Manque de services professionnels dans les écoles du Saguenay - Des délais
d'attente de quelques mois à quelques années pour de nombreux élèves dans le
besoin
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FEDERATION DES PROFESSIONNELLES ET PROFESSIONNELS DE L'EDUCATION DU QUEBEC15 févr, 2010, 09:30 ET
SAGUENAY, QC, le 15 févr. /CNW Telbec/ - La situation du manque de ressources professionnelles dans les écoles des commissions scolaires des Rives-du-Saguenay et De La Jonquière atteint une telle importance que les délais d'attente pour les élèves ayant besoin d'aide peuvent varier de quelques mois à quelques années, sans compter que plusieurs ne recevront même jamais de service vu la rareté des effectifs.
Telle est l'une des importantes conclusions qui ressortent d'une vaste consultation menée par la Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ), dont le président, M. Jean Falardeau, a dévoilé aujourd'hui les résultats en compagnie de la présidente du Syndicat des professionnelles et professionnels de l'éducation du Saguenay (SPPES), Mme Agathe Bernard.
Prioriser les cas les plus urgents... et délaisser les autres
M. Jean Falardeau soutient que pour plusieurs catégories de professionnels de l'éducation, le personnel œuvrant dans les établissements scolaires de la région du Saguenay est insuffisant.
"Le constat est semblable tant à la Commission scolaire des Rives-du-Saguenay qu'à la Commission scolaire De La Jonquière. Le manque de professionnels jumelé au nombre élevé d'élèves ayant des besoins fait que l'on ne traite que les cas les plus graves, délaissant les autres, alors qu'il n'y a plus du tout de temps pour la prévention. De plus, pour ce qui est des élèves que nous réussissons à rencontrer, nous devrons ensuite nous restreindre à leur apporter une aide insuffisante et incomplète, faute de temps pour assurer un suivi adéquat", explique M. Falardeau.
Un personnel menacé par l'épuisement
Le président de la FPPE-CSQ ajoute que cette situation affecte sérieusement le personnel professionnel.
"Non seulement il manque de professionnelles et professionnels pour le nombre d'élèves sous leur responsabilité, mais plusieurs doivent également voyager d'une école à l'autre. Cela n'a aucun sens. Le personnel vit dans une situation de surcharge de travail et d'insatisfaction constante qui va jusqu'à entraîner l'épuisement professionnel chez plusieurs", mentionne M. Jean Falardeau.
Plusieurs catégories de professionnels touchées
Pour sa part, la présidente du SPPES, Mme Agathe Bernard, précise que l'insuffisance de personnel rejoint plusieurs catégories de professionnels, dont notamment les conseillères et conseillers d'orientation, les psychologues, les psychoéducatrices et psychoéducateurs, les orthophonistes, les animatrices et animateurs à la vie spirituelle et l'engagement communautaire, et les orthopédagogues.
"Plusieurs professionnels, dont particulièrement les orthophonistes, sont obligés de se comporter un peu comme des pompiers, c'est-à-dire qu'ils ont à peine le temps d'éteindre les feux, sans pouvoir faire plus. Dans ce contexte, il n'est pas rare qu'on se comporte avec un élève qui a des difficultés d'apprentissage comme s'il s'agissait d'un trouble de comportement, avec les conséquences négatives que cela a pour le jeune", rapporte Mme Bernard.
Une situation qui contribue au décrochage scolaire
La présidente du SPPES déplore que cette incapacité du personnel, faute de ressources suffisantes, à aider comme il se doit les élèves aggrave les choses.
"Il est évident que plus l'on tarde à aider un élève qui a un besoin, même s'il s'agit d'une difficulté légère, plus le problème prend de l'ampleur avec les conséquences que cela peut avoir sur les chances de réussite de l'élève à l'école. Nous pouvoir vouloir lutter contre le décrochage scolaire, mais aussi longtemps qu'il n'y aura pas de ressources professionnelles suffisantes à l'école pour aider les élèves, une partie de nos efforts restera inutile", constate Mme Bernard.
Un système scolaire à deux vitesses
Le président de la FPPE-CSQ et la présidente du SPPES regrettent également que face à cette situation, certains professionnels choisissent de quitter le secteur public de l'éducation pour aller travailler dans des milieux où les conditions de travail sont plus acceptables.
"C'est extrêmement malheureux et ce phénomène fait qu'il devient encore plus difficile d'attirer des professionnels pour remplacer les personnes parties. De plus, devant les longs délais d'attente pour les élèves ayant des besoins, il arrive également que certains parents se tournent vers le secteur privé pour obtenir des services. Nous voyons donc naître un système à deux vitesses. Un système où des élèves ne reçoivent pas l'aide dont ils ont besoin pour réussir, alors que d'autres, provenant de milieux plus aisés, ont droit à un soutien professionnel provenant du secteur privé. C'est un grave retour en arrière sur le plan éducatif comme social, accusent M. Falardeau et Mme Bernard.
M. Falardeau et Mme Bernard terminent en précisant que tous les élèves de la région du Saguenay, comme partout ailleurs au Québec, devraient avoir droit à des chances égales de réussite.
Profils
La CSQ représente quelque 170 000 membres, dont près de 100 000 dans le secteur public. Elle est l'organisation syndicale la plus importante en éducation au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.
La Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ) représente 20 syndicats regroupant 6000 membres répartis dans la quasi-totalité des commissions scolaires du Québec, francophones, anglophones, Crie et Kativik. Elle compte, parmi ses membres, différentes catégories de personnel, dans les secteurs administratif, pédagogique et les services directs aux élèves.
Renseignements: Claude Girard, Agent d'information CSQ, Cell.: (514) 237-4432, [email protected]
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