de sculptures de grands formats expédiées vers le sud. Le parcours artistique d'Akpaliapik illustre parfaitement l'évolution de l'art inuit au fil du temps.
Un fabuleux voyage en territoire inuit
La scénographie de l'exposition rappelle les territoires nordiques, reproduisant la ligne d'horizon entre ciel et mer ou encore entre ciel et terre. Disposées dans un espace circulaire et éclairées de façon théâtrale, les sculptures de l'artiste baignent dans une atmosphère unique, où une subtile modulation de la lumière fait écho au cycle du soleil du cercle polaire. Créé sur mesure, le mobilier évoque la morphologie du relief arctique.
Explorations complémentaires
Outre la découverte des sculptures de l'artiste dans un espace inspiré, les visiteurs sont invités à une incursion dans le processus de création de Manasie Akpaliapik par le biais de deux espaces de médiation.
À l'entrée de la salle d'exposition, un récit, agrémenté d'une série de photographies, évoque les voyages annuels de l'artiste retournant dans sa région natale, à ᐃᒃᐱᐊᕐᔪᒃ, Ikpiarjuk (Arctic Bay), pour y recueillir des ossements de baleine échoués sur la plage, aidé des membres de sa famille et de sa communauté d'origine. Ces déplacements sur des milliers de kilomètres, dédiés à récolter sa matière de prédilection, semblent indissociables du travail créatif ensuite réalisé en atelier. On y découvre aussi que l'immense respect que l'artiste porte envers les animaux l'habite sans relâche, de la cueillette d'ossements échoués sur les plages du Nunavut jusqu'à la découverte du sujet qui émergera de chaque fragment de matière.
En conclusion de l'exposition, une alcôve accueille une sélection de photographies présentant les deux pôles géographiques qui caractérisent la pratique artistique de Manasie Akpaliapik : son atelier, situé au sud de l'Ontario, et sa région natale, dans l'arctique, où il retourne chaque année. À ces souvenirs visuels, s'ajoute une vertèbre de baleine - grâce à un prêt consenti par le Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins - permettant aux visiteurs de se familiariser avec ce matériau inusité.
Dans ce même espace, les visiteurs peuvent aussi visionner une vidéo, diffusée en continu, où Akpaliapik raconte son parcours de vie et son processus de création.
Manasie Akpaliapik, en bref
Manasie Akpaliapik est originaire de l'île de Baffin au Nunavut, plus précisément du village d'Ikpiarjuk (Arctic Bay), l'un des sites inuits situés le plus au nord du Grand Nord canadien. Il est né en 1955 au sein d'une petite communauté de chasseurs de phoques. Dès l'enfance, il s'adonne à la sculpture en observant des membres de sa famille, dont ses grands-parents et l'une de ses tantes. C'est à partir du début des années 1980 qu'il embrasse le métier de sculpteur de manière professionnelle. Et c'est dans le sud du Canada, plus précisément à Montréal et à Toronto, que va se révéler l'œuvre de cet observateur hors norme de la tradition orale, des valeurs morales, de la faune, du monde surnaturel et de l'environnement arctiques.
Taillées dans l'os de baleine, le bois de caribou ou encore dans l'ivoire de morse, les œuvres de ce virtuose de la sculpture sur pierre peuvent aussi être taillées de manière exceptionnelle dans la stéatite du Brésil, la dolomite ou encore le marbre. Les sculptures d'Akpaliapik ont un pouvoir attractif immense et suscitent d'ailleurs l'admiration dans les plus importantes collections muséales et privées du Canada, mais également des États-Unis et d'Europe.
Raymond Brousseau et
Manasie Akpaliapik, un lien unique
Le MNBAQ jouit d'une relation privilégiée avec le grand collectionneur et marchand d'art inuit de Québec Raymond Brousseau, et ce, depuis plusieurs années. Sa collection, l'une des plus prestigieuses au monde, a trouvé son écrin dans la salle Ilippunga du pavillon Pierre Lassonde où sont exposées quelques-unes des pièces les plus exceptionnelles. Parmi celles-ci, nous retrouvons La Maternité et Hommage aux animaux, deux sculptures majeures de Manasie Akpaliapik qui enchantent les visiteurs.
D'ailleurs, les liens qui unissent le collectionneur et l'artiste remontent à une quarantaine d'années et ils sont empreints d'une profonde admiration, d'un grand respect et d'une amitié sincère. Raymond Brousseau n'hésite pas à qualifier Manasie Akpaliapik de plus grand artiste inuit de tous les temps. En 2005, alors qu'est venu le temps de se séparer de sa collection, monsieur Brousseau a conservé 37 sculptures d'Akpaliapik que les visiteurs peuvent admirer dans l'exposition. Avec l'acquisition future de ces créations exceptionnelles, et grâce au don généreux consenti par le collectionneur, le Musée deviendra le dépositaire de la plus importante collection d'œuvres de Manasie Akpaliapik jamais constituée.
Les crédits
Manasie Akpaliapik. Univers inuit. La collection Raymond Brousseau, une exposition conçue par le Musée national des beaux-arts du Québec.
Direction
Annie GAUTHIER
Directrice des collections et des expositions, MNBAQ
Gestion
Pascal NORMANDIN
Chef du Service des expositions et de la conservation, MNBAQ
Yasmée Faucher
Chef du Service de la muséographie, MNBAQ
Catherine GAUMOND
Chef du Service des collections, MNBAQ
Commissariat
Daniel DROUIN
Conservateur de l'art ancien et responsable de la collection d'art inuit de 2005 à 2020, MNBAQ
Scénographie et graphisme
Marie-France Grondin
Designer, MNBAQ
Récit et rédaction des textes et cartels en salle
Manasie AKPALIAPIK
Annie AKPALIAPIK
Daniel DROUIN
Médiation
Delphine EGESBORG
Responsable de la médiation famille, MNBAQ
Le Musée national des beaux-arts du Québec est une société d'État subventionnée par le gouvernement du Québec.
Manasie Akpaliapik. Univers inuit. La collection Raymond Brousseau
Pavillon Gérard-Morisset du MNBAQ
Du 18 juin 2021 au 12 février 2023
SOURCE Musée national des beaux-arts du Québec
418 643-2150 ou 1 866 220-2150 / mnbaq.org
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